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  • Saturday 10 July 2021 - 17:56

    Récit de 3 jours de bikepacking pas toujours entre les gouttes à travers le Hainaut, le nord de la France et le Namurois

    Je tiens ma formation initiale et ma philosophie du bikepacking de Thierry Crouzet, auteur du livre « Une initiation au bikepacking » (dans lequel je fais un peu de figuration) : Partir en autonomie, mais le plus léger possible, éviter les routes à tout prix,préférer l’aventure et la découverte à la performance ou à la distance.

    Élève appliqué de Thierry, je me transforme en professeur pour initier mon filleul Loïc. Anecdote amusante : la différence d’âge entre Thierry et moi est la même qu’entre moi et Loïc. L’enseignement se propage, de génération en génération.

    Après plusieurs virées dans les magasins de camping et une très grosse sortie de préparation de 112km, rendez-vous est pris pour notre premier trip de bikepacking sur une trace que j’ai dessinée pour traverser la province du Hainaut du Nord au sud, couper à travers la France dans la région de Givet avant de remonter le Namurois.

    Jour 1 : le Hainaut sauvage, 103km, 1250d+

    Nous nous retrouvons le vendredi matin sur le Ravel de Genappe. Je suis en retard : je connais tellement ce parcours que j’étais persuadé qu’il faisait 10km. Mon compteur indique déjà 15km lorsque je trouve Loïc qui piaffe d’impatience.

    Le temps de me présenter sa config bikepack (il a notamment troqué le Camelbak sur le dos pour une ceinture porte-gourde) et nous voilà partis. À peine sorti des routes de Genappe et nous sommes confrontés à des chemins qui viennent de vivre deux mois de pluie quasi permanente. Cela signifie d’énormes flaques et une végétation plus qu’abondante. J’avais été témoin, sur mes sentiers habituels, de chemins se refermant complètement en trois ou quatre jours de beau temps après des semaines de pluie.

    De tout côté, nous sommes entourés par les ronces, les orties. Mes bras deviennent un véritable dictionnaire des différentes formes de piqures et de lacérations. Il y’a les pointues, les griffues, celles qui se boursouflent, celles qui grattent, celles qui saignent. Loïc se marre en m’entendant hurler. Car je suis de ceux qui hurlent avant d’avoir mal, un cri rauque à mi-chemin entre banzaï et le hurlement de douleur. Loïc, lui, préfère garder son énergie et souffre en silence.

    Le contournement des flaques s’avère parfois acrobatique et, moins agile que Loïc, je glisse sur un léger éperon de boue, les deux pieds et les fesses dans une énorme mare de gadoue.

    Le soleil nous aide à prendre l’essorage de chaussettes à la rigolade sous la caméra amusée de Loïc qui filme. Je ne le sais pas encore, mais l’eau sera le thème central de notre épopée.

    Nous dépassons enfin Fleurus pour traverser la banlieue de Charleroi par Chatelineau et Châtelet. À travers des rues peu engageantes qui serpentent entre des façades borgnes, nous suivons la trace qui s’engouffre sous un pont d’autoroute, nous conduit entre deux maisons pour nous faire déboucher soudainement sur de magnifiques sentiers à travers les champs. Comme si les habitants tenaient à cacher la beauté de leur région aux citadins et aux automobilistes.

    Après des kilomètres assez plats, le dénivelé se fait brusquement sentir. Nous atteignons les bois de Loverval pour continuer parmi la région boisée contournant Nalinnes. Si les paysages sont loin d’être époustouflants, la trace est un véritable plaisir, verte, physique et nous fait déboucher dans le chouette village de Thy-le-Château.

    Nous nous arrêtons pour un sandwich dans une boucherie. Le boucher nous explique sillonner la région en VTT électrique et est curieux de savoir quelle application nous utilisons pour nos itinéraires. Il note le nom « Komoot » sur un papier avant de s’offusquer lorsque je lui explique que nous nous relayons pour passer les commandes afin d’avoir toujours quelqu’un près des vélos.

    « On ne vole pas à Thy-le-Château ! » nous assène-t-il avec conviction. Le sandwich est délicieux et nous continuons à travers des montées et des descentes abruptes, inondées de flaques ou de torrents. Les passages difficiles se succèdent et j’ai le malheur de murmurer que je rêve d’un kilomètre tout plat sur une nationale.

    J’ai à peine terminé ma prière que mon mauvais génie m’exauce. Arrivant au pied de Walcourt, étrange village qui flanque une colline abrupte, la trace nous propose de suivre 500m d’une route nationale. Mais celle-ci se révèle incroyablement dangereuse. Une véritable autoroute ! Pour l’éviter, nous devrions remonter toute la pente que nous venons de descendre et faire une boucle de plusieurs kilomètres. Loïc propose de rouler le long de la nationale, derrière le rail de sécurité. « Ça se tente ! » me fait-il.

    Nous sommes de cette manière à plusieurs mètres des véhicules et protégés par la barrière. Cependant, ce terre-plein est envahi de ronces, d’orties et des détritus balancés par les automobilistes. Les 500m dans le hurlement des camions et des voitures lancées à vive allure sont très éprouvants. Moi qui suis parfois réveillé par l’autoroute à plus de 3km de mon domicile, je me dis qu’on sous-estime complètement la pollution sonore du transport automobile.

    Cette épreuve terminée, nous attaquons la dernière colline avant d’arriver aux Lacs de l’Eau d’Heure, objectif assumé pour notre première pause.

    Juste avant le barrage de la Plate Taille, nous bifurquons vers une zone de balade autour du lac. Nous nous planquons dans un petit bosquet où, malgré les panneaux d’interdiction, j’enfile un maillot pour profiter d’une eau délicieuse à 19°C. Sur la rive d’en face, je pointe l’endroit où Loïc a fait son baptême de plongée en ma compagnie.

    Le cuissard renfilé, je remonte sur ma selle et nous repartons. La trace nous conduit dans des petits sentiers qui longent la route du barrage. Nous arrivons sur le parking du spot de plongée où nous sommes censés retrouver la route, séparée de nous par une barrière fermée. Nous continuons un peu au hasard dans les bois avant de tomber sur le village de Cerfontaine.

    Nous quittons désormais la civilisation. Plusieurs kilomètres de sentiers escarpés nous attendent. Loïc voit passer un sanglier. Je vois plusieurs biches. La région est sauvage. Deux choses inquiètent Loïc. Le risque d’orage et la question de trouver à manger. Hein chef ?

    Heureusement, nous débouchons sur Mariembourg où une terrasse accueillante nous tend les bras au centre du village. Nous mangeons bercés par les cris de quelques villageois se préparant pour le match de foot du soir à grand renfort de canettes de bière.

    Nous étudions la trace, occupation principale d’un bikepacker en terrasse. J’avais prévu un zigzag à proximité de Couvin pour aller découvrir le canyon « Fondry des Chiens ». Étant donné l’heure avancée, je suggère de couper à travers la réserve naturelle de Dourbes.

    Nous sommes à peine sortis de Mariembourg que Loïc reconnait la gare. Nous sommes sur les terres où Roudou nous avait emmenés lors d’un mémorable week-end VTTnet en 2015.

    La réserve naturelle de Dourbes est tout sauf plate. Un régal de vététiste. Un peu moins avec près de 100bornes dans les pattes. Ça fait partie du bikepacking : parler de régal pour ce qui te fait pester au moment même.

    Nous arrivons sur les berges du Viroin. La trace nous fait monter vers le château de Haute-Roche, véritable nid d’aigle qui semble inaccessible. La pente est tellement abrupte qu’il faut escalader d’une main en tirant les vélos de l’autre. Loïc vient m’aider pour les derniers mètres.

    Les ruines de la tour moyenâgeuse se dressent devant nous. Après cet effort, Loïc décide qu’il a bien mérité de contempler la vue. Il contourne la tour par un étroit sentier qui nécessite même un mètre d’escalade sur le mur médiéval. J’hésite à le suivre puis me laisse gagner par son enthousiasme.

    Loïc a découvert une terrasse qui surplombe la vallée de manière majestueuse. Derrière nous, la tour, devant le vide et la vue. C’est magnifique.

    Loïc a soudain une idée : » Et si on plantait la tente ici ? »

    J’hésite. Nous sommes sur une propriété privée. L’à-pic n’est pas loin. Les sardines ne se planteront peut-être pas dans la terre fine de la terrasse. Mais je vois les yeux de Loïc pétiller. Je propose de tester de planter une sardine pour voir si c’est faisable. Loïc propose une manière de disposer les deux tentes sur la terrasse de manière à être le plus éloigné possible du trou. Nous finissons par retourner aux vélos, décrocher tous les sacs pour les amener sur notre terrasse. Il reste à faire passer les vélos eux-mêmes par le même chemin. C’est acrobatique, mais nous y arrivons et bénéficions d’un coucher de soleil sublime alors que nous montons nos tentes.

    J’utilise un peu d’eau de mon Camelbak pour improviser une douche rapide. Je tends mes fesses à toute la vallée. Vue pour vue, paysage pour paysage.

    De la vallée, les faibles cris nous informent que les Belges perdent le match de foot. Nous nous couchons à l’heure où les multiples camps scouts qui parsèment la vallée décident de se lancer dans des chants qui relèvent plus du cri permanent. Au bruit du matelas pneumatique, je devine que Loïc se retourne et ne trouve pas le sommeil.

    Jour 2 : la brousse française, 80km, 1500d+

    Les supporters et les scouts ont à peine achevé leur tintamarre que les coqs de la vallée prennent le relais. Il n’est pas encore 7h que j’émerge de ma tente. Loïc a très mal dormi et est abasourdi par l’humidité qui dégouline dans sa tente. J’espérais que l’altitude nous protégerait de l’humidité du Viroin, il n’empêche que tout est trempé. Mon Camelbak, mal fermé, s’est vidé dans mon sac de cadre qui, parfaitement étanche, m’offre le premier vélo avec piscine intérieure, comble du luxe.

    Heureusement, il fait relativement beau. J’avais prévenu Loïc de compter une grosse heure pour le remballage des affaires, surtout la première fois. Le fait de devoir repasser les vélos en sens inverse le long de la tour complique encore un peu plus la tâche. Nous pratiquons la philosophie « no trace » et Loïc en profite même pour ramasser des vieilles canettes. Au final, il nous faut plus d’1h30 pour être enfin prêts à pédaler. Nous traversons les bois, descendons le long d’une route où nous aidons un scout flamand un peu perdu à s’orienter avant d’accomplir la courte, mais superbe escalade des canons de Vierves. Escalade que nous avions accomplie en 2015 avec Roudou et sa bande sans que j’en aie le moindre souvenir. En pensée, Loïc et moi envoyons nos amitiés et nos souvenirs aux copains de VTTnet.

