Le temps, ça se prend, écoutez-vous
Je n'ai jamais eu de vocation et n'ai jamais vraiment fait de choix d'orientation, si l'on retient que tout choix est un renoncement, et je ne voulais pas renoncer à quoi que ce soit.
"C'est bon, tu es sur orbite" : c'est ce que m'a dit mon père le jour où j'ai appris que j'intégrais Sciences Po. L'orbite, entendre la voie tracée vers une carrière intellectuellement riche, bien payée, l'apparat des intitulés, dans le fond, l'absence de risque. J'ai essayé, et j'ai été la première à ne pas comprendre pourquoi je ne m'y faisais pas et pourquoi j'en partais, sans plan B et alors que je n'avais même pas à me plaindre d'un supérieur insupportable ou d'une équipe difficile à vivre. Caprice d'adolescente attardée, peut-être, je me pose parfois encore la question. L'argent que je n'avais pas eu le temps de dépenser pendant mon début de carrière chronophage me permettrait d'y réfléchir quelque temps avant de trouver ma voie, me disais-je.
Plus de deux ans plus tard, je n'ai pas "trouvé ma voie". J'ai toutefois innové sur un point, puisque désormais, des voies, j'en élimine au fur et à mesure, et j'ai monté ma boîte. Je teste, j'expérimente, puis je conserve ou non.
"La voie", je n'y crois plus du tout. Pas davantage qu'en la belle carrière, puisqu'aucune à ma connaissance n'est linéaire : on perd un poste, par choix ou non, on en prend un autre, entre temps on se met à l'aquarelle ou au tricot et on part en vacances, et c'est reparti. On sous-estime beaucoup, avant le saut, à quel point il suffisait simplement de prendre une décision.
Il y a des contraintes, notamment financières, parfois de l'isolement, des périodes de doutes et d'incertitudes. Y en a-t-il vraiment moins dans ce qui est socialement reconnu comme une carrière exemplaire, ou sont-elles simplement différentes ?
Mon 16 Sep 2013 04:15:56 PM CEST - permalink -
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http://www.huffingtonpost.fr/aurelie-daniel/le-temps-ca-se-prend-ecou_b_3934443.html?utm_hp_ref=france-cest-la-vie&ir=France+C%27est+La+Vie