    La trace nous fait ensuite longer la route par un single escarpé avant de nous conduire à Treignes où nous déjeunons sur le parking d’un Louis Delhaize. Je constate que la trace fait un gros détour pour éviter 3km de route et nous fais escalader un énorme mamelon pour en redescendre un peu plus loin en France. La route étant peu fréquentée, je propose d’avancer par la route pour gagner du temps. L’avenir devait révéler ce choix fort judicieux.

    Une fois en France, je m’arrange pour repiquer vers la trace. Nous faisons une belle escalade en direction du fort romain du Mont Vireux. Comme le fort en lui-même est au bout d’un long cul-de-sac, nous décidons de ne pas le visiter et de descendre immédiatement sur Vireux où nous traversons la Meuse.

    Nous escaladons la ville. Je m’arrête à la dernière maison avant la forêt pour me ravitailler en eau auprès d’habitants absolument charmants et un peu déçus de ne pas pouvoir faire plus pour moi que de me donner simplement de l’eau.

    Nous quittons désormais la civilisation pour nous enfoncer dans les plateaux au sud de Givet. Les chemins forestiers sont magnifiques, en montée permanente. Quelques panneaux indiquent une propriété privée. Nous croisons cependant un 4×4 dont le conducteur nous fait un signe amical qui me rassure sur le fait que le chemin soit public. Mais, au détour d’un sentier, une grande maison se dresse, absurde en un endroit aussi reculé. La trace la contourne et nous fait arriver devant une barrière un peu bringuebalante. Je me dis que nous sommes sur le terrain de la maison, qu’il faut en sortir. Nous passons donc la barrière, prenant soin de la refermer, et continuons une escalade splendide et très physique.

    Au détour d’un tournant, je tombe sur une harde de sangliers. Plusieurs adultes protègent une quinzaine de marcassins. Les adultes hésitent en me voyant arriver. L’un me fait face avant de changer d’avis et emmener toute la troupe dans la forêt où je les vois détaler. Loïc arrive un peu après et nous continuons pour tomber sur une harde d’un autre type : des humains. Un patriarche semble faire découvrir le domaine à quelques adultes et une flopée d’enfants autour d’un pick-up. Il nous arrête d’un air autoritaire et nous demande ce que nous faisons sur cette propriété privée.

    Je lui explique ma méprise à la barrière et la trace GPS en toute sincérité. Il accepte avec bonne grâce mes explications et tente de nous indiquer un chemin qui nous conviendrait. Je promets de tenter de marquer le chemin comme privé sur Komoot (sans réfléchir au fait que c’est en fait sur OpenStreetMap qu’il faut le marquer et que je n’ai pas encore réussi à le faire). Finalement, il nous indique la barrière la plus proche pour sortir du domaine qui se révèle être exactement le chemin indiqué par notre trace. Nous recroisons la harde de sangliers et de marcassins.

    Nous escaladons la barrière en remarquant l’immensité de la propriété privée que nous avons traversée et sommes enfin sur un chemin public qui continue sur un plateau avant de foncer vers le creux qui nous sépare de la Pointe de Givet, Pointe que nous devons escalader à travers un single beaucoup trop humide et trop gras pour mes pneus. J’en suis réduit à pousser mon vélo en regardant Loïc escalader comme un chamois. Au cours du périple, les descentes et les montées trop grasses seront souvent à la limite du petit torrent de montagne. Une nouvelle discipline est née : le bikepack-canyoning.

    Le sommet nous accueille sous forme de vastes plaines de hautes graminées où le chemin semble se perdre. La trace descend dans une gorge sensée déboucher sur la banlieue est de Givet. Mais la zone a été récemment déboisée. Nous descendons au milieu des cadavres de troncs et de branches dans un paysage d’apocalypse sylvestre. La zone déboisée s’arrête nette face à un mur infranchissable de ronces et de buissons. La route n’est qu’à 200m d’après le GPS, mais ces 200m semblent infranchissables. Nous remontons péniblement à travers les bois pour tenter de trouver un contournement.

    Loïc fait remarquer que le paysage ressemble à une savane africaine. Nous roulons à l’aveuglette. Parfois, un souvenir de chemin semble nous indiquer une direction. Nous regagnons l’abri de quelques arbres avant de déboucher sur une vaste prairie de très hautes graminées, herbes et fleurs. Comme nous sommes beaucoup trop à l’ouest, je propose de piquer vers l’est. Une légère éclaircie dans un taillis nous permet de nous faufiler dans une pente boisée que je dévale sur les fesses, Loïc sur les pédales. Le pied de cette raide descente nous fait déboucher sur un champ de blé gigantesque. Du blé à perte de vue et aucun chemin, aucun dégagement. Nous nous résignons à la traverser en suivant des traces de tracteur afin de ne pas saccager les cultures. Les traces nous permettent de traverser le champ en largeur avant de s’éloigner vers l’ouest où la limite du champ n’est même pas visible.

    À travers une haie d’aubépines particulièrement touffue, nous apercevons une seconde prairie. Avec force hurlements de douleur et de rage, nous faisons traverser la haie à nos vélos avant de suivre le même passage. De la prairie de pâturage, il devient facile de regagner un chemin desservant l’arrière des jardins de quelques maisons.

    Après plusieurs heures de galère et très peu de kilomètres parcourus, nous regagnons enfin la civilisation. Loïc vient de faire son baptême de cet élément essentiel du bikepacking : l’azimut improvisé (autrement connu sous le nom de « On est complètement paumé ! »).

    On pourrait croire qu’avec les GPS et la cartographie moderne, se perdre est devenu impossible. Mais la réalité changeante et vivante de la nature s’accommode mal avec la fixité d’une carte. L’état d’esprit du bikepacker passera rapidement du « Trouver le chemin le plus engageant pour arriver à destination » à « Trouver un chemin pour arriver à destination » à « Trouver un chemin praticable » pour finir par un « Mon royaume pour trouver n’importe quoi qui me permet tout simplement de passer ». Après des passages ardus dans les ronces ou les aubépines, après avoir dévalé des pentes particulièrement raides, l’idée de faire demi-tour n’est même plus envisageable. Il faut lutter pour avancer, pour survivre.

    Un aphorisme me vient spontanément aux lèvres : « L’aventure commence lorsque tu as envie qu’elle s’arrête ».

    Nous pénétrons alors dans Givet par l’ouest alors que j’avais prévu d’éviter la ville. Nous avons faim, nous sommes fatigués et nous n’avons fait qu’une vingtaine de kilomètres. Loïc a du mal de se rendre compte du temps perdu.

    Sur une placette un peu glauque où se montent quelques maigres attractions foraines, nous enfilons un sandwich. Pour ma part, un sandwich que je viens d’acheter, mais pour Loïc, un sandwich particulièrement savoureux, car acheté le matin en Belgique et qui a fait toute l’aventure accroché au vélo. Se décrochant même avant une violente descente, emportant la veste de Loïc au passage et nécessitant une réescalade de la pente pour récupérer ses biens.

    Hors de Givet, la nature reprend ses droits. Les montées boueuses succèdent aux singles envahis de flaques. Nous retrouvons la Belgique au détour d’un champ. Après quelques patelins typiquement namurois (les différences architecturales entre les bleds hennuyers, français et namurois me sautent aux yeux), nous enchainons de véritables montagnes russes jouant sur les berges de la Lesse.

    Alors que j’ai un excellent rythme, une pause impromptue s’impose, le lieu me subjuguant par la beauté un peu irréelle d’une petite cascade. Je m’arrête et m’offre un bain de pieds tandis que Loïc prend des photos. Une fois sortis des gorges de la Lesse, nous nous arrêtons pour étudier la situation.

    J’avais prévu un itinéraire initial de 330km, mais, Loïc devant être absolument rentré le 4 au soir, j’ai également concocté un itinéraire de secours de 270km pour le cas où nous aurions du retard. Les itinéraires divergeaient un peu après le retour en Belgique, l’un faisant une boucle par Rochefort, l’autre revenant en droite ligne vers Waterloo.

    Par le plus grand des hasards, je constate que je me suis arrêté littéralement au point de divergence. Étant donné le temps perdu le matin, il me semble beaucoup plus sage de prendre l’itinéraire court, au grand dam de Loïc, très motivé, mais très conscient de la deadline.

    Le seul problème est que mon itinéraire court ne passe par aucune ville digne de ce nom avant le lendemain, que je n’ai repéré aucun camping. Loïc me demande d’une petite voix inquiète si on va devoir se coucher le ventre vide. Parce qu’il y’aura aussi la question de trouver à manger. Hein chef ?

    Je propose d’aviser un peu plus loin. Sur le chemin, quelques moutons échappés de leur enclos me regardent méchamment. Le mâle dominant commence même à gratter du sabot. Je leur crie dessus en fonçant, ils s’écartent.

    Arrivés à un croisement, nous consultons les restaurants disponibles dans les quelques villages aux alentours. Un détour par Ciney me semble la seule solution pour s’assurer un restaurant ouvert. Nous sommes au milieu de nos hésitations lorsqu’un vététiste en plein effort s’arrête à notre hauteur. Tout en épongeant la sueur qui l’inonde, il nous propose son aide. Sa connaissance du lieu est bienvenue : il nous conseille d’aller à Spontin pour être sûrs d’avoir à manger puis d’aller dans un super camping au bord du Bocq. Par le plus grand des hasards, il est justement en train de flécher un parcours VTT qui passe tout prêt.

    Nous le remercions et nous mettons à suivre ses instructions et ses flèches. Un petit détour assez pittoresque qui nous fait passer dans des singles relativement techniques par moment. C’est vallonné et la journée commence à se faire sentir. Psychologiquement, l’idée d’être presque arrivés rend ces 15km particulièrement éprouvants. Après une grande descente nous débouchons sur un carrefour au milieu de Spontin, carrefour orné, ô miracle, d’une terrasse de restaurant. Nous nous installons sans hésiter. Je commande une panna cotta en entrée.

    Loïc est très inquiet à l’idée de ne pas avoir de place au camping recommandé par notre confrère. Le téléphone ne répond pas. De plus, ce camping est à une dizaine de kilomètres, dans un creux qu’il faudra escalader au matin. Alors que nous mangeons, j’aperçois derrière Loïc un panneau au carrefour qui indique un camping à seulement 2km. Un coup d’oeil sur la carte m’apprend que ce camping est à quelques centaines de mètres de notre trace. Je téléphone et le gérant me répond qu’il n’y a aucun souci de place.

    Après le repas, nous sautons sur nos montures pour gravir ces 2 derniers kilomètres, le camping étant sur une hauteur. Rasséréné par la certitude d’avoir un logement et le ventre plein, Loïc me lâche complètement dans la côte. Son enthousiasme est multiplié, car il reconnait le camping. C’est une constante de ce tour : alors que je cherche à lui faire découvrir des choses, il reconnait sans cesse les lieux et les paysages pour y être venu à l’une ou l’autre occasion. Parfois même avec moi.

    L’emplacement de camping est magnifique, aéré, calme avec une vue superbe. Par contre, les douches sont bouillantes sans possibilité de régler la température, les toilettes sont « à terrasse », sans planche ni papier. Je préfère encore chier dans les bois, mais la douche fait du bien.

    La nuit est ponctuée d’épisode de pluie. Je croise les doigts pour qu’il fasse sec au moment de remballer la tente. Je n’ai encore jamais remballé le matériel sous la pluie.

    Jour 3 : l’aquanamurois, 97km, 1200d+ 

    À 7h30, je commence à secouer la tente de Loïc. Je l’appelle. Pas un bruit. Je recommence, plus fort. Je secoue son auvent. J’espère qu’il est toujours vivant. À ma cinquième tentative, un léger grognement me répond : « Gnnn… »

    Loïc a dormi comme un bébé. Il émerge. Nous remballons paisiblement sous un grand soleil et faisons sécher les tentes.

    La grande inquiétude de la journée, ce sont les menaces d’orage. Jusqu’à présent, nous sommes littéralement passés entre les gouttes. Nous précédons les gros orages de quelques heures, roulant toujours dans des éclaircies.

    Sous un soleil très vite violent, nous nous échappons dans une série de petits singles envahis de végétation avant de commencer l’escalade pour sortir de Crupet. Nous escaladons un magnifique chemin à plus de 15%. Sur la gauche, la vue vers la vallée est absolument à couper le souffle avec des myriades de fleurs bleues au premier plan. À moins que ce ne soit la pente qui coupe le souffle. Des randonneurs nous encouragent, je suis incapable de répondre. Le sommet se profile au bord d’un camp scout. Après quelques centaines de mètres sur la route, un panneau indiquant une église médiévale attire mon attention. Cette fois-ci, c’est moi qui reconnais l’endroit ! Nous sommes à 1km du lieu de mon mariage. J’entraine Loïc dans un bref aller-retour pour envoyer une photo souvenir à mon épouse.

    À partir de là, je connais l’endroit pour y être venu de multiples fois à vélo. Après des traversées de champs, nous nous enfonçons dans les forêts du Namurois, forêts aux chemins dévastés par les orages et les torrents de boue. Au village de Sart-Bernard, j’interpelle un habitant pour savoir s’il y’a un magasin ou une boulangerie dans les environs. À sa réponse, je comprends que j’aurais pu tout aussi bien lui demander un complexe cinéma 15 salles, un parc d’attractions et un centre d’affaires.

    Nous nous enfonçons donc dans la forêt, zigzaguant entre les chemins privés, pour déboucher finalement sur Dave. Un kilomètre de nationale malheureusement incontournable nous permet d’aller traverser la Meuse sur une écluse juste au moment où celle-ci commence à se remplir pour laisser passer un bateau. Nous continuons le long du fleuve pour aller déguster une crêpe à Wépion. Le temps se couvre, mais reste sec.

    La crêpe engloutie, il est temps de sortir du lit de la Meuse. Ma trace passe par une côte que j’ai déjà eu le plaisir d’apprécier : le Fonds des Chênes. Jamais trop pentue ni technique, la côte est cependant très longue et se durcit vers la fin, alors même qu’on a l’impression de sortir du bois et d’arriver dans un quartier résidentiel.

    J’arrive au sommet lorsque les premières gouttes commencent à tomber. J’ai à peine le temps d’enfiler ma veste que le déluge est sur nous. Abrité sous un arbre, j’attends Loïc qui, je l’apprendrai après, a perdu beaucoup de temps en continuant tout droit dans une propriété privée.

    À partir de ce moment-là, nous allons rouler sous des trombes d’eau incessantes. À travers les bois, nous descendons sur Malonne dont nous escaladons le cimetière à travers des lacets dignes d’un col alpin. La trace traverse littéralement le cimetière au milieu des tombes. Loïc s’étonne. Je réponds que, au moins, on ne dérange personne. C’est ensuite la descente sur Seneffe avant de longer la Sambre.

    Lors de notre journée de préparation, nous sommes passés par là dans l’autre sens. Nous sommes en terrain connu, le côté exploration du bikepacking s’estompe pour laisser la place à la douleur psychologique du retour. Étant donné la pluie, je suis heureux de rentrer. Je n’ose imaginer installer une tente sous la pluie, renfiler des vêtements trempés le lendemain.

    Nous n’essayons même plus de contourner les flaques qui se sont, de toute façon, transformées en inévitables marigots. Nous roulons des mètres et des mètres avec de l’eau jusqu’aux moyeux, chaque coup de pédale remplissant les chaussures d’eau comme une noria.

    Loïc m’a plusieurs fois expliqué être motivé par la pluie. Sous la pluie, il pédale mieux. J’ai en effet observé qu’il supporte assez mal la chaleur alors que, pour moi, rien n’est aussi délectable que d’escalader un col en plein cagnard.

    Ses explications se confirment. Loïc fonce, escalade. J’ai de plus en plus de mal à le suivre. L’eau me mine, ma nouvelle selle me torture les fesses. Nous traversons Spy, les plaines de Ligny, probablement tout aussi inondées qu’en 1815 et le golf de Rigenée. La trace traverse le bois Pigeolet, mais je me souviens avoir été bloqué au château de Cocriamont lors d’une de mes aventures antérieures. J’impose un demi-tour et nous gagnons Sart-Dames-Avelines par la route.

    Alors que nous arrivons à Genappe, la pluie qui s’était déjà un peu calmée s’arrête tout à fait. Nous en profitons pour prendre un dernier verre en terrasse avant de nous dire au revoir. Nous avons le sentiment d’être à la maison.

    Il me reste néanmoins encore 15km à faire. 15km essentiellement de Ravel. Mes chaussures sont presque sèches, l’optimisme est de mise.

    C’est sans compter que le Ravel est inondé par endroit, traversé de coulées de boue. Certaines maisons se sont barricadées avec des sacs de sable. Des arbres arrachés rendent le passage compliqué. Alors que je traverse une flaque que je croyais étendue, mais peu profonde, le Ravel étant en théorie essentiellement plat, je m’enfonce jusqu’au moyeu. Je suis recouvert, ainsi que mon vélo et mes sacs, d’une boue jaune, grasse, épaisse et collante.

    Il était dit que je ne pouvais pas arriver sec à Louvain-la-Neuve…

    280km, près de 4000m de d+ et une expérience mémorable. Je suis enchanté d’avoir pu condenser en 3 jours toutes les expériences d’un trip de bikepacking : camping sauvage, heures perdues à pousser le vélo dans une brousse sans chemin, découragements suivis d’espoirs, pauses imprévues et terrasses délectables.

    Maintenant que Loïc a gouté aux joies du bikepacking « extreme », je n’ai qu’une envie : qu’on reparte pour explorer d’autres régions. J’ai une attirance toute spéciale pour les Fagnes… Par contre, cette expérience de la pluie me fait renoncer au rêve de parcourir l’Écosse en bikepacking.

    Alors qu’une Grande Traversée du Massif Central (GTMC pour les intimes) se profile avec Thierry, deux inquiétudes restent vives : mes fesses me font toujours autant souffrir (peut-être devrais-je passer le cap du tout suspendu) et je ne me sens pas psychologiquement armé pour affronter un bivouac sous la pluie.

    Mais, après tout, l’aventure ne commence-t-elle pas au moment où tu as envie qu’elle s’arrête ?

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander et partager mes livres est le meilleur moyen de me soutenir et de m’aider à diffuser mes idées !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Friday 25 June 2021 - 14:13

    Tentative d’analyse rationnelle et d’élargissement d’un débat émotionnel

    Le sujet du port du voile par les femmes musulmanes est un sujet récurrent et politicomédiatique un peu trop vendeur. Forcément, car tout le monde à son avis sur le sujet. Mon avis personnel ne me semble pas avoir plus de valeur que n’importe quel autre.

    Aussi ai-je envie d’aborder le sujet d’une manière que je n’ai que trop rarement vue : rationnellement et avec autant de rigueur logique que possible bien que n’étant, sensibilité humaine oblige, pas objectif. Le voile est en effet un exemple parfait pour illustrer le point de friction entre la liberté religieuse et la neutralité législative garante de cette liberté.

    Le dress code professionnel

    Il semble important de préciser que le débat ne porte pas sur l’interdiction du voile. Dans notre pays, le citoyen peut se vêtir comme bon il semble tant qu’une certaine pudeur est respectée. Chaque citoyen peut porter sur la tête le couvre-chef de son choix, le voile ne pose aucun problème sur la voie publique (je m’abstiendrai de parler du voile intégral, hors propos ici).

    La question réelle peut donc être formulée en ces termes : « Si un employeur refuse que ses employés portent un voile, est-ce de la discrimination ? ».

    Mise en contexte : les employeurs ont toujours disposé d’un droit de regard sur l’habillement de leurs employés. Depuis l’uniforme au port obligatoire de la cravate. Un voisin m’a un jour affirmé que jamais il n’accepterait un travail où on le forcerait de mettre une cravate. J’ai personnellement été une fois renvoyé chez moi pour me changer, car j’avais mis un bermuda, ce qui était interdit dans le règlement de travail (que je n’avais pas lu). Je fais pourtant partie de la sainte église du bermuda (2 membres en Belgique) pour laquelle le port du pantalon long entre mars et octobre est un blasphème.

    Pour l’anecdote, dans cette même entreprise de plusieurs centaines de personnes est un jour arrivée une nouvelle employée voilée. Personne n’a émis le moindre commentaire (le voile n’était pas interdit dans le règlement) excepté une collègue qui m’a expliqué être musulmane et opposée au voile, voile qui n’était selon elle ni musulman ni cité dans le coran.

    De même, dans le collège où j’ai fait mes études, le règlement stipulait strictement que les élèves étaient tenus d’être nu-tête à l’intérieur des bâtiments. J’ai été témoin de bon nombre de casquettes et chapeaux confisqués par les éducateurs.

    Lors d’une embauche ou de l’accès à un établissement public, ces obligations vestimentaires clairement stipulées n’ont jamais été assimilées à une discrimination. Un postulant est libre de refuser un emploi si les conditions de travail ne lui conviennent pas.

    Pourtant, le fait de devoir retirer le voile pour accéder à un travail ou à une école (chose que des milliers de musulmanes font quotidiennement, il faut le préciser, et qui serait acceptable selon les préceptes de l’Islam) est perçu par certaines comme une discrimination.

    Je ne vois que deux alternatives logiques.

    Soit le voile est un simple morceau de tissu vestimentaire, comme l’affirment certains, et il peut être retiré si nécessaire. J’abhorre la cravate, que j’associe à une laisse, mais je la passerai au cou si j’estime que les circonstances l’exigent.

    Soit le port du voile est l’expression d’une religiosité profonde ne permettant pas à une croyante de le retirer en public. Auquel cas, il est manifeste que la personne ne peut accéder à un poste où une certaine forme de neutralité est nécessaire. Les postes de représentation publique, par exemple, impliquent une neutralité jusque dans les détails de l’habillement. Un député ne peut pas porter un t-shirt avec un slogan.

    Il est important de souligner que les deux situations sont mutuellement exclusives. Soit le voile est un accessoire vestimentaire, auquel cas il peut-être retiré, soit il est le symbole d’une religiosité forte qui peut être considérée comme incompatible avec certaines fonctions, et cela à la discrétion de l’employeur.

    Dans les deux cas, remarquons qu’il apparait raisonnable pour un employeur de ne pas engager une personne qui refuse de retirer son voile sur son lieu de travail alors que l’employeur l’estime nécessaire. Il n’y a pas de discrimination sur la couleur de peau, l’origine sociale ou la religion de l’employé, mais simplement un choix de ce dernier de se conformer ou non au règlement de travail. Ce que les plaignantes appellent discrimination dans les affaires où le port du voile leur a été refusé n’est donc que le refus de l’octroi d’un privilège spécifique qui n’est disponible pour personne d’autre.

    L’exception religieuse

    À cette constatation, la réponse la plus courante est celle de « l’exception religieuse ». L’employeur peut obliger la cravate et interdire le bermuda, car ceux-ci ne sont pas religieux. Le voile bien.

    Cette exception est une véritable boîte de Pandore. Il est important de rappeler que la liberté de religion et de conscience garantie par l’article 18 des droits de l’homme porte sur toutes les religions, y compris les religions personnelles. Certains ont peut-être cru que je me moquais en parlant de l’église du bermuda, mais mon coreligionnaire (qui se reconnaitra), confirmera que notre foi est sincère et assortie de rituels (comme la photo du premier bermuda de l’année et l’expiation du port du pantalon long). Si l’état belge propose une liste de religions reconnues, c’est uniquement pour des motifs de financement. Chaque citoyen est libre de suivre les préceptes de la religion de son choix.

    L’exception religieuse, par sa simple existence, sépare le corpus législatif en deux types de lois.

    Les premières sont celles qui ne souffriront aucune exception religieuse. Si ma religion recommande la consommation de nouveau-nés au petit-déjeuner, l’exception religieuse sera difficilement recevable.

    Par contre, mutiler le sexe du même nouveau-né sans raison médicale est couvert par l’exception religieuse.

    Cette contradiction est visible dans tous les services communaux chargés d’établir nos cartes d’identité : il est en effet stipulé que la photo doit représenter le demandeur tête nue (point 8 du règlement), mais qu’en cas de motif religieux s’opposant à apparaitre tête nue sur nue sur la photo, ce point ne s’applique pas (point 10 du règlement).

    Extrait du règlement téléchargé sur le site du gouvernement en juin 2021

    Paradoxalement, la discrimination porte donc sur les personnes non religieuses. Celles-là ne peuvent pas porter de couvre-chef (et personne ne peut sourire, pourtant, ce serait joli une religion du sourire) sur leur photo d’identité ! La discrimination est bénigne et anecdotique, mais ouvre la porte à de dangereux précédents.

    C’est pour illustrer ce paradoxe que plusieurs pastafariens à travers le monde ont tenté, avec plus ou moins de succès, de figurer sur leur document d’identité avec une passoire sur la tête ou avec un chapeau de pirate.

    En Suède, face à la répression de la copie illicite de films et de musiques, le Kopimisme s’est mis en place. Selon cette religion, la vie nait de la copie d’information et tout acte de copie de l’information est sacré. En ce sens, les kopimistes ont exigé (et obtenu) une exemption religieuse leur permettant de copier tout document informatique sans être poursuivis. La loi « anti-piratage » fait donc partie, en Suède, de la deuxième catégorie des lois.

    Ici encore, la discrimination envers les non-religieux est flagrante. Doit-on créer une religion pour tester et contourner chaque loi ?

    Preuve est faite que l’exception religieuse est non seulement dangereuse, mais complètement inutile. Soit une loi ne peut accepter aucune exception religieuse (le meurtre par exemple), soit la loi n’a pas lieu d’être ou doit être retravaillée (vu qu’il est acceptable pour une frange arbitraire de citoyens de ne pas la respecter).

    Soit il est essentiel d’être nu-tête sur un document d’identité, soit ce n’est pas nécessaire.

    Soit un employeur peut imposer certaines règles vestimentaires à ses employés, soit il ne peut en imposer aucune. Toute tentative de compromis est, par essence, arbitraire et entrainera des débats émotionnels sans fin voire des violences.

    Comme le disait déjà Thomas Hobbes, cité par le philosophe et député François De Smet dans son livre « Deus Casino », il est impossible à un humain d’obéir simultanément à deux autorités, deux ensembles distincts de lois (sauf si, par miracle, elles sont temporairement compatibles). L’un des ensembles de loi doit donc être supérieur à l’autre. Si c’est la loi religieuse qui est supérieure, on est tout simplement dans le cas d’une théocratie, chose qui n’est possible que pour une seule religion.

    On peut tourner le problème dans tous les sens : la coexistence de plusieurs religions implique nécessairement la primauté des lois séculières sans distinction ni exception. Si une personne religieuse accomplit un rite qui enfreint une loi civile, elle doit être poursuivie comme après n’importe quelle infraction !

    Cette conclusion, bien que contre-intuitive, est primordiale : le seul garant d’une réelle liberté de pensée et de culte passe par un état qui affirme que tous les citoyens sont égaux, que la loi est identique pour tous et ne tolère aucune exception religieuse !

    L’expression de la croyance en une divinité et en la vérité d’un seul livre relève pour l’athée que je suis du blasphème et du non-respect envers les millions d’intellectuels qui ont fait progresser l’étendue du savoir humain. La religiosité m’offense profondément. Pour certaines femmes, le port du voile est une insulte aux féministes des décennies précédentes, un rappel permanent de la fragilité des récents et encore incomplets droits de la femme.

    La liberté de culte passe donc nécessairement par la liberté de blasphème et le droit à l’offense.

    Un combat politique à peine voilé

    Rationnellement et logiquement parlant, la question du port du voile au travail est donc très simple à trancher : soit un employeur n’a aucun droit sur l’habillement de ses employés, soit il peut en avoir. Fin du débat.

    Malheureusement, comme le souligne François De Smet, les religions instituées bénéficient d’une immunité contre l’irrationnel qui ne peut être justifiée par des arguments logiques. La religion est par essence irrationnelle, mais elle peut s’appuyer sur des arguments psychologiques, historiques, culturels ou politiques. Argument psychologique que j’ai intitulé « Le coût de la conviction ».

    https://ploum.net/le-cout-de-la-conviction/

    Le port du voile est souvent défendu par les traditionalistes comme un élément culturel et historique. Pourtant, en 1953 Nasser faisait exploser de rire son auditoire en ironisant sur l’impossibilité, n’en déplaise à une minorité, de forcer 10 millions d’Égyptiennes à porter le voile. Les photos de Téhéran dans les années 70 montrent également des femmes libérées, vêtues selon des normes modernes et se promenant en bikini au bord de la plage. Dans les années 90, je crois me souvenir qu’il était relativement rare de voir une femme voilée en Belgique, malgré plus de 30 ans d’immigration marocaine intense.

    S’il y’a bien une certitude, c’est que l’interdiction pour une musulmane de se départir de son voile ne faisait, jusqu’à un passé relativement récent, peu ou plus partie du patrimoine culturel et qu’il n’est donc clairement pas « historique ». À l’opposé, la fameuse danse du ventre, tradition égyptienne millénaire, est en passe de disparaitre du pays, illustrant l’hypocrisie de l’argument « défense de la culture et de la tradition ».

    La question qui est certainement la plus intéressante à se poser est donc : « Si ce n’est culturel, ni historique, ni rationnel, d’où vient cet engouement soudain pour le voile ? Qu’est-ce qui a fait apparaitre cette intransigeance récente qui pousse des femmes à refuser un emploi voire à attaquer l’employeur en justice plutôt que de retirer temporairement leur voile ou trouver un autre emploi ? ».

    Les réponses à cette question pourraient aller de « Les immigrées n’osaient pas ne pas le retirer et osent enfin s’affirmer » à « Il s’agit d’un effet de mode, une pression sociale ». Ne pouvant répondre par une analyse logique, je laisserai le sujet aux sociologues.

    À noter que dans un long billet très documenté, Marcel Sel propose une réponse essentiellement politique. Le port du voile ne serait pas une lutte pour les libertés individuelles, mais une volonté d’ingérence politique à peine voilée, si j’ose dire.

    http://blog.marcelsel.com/2021/06/20/oh-bro-2-en-nommant-ihsane-haouach-la-belgique-met-la-charia-avant-la-meuf/

    Le droit des femmes

    Pour les millions de femmes dans le monde victime d’une théocratie et qui mettent en péril leur intégrité pour avoir le droit… de ne pas porter le voile, le combat de quelques-unes pour avoir le droit de le porter doit sembler incroyablement absurde. Mais, dans la vie quotidienne, il me semble important de laisser de côté les considérations politiques. Quand bien même le voile serait, à large échelle, un instrument politique, la femme en face de vous est avant tout un être humain le plus souvent sincère dans ses convictions.

    Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, j’aimerais rappeler le droit inaliénable au respect. Dans certains quartiers, des femmes se font insulter et se sentent en insécurité, car elles ne sont pas voilées. Autre part, ce sont les femmes voilées qui sont victimes d’insultes racistes voire d’agressions. Dans les deux cas, les femmes et la dignité humaine sont perdantes.

    Quelles que soient leur religion et leur origine, beaucoup de femmes connaissent une insécurité permanente pour une raison unique : une culture machiste tolérée.

    https://ploum.net/la-moitie-du-monde-qui-vit-dans-la-peur/

    C’est là où, en tant qu’homme je peux agir. En surveillant mon comportement et celui de mes condisciples, en ne riant pas aux blagues sexistes, en sermonnant un camarade aux mains un peu trop baladeuses ou aux remarques trop sonores. En respectant totalement l’humaine qui est en face de moi, qu’elle se promène nue ou voilée de pied en cap.

    Et en me gardant de faire étalage de manière inappropriée de mes convictions philosophiques. On n’a pas besoin d’être d’accord pour s’entendre et se respecter.

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander et partager mes livres est le meilleur moyen de me soutenir et de m’aider à diffuser mes idées !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Wednesday 19 May 2021 - 12:37

    Le Titanic était réputé insubmersible. Il était composé de plusieurs compartiments étanches et pouvait flotter même si plusieurs de ces compartiments s’étaient remplis d’eau. Si le gigantesque navire avait foncé droit dans l’iceberg, il y’aurait eu un grand choc, un ou plusieurs compartiments ouverts, des dizaines de blessés suite au choc et un bateau immobilisé, mais en état de flotter. Malheureusement, une vigie a aperçu l’iceberg. Un peu trop tard. En voulant l’éviter, le navire l’a frôlé et a vu sa coque déchirée tout le long, ouvrant des voies d’eau dans chacun des compartiments étanches. Les passagers n’ont rien senti au moment même, mais la catastrophe reste emblématique plus d’un siècle plus tard.

    Que ce serait-il passé si, sur le bateau, s’était trouvé un groupe d’industriels voyageant en première classe et dont la spécialité était une hypothétique colle à réparer la coque des bateaux ? Qu’auraient répondu ces richissimes voyageurs voyant arriver à eux un commandant essoufflé et à l’uniforme débraillé, les suppliant de fournir la formule de leur produit pour sauver le navire ?

    La crise du réchauffement climatique nous le laissait présager, mais le débat sur l’ouverture des brevets sur les vaccins COVID nous en donne une réponse éclatante.

    Les riches industriels auraient simplement roulé de grands yeux en fustigeant l’idée qu’on puisse « piller leur propriété intellectuelle ». Et lorsque le commandant insistera en disant que le bateau coule, ils ricaneront en disant que ce ne sont que les 3e classes qui ont des voies d’eau. Au pire les 2e classes.

    Car l’ouverture des vaccins sur le COVID est essentielle. Sans cette ouverture et la possibilité de fabriquer leurs propres vaccins (ce qui est incroyablement simple avec les vaccins basés sur l’ARN messager), l’immense majorité des pays les plus pauvres ne verront pas une goutte de vaccin avant 2023. C’est une catastrophe pour ces populations qui, même en admettant que ce ne sont que des 3e classes, permettrait un véritable bouillon de culture d’où pourrait émerger des variants bien plus puissants et insensibles à nos vaccins actuels. Ne pas voir cela, c’est littéralement penser que les 3e classes vont couler, mais que le pont des 1res classes va continuer sa route comme par miracle.

    https://coronavirus.medium.com/manufacturing-mrna-vaccines-is-surprisingly-straightforward-despite-what-bill-gates-thinks-222cffb686ee

    Didier Pitet, l’homme qui a offert au monde la formule du gel hydroalcoolique dont l’aspect open source a été un atout indéniable dans la lutte contre cette épidémie, l’explique dans son livre « Vaincre les épidémies ». Lors de ses voyages, il a découvert des installations d’une ingéniosité extrême permettant de produire du gel hydroalcoolique dans des régions souffrant d’un grand manque d’infrastructure. Les produits manquants étaient remplacés par des équivalents disponibles tout en gardant voire en améliorant l’efficacité. Parce que, contrairement aux théories racistes qui percolent dans notre colonialisme industriel, ce n’est pas parce qu’une région a un grand déficit en infrastructure que ses habitants n’ont pas de cerveau. Malgré notre vision du monde fondée sur Tintin au Congo, li pti noir li pas complètement crétin et li fabriquer vaccins si li pas empêché par brevets de bwana blanc.

    S’il n’y avait que l’aspect humanitaire, la question d’ouverture des brevets COVID ne devrait même pas se poser. Rien que pour cela, tout personne s’opposant à l’ouverture des brevets dans le contexte actuel est un fou dangereux psychopathe.

    Mais il y’a pire : les brevets sont une vaste escroquerie mondiale qui a pris des proportions incroyables.

    Je vous ai expliqué ma propre expérience avec les brevets, expérience professionnelle durant laquelle on m’a enseigné à écrire un brevet en m’expliquant de but en blanc l’immoralité du système et la manière de l’exploiter.

    https://ploum.net/working-with-patents/

    Lors de son mandat, le parlementaire européen Christian Angstrom avait largement démontré que l’immense majorité des fonds permettant le développement d’un nouveau médicament étaient publics (de 90% à 99%). La grande majorité du travail de recherche et des travaux préliminaires nécessaires est accomplie dans les universités par des chercheurs payés par de l’argent public. L’industrie du médicament elle-même bénéficie de nombreuses subventions et d’abattements fiscaux.

    Au final, un fifrelin du coût final est issu de la firme elle-même, firme qui va obtenir un monopole sur cette recherche pendant 20 ans grâce au brevet. C’est le traditionnel credo financier « Mutualiser les risques, privatiser les profits ».

    N’oublions pas que dans l’esprit initial, le brevet est un monopole temporaire (c’était d’ailleurs le nom qu’on lui donnait à l’origine) en échange du fait qu’une invention soit rendue publique. C’est pour cela que le brevet explique l’invention : l’inventeur a 20 ans pour bénéficier de son monopole et s’engage à ce que l’invention devienne un bien public par la suite.

    Ce n’est évidemment pas du gout des industries qui ont trouvé une parade : étendre la durée des brevets en modifiant un produit ou en en sortant un nouveau juste avant l’expiration de l’ancien. Ces modifications sont le plus souvent cosmétiques.

    Pourquoi croyez-vous que les vaccins sont désormais mélangés en une seule et unique dose malgré les risques d’augmentation des effets secondaires ? Parce qu’il s’agit d’une manière simple de breveter un nouvel emballage pour des vaccins éprouvés qui, sans cela, ne coûterait littéralement plus rien. Et s’il y’a bien une chose que veut éviter l’industrie pharmaceutique, c’est que les gens soient en bonne santé pour pas cher.

    Pour résumer, l’industrie pharmaceutique vole littéralement l’argent public pour privatiser des bénéfices plantureux. Et ne peut imaginer remettre en question ses bénéfices alors que la survie de notre société est peut-être en jeu. Le fait qu’il s’agisse du vaccin COVID est d’autant plus ironique, car, depuis 14 mois, l’argent public a afflué sans restriction dans tous les laboratoires du monde. L’industrie pharmaceutique a été payée pour développer un produit garanti de trouver 8 milliards de clients et prétend aujourd’hui privatiser 100% des bénéfices. Dans le cas du vaccin AstraZeneca, l’ironie est encore plus mordante : il a été conçu de bout en bout par une équipe de scientifiques financés par l’argent public et qui souhaitait le rendre open source. La fondation Bill Gates, idéologiquement opposée à toute idée d’open source, a réussi à leur racheter la formule. Tous les scientifiques ne sont pas Didier Pitet.

    Un Didier Pitet qui affirme se faire encore régulièrement appeler « L’homme qui nous a fait perdre des milliards » par les représentants d’une industrie pharmaceutique qui ne digère toujours pas la mise open source du gel hydroalcoolique. Cela en dit long sur la mentalité du secteur. Toute possibilité de se soigner ou se protéger à moindre coût est perçue comme « de l’argent perdu ». C’est la pensée typique d’un monopole pour qui l’idée même de compétition est une intolérable agression que les amis politiques doivent bien vite juguler.

    On pourrait s’étonner que l’industrie pharmaceutique n’ouvre pas le brevet du vaccin sur le COVID juste pour redorer son blason, pour en faire une belle opération de relations publiques.

    Mais il y’a une raison pour laquelle la mise open source du vaccin AstraZeneca devait être empêchée à tout prix, une raison pour laquelle ce brevet ne peut pas, même temporairement, être ouvert.

    C’est que le monde comprendrait que ça fonctionne. Que, comme l’a démontré l’aventure du gel hydroalcoolique, ça fonctionne foutrement bien. Cela créerait un précédent. Car si on le fait pour le COVID, pourquoi ne pas le faire pour les médicaments pour le sida ? Pourquoi ne pas le faire sur l’insuline alors qu’aux États-Unis, des diabétiques meurent parce qu’ils ne peuvent simplement pas s’en acheter ? Pourquoi ne pas le faire pour…

    Vous imaginez le précédent ? Un monde où les résultats des recherches publiques sont open source ? Où les régions, même les plus pauvres, peuvent développer une indépendance sanitaire avec des chaînes logistiques locales et courtes ?

    Non, il faut que l’orchestre continue de jouer. Et tant pis pour les 3e classes. Tant pis pour les 2e classes. Tant pis pour les chaussettes des 1e classes. Le bateau est insubmersible, n’est-ce pas ?

    Les vaccins sont l’une des plus belles inventions humaines. N’en déplaise aux conspirationnistes, les vaccins sont la première cause d’augmentation de notre espérance de vie et de notre confort moderne. Je me ferai vacciner contre le COVID à la première occasion par souci de contribuer à une immunité collective (car le vaccin est un médicament altruiste, il ne fonctionne que si une majorité de gens l’utilise). Cela ne m’empêchera pas de pleurer le fait que ce progrès magnifique soit retenu en otage pour contribuer à l’une des plus grandes arnaques économique, idéologique et financière de ce siècle.

    Les antivaccins ont raison : il y’a bien un complot qui détruit notre santé et notre tissu social pour maximiser l’enrichissement d’une minorité de monopoles dirigés par des psychopathes à qui des politiciens véreux servent la soupe en se vautrant dans une fange d’immoralité hypocrite.

    Mais ce ne sont pas les vaccins eux-mêmes la base du complot, ce sont tout simplement les brevets et les monopoles industriels.

    Photo by Ivan Diaz on Unsplash

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir et de m’aider à diffuser mes idées !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Saturday 15 May 2021 - 17:27

    Ou les tribulations d’un auteur bibliophile qui souhaite faire du commerce local de proximité en payant en cryptomonnaies.

    Dans ce billet, je vous raconte ma vie de bibliophile, je râle un peu sur les monopoles du monde du livre, je pleure sur la disparition programmée d’un bouquiniste local, je fais la promotion d’Alternalivre, nouvelle plateforme de vente de livres peu ou mal distribués et je vous parle de Print@Home, concept futuriste du livre « téléchargé et imprimé à la maison ». À la fin du billet, vous aurez l’opportunité de commander des livres de mon éditeur pour le tiers ou la moitié du prix normal, selon le cours du Bitcoin. Qu’est-ce que le Bitcoin vient faire dans tout ça ? Mystère !

    On entend souvent qu’Amazon ou Facebook ne sont pas des monopoles, car nous ne sommes pas forcés de les utiliser. Après tout, tout le monde peut commander ailleurs que sur Amazon et supprimer son compte Facebook.

    Que ce soit clair : si nous étions forcés d’utiliser Amazon ou Facebook, ce ne seraient plus des monopoles, mais des dictatures. Un monopole n’est pas une entreprise impossible à éviter, c’est une entreprise difficile à éviter. Pourquoi ai-je publié un billet annonçant mon retrait de LinkedIn en fanfare ? Parce que cela a été pour moi un choix difficile, un réel risque professionnel. Pourquoi suis-je encore sur Facebook ? Pourquoi est-ce que je passe encore par Amazon ?

    Tout simplement parce que c’est très difficile de l’éviter. Dernièrement, voulant éviter de passer par Amazon pour commander un produit particulier, j’ai réussi à trouver un fournisseur différent. Ma commande a nécessité la création d’un énième compte à travers un formulaire bugué qui m’a imposé de changer d’adresse email d’inscription (la première comportant un caractère non toléré par ce site particulier) en cours d’inscription et qui fait que mon compte est désormais inaccessible. Toutes mes données sont dans ce énième silo que je n’utiliserai plus jamais, sans compter les inscriptions non sollicitées à des newsletters. J’ai finalement reçu mon colis sans passer par Amazon, mais à quel prix !

    Autre exemple. Grâce à la recommandation d’un lecteur, j’ai voulu acheter le livre « Le Startupisme » d’Antoine Gouritin. Sur le site de l’éditeur, les frais de livraison s’élevaient à 10€. Mais étaient gratuits sur Amazon. Pour un livre à 20€, avouez que ça fait mal de payer 10€. Qu’auriez-vous fait à ma place ? Et je ne vous parle pas des livres en anglais, introuvables partout y compris sur Amazon.fr et que je commande… sur Amazon.de (allez comprendre !).

    Amazon est donc très difficile à contourner. C’est pourquoi j’apprécie quand les sites reconnaissent que je ne vais pas les utiliser tous les jours et cherchent à me rendre l’achat le plus simple possible, notamment en n’obligeant pas à la création d’un compte (fonctionnalité à laquelle travaille mon éditeur).

    Car, dès le début du projet d’édition de Printeurs, mon éditeur et moi sommes tombés d’accord sur le fait d’éviter Amazon autant que possible. Mais, dans l’édition du livre, il n’y a pas qu’Amazon qui abuse de sa position. Un acteur invisible contrôle le marché entre les éditeurs et les libraires : le distributeur.

    Mon roman Printeurs a reçu de bonnes critiques et commence a exister sur Babelio, Senscritique et Goodreads.

    https://www.babelio.com/livres/Ploum-Printeurs/1279338?id_edition=1509012

    Je suis extrêmement reconnaissant aux lecteurs qui prennent le temps de noter mes livres ou de mettre une critique, même brève. Il semble que certains lecteurs aient découvert Printeurs grâce à vous ! J’ai néanmoins un conflit moral à vous recommander d’alimenter ces plateformes propriétaires à visée monopolistique. Cela rend certaines critiques postées sur des blogs personnels encore plus savoureuses (surtout celle-là, merci Albédo !).

    https://albdoblog.com/2021/01/20/printeurs-ploum/

    Malgré cet accueil initial favorable et de bonnes ventes dans les librairies suisses, aucun distributeur belge ou français n’a été jusqu’à présent intéressé par distribuer le catalogue de mon éditeur. Les librairies, elles, ne souhaitent pas passer directement par les éditeurs.

    Pire : être dans un catalogue de distributeur n’offre pas toujours la garantie d’être trouvable en libraire. Du moins près de chez moi.

    Dans ma ville, riante cité universitaire et pôle intellectuel majeur du pays, il n’existe que deux librairies (!), faisant toutes deux partie de grandes chaines (Fnac et Furet du Nord). Bon, il y’a aussi mon dealer de bandes dessinées devant la vitrine duquel je me prosterne tous les jours et deux bouquineries d’occasion. Enfin, bientôt plus qu’une. La plus grande des deux (et la seule qui fait également de la BD de seconde main) va en effet disparaître, l’université, à travers son organisme de gestion immobilière, ayant donné son congé au gérant. Le gérant m’a fait observer qu’en rénovant la place des Wallons (où est située la bouquinerie), les ouvriers ont installé devant chez lui des emplacements pour parasols. Il semble donc qu’il soit prévu de longue date de remplacer la bouquinerie par un commerce alimentaire. Une pétition a été mise en place pour sauver la bouquinerie.

    https://www.change.org/p/soutien-au-bouquiniste-de-lln

    Mais le gérant n’y croit plus. Il a commencé à mettre son stock en caisse, les larmes plein les yeux, ne sachant pas encore où aller ni que faire, espérant revenir. Deux librairies et bientôt une seule et minuscule bouquinerie pour toute une cité universitaire. Mais plusieurs dizaines de magasins de loques hors de prix cousues dans des caves par des enfants asiatiques. Heureusement qu’il reste mon temple bédéphile, mais je commence à m’en méfier : les vendeurs m’y appellent désormais par mon nom avec obséquiosité, déroulent un tapis rouge à mon arrivée dans la boutique, m’offrent boissons et mignardises en me vantant les dernières nouveautés et en me félicitant de mes choix. Lorsqu’un vendeur débutant ne me reconnait pas, l’autre lui montre sur l’écran ma carte de fidélité ce qui entraine un mouvement machinal de la main et un sifflement. Je ne sais pas trop comment interpréter ces signes…

    Mais trêve de digression sentimentalo-locale, abandonnons les moutons de l’Esplanade (le centre commercial climatisé du cru qui tond lesdits ovins pour remplacer leur laine par les loques suscitées) pour revenir aux nôtres.

    Souhaitant acquérir le roman Ecce Homo de l’autrice Ingid Aubry, j’ai découvert qu’il était affiché sur le site du Furet du Nord. Je me suis donc rendu dans l’enseigne de ma ville et j’ai demandé à une libraire de faction de le commander. Malgré son empressement sincère, elle n’a jamais trouvé le livre dans ses bases de données. Déjà, le fait qu’elle ait dû regarder dans pas moins de trois bases de données différentes (avec des interfaces très disparates) m’a semblé absurde. Mais le résultat a été sans appel : le livre, pourtant référencé sur le site de la librairie, était incommandable. (livre pourtant distribué par le plus grand distributeur en francophonie, Hachette, quasi-monopole).

    https://ingridaubry.be/

    Ingrid a finalement fini par m’envoyer le livre par la poste. Son mari Jean-François m’a révélé qu’ils avaient tenté de créer, à deux reprises, une boutique Amazon pour vendre son livre en ligne à moindre prix (il est en effet disponible sur Amazon, mais avec des frais de livraison de… 40€ !). À chaque fois, leur compte a été suspendu. La raison ? Ils vendaient un livre déjà listé sur Amazon. Le livre d’Ingrid est donc littéralement impossible à acheter à un prix décent !

    Ingrid et son mari ont pris le problème à bras le corps et lancé leur propre plateforme de vente de livres. Une plateforme dédiée aux livres peu ou mal diffusés. Alternalivre.

    https://alternalivre.be/

    Je loue cette initiative en cruel manque de visibilité, étant coincé entre Fnac, Furet du Nord et Amazon pour assouvir ma bibliophilie compulsive (et je déteste acheter mes livres au milieu des tout nouveaux téléviseurs en promotion, ce qui exclut la Fnac). Mon éditeur s’est empressé de rendre Printeurs et toute la collection Ludomire disponible sur Alternalivre (ce qui devrait diminuer les frais d’expédition pour les Français et les Belges). Vous y trouverez également mon livre pour enfant, « Les aventures d’Aristide, le lapin cosmonaute ». Tout en espérant être un jour disponible au Furet du Nord (parce que, de mon expérience, les libraires y sont sympas, compétents et cultivés) voir, honneur suprême, chez Slumberland (qui fait aussi dans le roman de genre, mais je travaille à des scénarios de BD rien que pour être dans leurs rayons).

    https://shop.alternalivre.be/fr/romans/printeurs

    https://shop.alternalivre.be/fr/jeunesse/les-aventures-daristide-le-lapin-cosmonaute

    Écrire un livre et le faire éditer et convaincre les lecteurs de l’acheter n’est donc pas tout. Encore faut-il que ce soit possible pour les lecteurs de l’acquérir. Dans Printeurs, je poussais à l’extrême le concept d’impression 3D jusqu’à inclure les êtres vivants. En 2012, Jaron Lanier imaginait l’impression locale des smartphones et autres gadgets dans son livre « Who owns the future? ». Pourrais-ton l’imaginer pour les livres, floutant de plus en plus la limite entre le livre électronique et le livre papier ?

    Oui, m’a répondu mon éditeur en reposant le manuscrit de Printeurs. Et on va l’inventer. Ce sera le Print@home, un concept financé par les contributeurs de la campagne Ulule Printeurs.

    Voici donc la première plateforme dédiée aux livres imprimables artisanalement. Cela ne vaut peut-être pas (encore?) une impression professionnelle, mais le concept peut ouvrir la voie à une nouvelle façon de diffuser les livres.

    https://printathome.cc/

    Et le tout, à prix libre bien sûr ! Les livres imprimables étant tous sous publiés sous une licence Creative Commons.

    Pour financer cette plateforme, mon éditeur a lancé une campagne de crowdfunding pour le moins originale, car totalement décentralisée. Au lieu de tourner sur le gigantesque serveur d’un acteur quasi monopolistique (comme Ulule), la campagne tourne sur un raspberry dans son bureau. Et au lieu de payer avec des monnaies centralisées, les paiements se font en bitcoins.

    http://crowdfund.printathome.cc/

    Là où ça devient intéressant pour vous, amis lecteurs, c’est que les tarifs en bitcoin sont calculés en faisant l’hypothèse qu’un bitcoin vaut 100.000€. Cela signifie que si le bitcoin est inférieur et vaut, par exemple, 40.000€, vous ne payez que 40% du prix réel des livres commandés. Et cela, y compris pour les livres papier !

    Si vous avez quelques centimes de bitcoins et que vous hésitiez à acheter une version papier de Printeurs, des exemplaires à offrir ou la collection complète Ludomire, c’est le moment !

    Tout cela sent bon le bricolage et l’expérimentation. Il y’aura des erreurs, des apprentissages. De cette imprécision typiquement humaine dont nous nous sentons inconsciemment privés par les algorithmes perfectionnés des monopoles centralisés. Bonne découverte !

    Photo by César Viteri on Unsplash

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir et de m’aider à diffuser mes idées !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Friday 30 April 2021 - 10:37

    Il est assez rare qu’un livre bouleverse votre représentation du monde. Ou mieux, qu’il éclaire votre compréhension dudit monde en reliant sous un modèle unique parfaitement théorisé toute une série d’intuitions que vous aviez dans des domaines forts différents.

    C’est exactement l’effet qu’a eu sur moi le livre Monopolized, de David Dayen, malheureusement pas encore traduit en français et que je n’ai pas réussi à obtenir à un prix décent en Europe (je me suis rabattu sur la version électronique pirate, la faute aux monopoles du livre).

    https://thenewpress.com/books/monopolized

    L’idée de David Dayen est de nous démontrer que la puissance économique (et donc politique) est de plus en plus concentrée dans un nombre de plus en plus restreint de mains au travers des monopoles et autres oligopoles, de nous expliquer pourquoi, historiquement et économiquement il en est ainsi, pourquoi c’est une mauvaise chose pour tous ceux qui ne sont pas à la tête d’un monopole et en quoi c’est une tendance « mécanique » : la monopolisation dans un domaine entraine l’apparition de monopoles dans les domaines connexes, ce qui fait boule de neige. Pour finir, David Dayen émet la thèse que seule la régulation politique peut enrayer les abus des monopoles (ce qu’elle faisait d’ailleurs à peu près bien jusque dans les années huitante).

    Ceux d’entre vous qui suivent ce blog connaissent mon intérêt pour les problématiques liées aux monopoles de haute technologie (Google, Facebook, Microsoft, etc.). Ma fascination pour Monopolized vient du fait que j’ai compris que mon combat se dirigeait contre une simple conséquence anecdotique d’un paradigme beaucoup plus large : la monopolisation.

    D’ailleurs, entre nous, pourquoi êtes-vous si nombreux à avoir l’intuition que « la financiarisation » de l’économie est une mauvaise chose alors qu’en soit, la finance voire même le trading ne sont que des échanges économiques entre adultes consentants ? À cause de la monopolisation de cette finance.

    Pourquoi y’a-t-il une telle défiance envers l’industrie pharmaceutique entrainant des comportements absurdes comme le refus de la vaccination ? À cause de la monopolisation.

    Pourquoi, quand je m’arrête dans une supérette ou une pompe à essence pour acheter un en-cas n’ai-je le choix qu’entre des dizaines de variations du même mauvais chocolat enrobé de mauvais sucre ? La monopolisation.

    La monopolisation jusque dans l’art. La planète écoute désormais une vingtaine de musiciens surpayés alors que des millions d’autres tout aussi talentueux ne gagnent pas un sous, tout bénéfice pour les producteurs.

    La tentation du monopole

    De tout temps, le monopole s’est imposé comme le meilleur moyen de générer des fortunes pharaoniques. Lorsque vous disposez d’un monopole pour un produit quelconque, vous bénéficiez d’une rente immuable tant que ce produit sera consommé. Et comment s’assurer que le produit restera consommé ? Tout simplement en rachetant les jeunes entreprises qui développent des alternatives ou, mieux, qui pourraient être en mesure de le faire.

    Un monopole peut augmenter les prix d’un produit à volonté pour maximiser ses rentes. Mais ce serait maladroit, car cela augmenterait d’autant les incitants économiques pour créer de la compétition. Il est donc préférable pour un monopole de garder le prix le plus bas possible pour empêcher toute compétition. Comment faire de la concurrence à Google ou Facebook alors que, pour l’utilisateur final, le produit semble gratuit ?

    Au lieu d’augmenter ses tarifs, un monopole va chercher à diminuer ses coûts. Premièrement en exploitant ses fournisseurs qui, généralement, n’ont pas le choix, car pas d’autres clients potentiels. C’est le monopsone, l’inverse du monopole : un marché avec un seul acheteur et beaucoup de vendeurs. Grâce à cet état de fait, le monopole peut augmenter ses marges tout en gardant les mains propres. Le sale travail d’exploitation des travailleurs est transféré à des fournisseurs voire aux travailleurs eux-mêmes, considérés comme indépendants. C’est le phénomène de « chickenization » bien connu aux États-Unis où les éleveurs de poulets sont obligés de suivre des règles très strictes d’élevage, d’acheter leurs graines et d’utiliser le matériel fourni par… leur seul et unique acheteur qui peut fixer le prix d’achat du poulet. Les éleveurs de poulets sont, pour la plupart, endettés auprès de leur propre client qui peut refuser d’acheter les poulets et les ruiner complètement, mais qui se garde bien de le faire, leur laissant juste de quoi avoir l’espoir d’un jour en sortir. Dans « Planètes à gogos » et sa suite, Frederik Pohl et Cyril Kornbluth nous mettaient en garde contre ce genre d’abus à travers une superbe scène où le personnage principal, ex-publicitaire à succès, se retrouve à travailler sur Vénus pour un salaire qui ne lui permet juste pas de payer son logement et sa nourriture fournie par son employeur monopolistique.

    Enfin, le dernier facteur permettant à un monopole de faire du profit, c’est de réduire toute innovation voire même d’activement dégrader la qualité de ses produits. Un phénomène particulièrement bien connu des habitants des zones rurales aux États-Unis où la connexion Internet est de très mauvaise qualité et très chère. Preuve s’il en est qu’il s’agit d’une réelle volonté, des villes ont décidé de mettre en place des programmes municipaux d’installation de fibre optique. Il en résulte… des attaques en justice de la part des fournisseurs d’accès Internet traditionnel pour « concurrence déloyale ».

    La morbidité des monopoles

    Depuis des siècles, la nocivité des monopoles est bien connue et c’est même l’un des rôles premiers des états, quels que soient la tendance politique : casser les monopoles (les fameuses lois antitrust), mettre hors-la-loi les accords entre entreprises pour perturber un marché ou, si nécessaire, mettre le monopole sous la coupe de l’état, le rendre public. Parfois, l’état peut accorder un monopole temporaire et pour un domaine très restreint à un acteur particulier. Cela pouvait être une forme de récompense, une manière de donner du pouvoir à un vassal ou à l’encourager. Les brevets et le copyright sont des monopoles temporaires de ce type.

    Mais, en 1980, Robert Bork, conseiller du président Reagan, va émettre l’idée que les monopoles sont, tout compte fait, une bonne chose sauf s’ils font monter les prix. À partir de cet instant, l’idée va faire son chemin parmi les gens de pouvoir qui réalisent qu’ils sont des bénéficiaires des fameux monopoles. Mais comme je l’ai expliqué ci-dessus, un monopole résulte rarement en une augmentation franche et directe du prix. Pire, il est impossible de prévoir. En conséquence de quoi, les administrations américaines vont devenir de plus en plus souples avec les fusions et les acquisitions.

    Si IBM et AT&T sont cassés en plein élan dans les années 80, si Microsoft doit mollement se défendre dans les années 90, Google et Facebook auront un boulevard à partir des années 2000, boulevard ouvert par le fait que les acteurs du passé ont encore peur des lois antitrust et que les acteurs du futur ne peuvent plus émerger face à la toute-puissance de ce qu’on appelle désormais les GAFAM, ces entreprises qui ont saisi la fenêtre d’opportunité parfaite. Une dominance entérinée de manière officielle quand, après les attentats du 11 septembre 2001, l’administration américaine stoppe toute procédure visant à interdire à Google d’exploiter les données de ses utilisateurs, procédure annulée en échange d’une promesse, tenue, que Google aidera désormais la défense à détecter les terroristes grâce aux données susnommées (anecdote racontée dans The Age of Surveillance Capitalism, de Shoshana Zuboff).

    Fusion, acquisition

    Le laxisme face aux monopoles donne le signal d’une course à l’ultra-monopolisation. Pour survivre dans une économie de mastodontes, il n’est d’autre choix que de devenir un mastodonte soi-même. En fusionnant ou en rachetant de plus petits concurrents, on détruit la compétition et on diminue les coûts de production, augmentant de ce fait les bénéfices et construisant autour de son business ce que Warren Buffet appelle une « douve protectrice » qui empêche toute concurrence. Warren Buffet n’a jamais fait un mystère que sa stratégie d’investissement est justement de favoriser les monopoles. Mieux : il en a fait une idéologie positive. Pour devenir riche, à défaut de construire un monopole à partir de rien (ce que bien peu pourront faire après Mark Zuckerberg et Jeff Bezos), investissez dans ce qui pourrait devenir un monopole !

    Il faut dire que le business des fusions/acquisitions est particulièrement juteux. Les transactions se chiffrent rapidement en milliards et les cabinets de consultance qui préparent ces fusions sont payés au prorata, en sus des frais administratifs.

    Alors jeune ingénieur en passe d’être diplômé, j’ai participé à une soirée de recrutement d’un de ces prestigieux cabinets (un des « Big Three »). Sur la scène, une ingénieure de quelques années mon aînée, décrivait le cas sur lequel elle avait travaillé, sans donner les noms. Les chiffres s’alignaient explicitement avec, dans la colonne « bénéfices », le nombre d’employés que la fusion permettrait de licencier avec peu ou prou d’indemnités, le nombre de sites à fermer, les opportunités de délocalisation pour échapper à certaines régulations financières ou écologiques.

    J’ai levé la main et j’ai demandé, naïvement, ce qu’il en était des aspects éthiques. L’oratrice m’a répondu avec assurance que l’éthique était très importante, qu’il y avait une charte. J’ai demandé un exemple concret de la manière dont la charte éthique était appliquée au projet décrit. Elle me répondit que, par exemple, la charte impliquait que l’intérêt du client passait avant toute chose, ce qui impliquait le respect de la confidentialité et l’interdiction pour un employé du cabinet d’être en contact avec les employés du cabinet qui représentaient l’autre côté du deal.

    J’ai été surpris d’une telle naïveté et, surtout, de la non-réponse à ma question. Après la conférence, je suis allé la trouver durant le cocktail dinatoire traditionnel. Un verre à la main, j’ai insisté. Elle ne comprenait pas de quoi je voulais parler. J’ai explicité ce que j’entendais par éthique : l’impact de cette fusion sur les travailleurs, sur les conditions économiques, sur l’aspect écologique global. L’éthique quoi !

    La brave ingénieure, qui nous avait été présentée comme ayant obtenu le grade le plus élevé à la fin de ses études (le cabinet ne recrutant que parmi les meilleures notes et les doctorats, je n’avais d’ailleurs aucune chance), est devenue blanche. Elle m’a regardé la bouche ouverte et a fini par balbutier qu’elle n’avait jamais pensé à cela.

    Il faut bien avouer que, face à un tel pactole, il est tentant de ne voir que des colonnes de chiffres. En théorie, les cabinets spécialistes des fusions/acquisitions sont censés déconseiller les fusions qui ne seraient pas vraiment intéressantes. Mais, sans fusion, pas de pourcentage. Aucun cabinet ne va donc déconseiller ce type d’opération. C’est également particulièrement intéressant pour les individus hautement impliqués. Wikipedia raconte que, entre 2009 et 2013, un jeune banquier d’affaire de la banque Rothschild va gagner plus de deux millions d’euros en travaillant sur des fusions et des rachats controversés. Il faut avouer que, selon ses supérieurs, il est extrêmement doué pour ce métier et pourrait devenir l’un des meilleurs de France. Il va cependant choisir une autre voie, profitant des appuis importants de ce milieu. Son nom ? Emmanuel Macron.

    La quête de rendement et la métamorphose du métier d’entrepreneur.

    Historiquement, un entrepreneur est une personne qui cherche à créer un business. Plutôt que de travailler pour un patron, l’entrepreneur va travailleur pour des clients. Les entrepreneurs à succès pouvaient espérer gagner très bien leur vie, une société florissante pouvant se permettre de payer un très haut salaire à son patron fondateur. Il n’en reste pas moins qu’il s’agissait d’un salaire lié à un travail. Pour les investisseurs, une entreprise pouvait également verser des dividendes.

    Cependant, la quête de rendement élevé a, ironiquement, entrainé la chute des dividendes. À quoi bon gagner quelques pour cent par an sur une somme immobilisée et donc totalement illiquide, ne permettant pas de bénéficier d’autres opportunités ? La plupart des entreprises actuelles ne versent d’ailleurs que peu ou prou de dividendes. Achetez pour 1000€ d’actions et, à la fin de l’année, vous seriez chanceux d’avoir plus de 10€ de dividendes.

    Pour un investisseur qui parie sur une jeune entreprise, il n’existe que deux façons de faire du profit et récupérer sa mise (ce qu’on appelle un « exit »). Premièrement si cette entreprise est cotée en bourse, ce qui est extrêmement rare et prend beaucoup de temps ou, et c’est la voie préférée, en voyant cette entreprise rachetée.

    C’est également tout bénéfice pour les fondateurs qui au lieu de travailler toute leur vie sur un projet espèrent désormais gagner un pactole après quelques années seulement (et beaucoup de chance). J’ai vu et encadré suffisamment de startups et de levées de fonds dans ma vie professionnelle pour comprendre que le but d’une startup, désormais, n’est plus de faire un produit, mais d’être rachetée. Pas de vendre mais d’être vendu. Les modalités potentielles d’exit sont discutées avant même les premières lignes de code ou le premier client. De cette manière, toute l’énergie entrepreneuriale est dirigée vers un seul et unique objectif : faire croître les géants.

    Ces échanges sont facilités par le fait que les investisseurs, les fameux Venture Capitalists, ont généralement des liens étroits avec les actionnaires de ces fameux géants qui rachètent. Dans certains cas, ce sont tout simplement les mêmes personnes. Pour faire simple, si je fais partie du board de Facebook, je vais donner un million à de jeunes entrepreneurs en les conseillant sur la meilleure manière de développer un produit que Facebook voudra racheter puis je m’arrange pour que le-dit Facebook rachète la boîte à un tarif qui valorise mes parts à 10 millions. Un simple trafic d’influence qui me rapporte 9 millions. Si la startup n’a pas développé de produit, ce n’est pas grave, on parlera alors d’acqui-hire (on rachète une équipe, une expertise et on tue le produit).

    C’est également tout bénéfice pour Facebook qui tue de cette manière toute concurrence dans l’œuf et qui augmente ses effectifs pour une bouchée de pain. Voire même qui optimise fiscalement certains bénéfices de cette manière.

    Ce procédé est tellement efficace qu’il s’est industrialisé sous forme de fonds. Les investisseurs, au lieu de mettre 1 million dans une jeune startup, créent un fonds de manière à mettre 100 millions dans 100 startups. Les 100 millions sont fournis par les riches qui sont en dehors de toutes ces histoires et qui sont du coup taxés avec des frais de gestion et un pourcentage sur les bénéfices (typiquement, 2 ou 3% du capital par an plus entre 20 et 30% des bénéfices reviennent au gestionnaire du fonds. Ce qui reste intéressant : si un gestionnaire transforme votre million en 10  millions, vous pouvez lui donner 3 millions, vous n’en aurez pas moins gagné 6 millions. Une fameuse somme !).

    Les fonds de type Private Equity fonctionnent sur le même principe. Les gestionnaires investissent dans diverses entreprises durant 2 ou 3 ans puis se donnent 6 ou 7 ans pour réaliser des exits. L’argent est bloqué pour 10 ans, mais avec la promesse d’avoir été multiplié par 5 au bout de cette période (ce qui fait du 20% par an !).

    Comment garantir les exits ? Premièrement grâce à des lobbies auprès des géants du secteur susceptibles d’acheter les petites boîtes. En dernier recours, il restera au gestionnaire du fonds la possibilité de créer un nouveau fonds pour racheter les invendus du premier. Cette opération fera du premier fond un réel succès, asseyant la réputation du gestionnaire et lui permettant de lever encore plus d’argent dans son nouveau fonds.

    Le paradoxe du choix

    Cette concentration est pourtant rarement perceptible lorsque nous allons faire nos courses. Et pour cause ? Les monopoles ne sont pas bêtes et proposent « de la diversité pour satisfaire tous les consommateurs ». Que vous achetiez des M&Ms, des Maltesers, un Mars, un Milky Way, un Snickers, un Twix, un Bounty, un Balisto ou bien d’autres, seul l’emballage change. Il s’agit des mêmes produits fabriqués dans les mêmes usines.

    Du riz Uncle Ben’s, de l’Ebly, des pâtes Miracoli ou Suzi Wan ? Pareil.

    Et pour les animaux ? Pedigree, Cesar, Whiskas, Royal Canin, Sheba, Kitekat, Canigou, Frolic ? Pareil.

    Passez dans le rayon chewing-gum, toutes les marques sont par le même fournisseur.

    D’ailleurs, je n’ai pas choisi ces exemples au hasard. Le fournisseur en question est identique pour toutes les marques que je viens de citer : Mars.

    Rendez-vous dans votre supermarché et supprimez les produits Mars, Nestlé et Unilever. Il ne restera plus grand-chose à part quelques produits Kraft, Danone ou Pepsico. Vos magasins bio ne sont pas en reste. Certaines marques bio appartiennent aux même grands groupes, d’autres sont en pleine consolidation, car le marché est encore jeune.

    L’exemple de la nourriture est frappant, mais il en est de même dans tous les secteurs lorsqu’on gratte un peu : automobile, hôtellerie, vêtements, voyages, compléments alimentaires naturels et bio… Grâce aux « alliances », il n’existe en réalité plus qu’une poignée de compagnie aérienne en Europe.

    Lutter contre les monopoles.

    Les monopoles, par leur essence même, sont difficilement évitables. Nous consommons monopoles, nous travaillons pour un monopole ou ses sous-traitants, renforçant chaque jour leur pouvoir.

    Intuitivement, nous percevons le danger. Dans un billet précédent, je vous parlais de l’intuition à l’origine des théories du complot. Si l’on applique le filtre « monopole » à ces théories du complot, la révélation est saisissante.

    https://ploum.net/et-si-les-conspirationnistes-avaient-raison/

    Le monopole de l’industrie pharmaceutique conduit à des problématiques importantes (lobby pour la non-mise en open source du vaccin contre le Covid, fourniture des vaccins mélangés dans des ampoules pour diminuer les coûts même au prix d’une baisse d’efficacité et d’une augmentation des effets secondaires, augmentation des tarifs et lobby pour des brevets absurdes) qui entrainent une méfiance envers le principe même d’un vaccin, surtout développé en un an alors que les entreprises ont toujours dit qu’il fallait des années (afin d’allonger la durée de vie des brevets et créer des pénuries sur le marché).

    Le contrôle total des monopoles du web sur nos données entraine une méfiance envers les ondes qui transmettent lesdites données voire même, dans une succulente fusion avec le monopole précédent, la crainte que les vaccins contiennent des puces 5G pour nous espionner (mais n’empêche cependant personne d’installer des espions comme Alexa ou Google Home dans sa propre maison).

    Le sentiment profond d’une inégalité croissante, d’une financiarisation nocive, d’une exploitation sans vergogne de la planète et des humains qui s’y trouvent, tout cela est créé ou exacerbé par la prise de pouvoir des monopoles qui n’hésitent pas à racheter des entreprises florissantes avant de les pousser à la faillite afin de liquider tous les avoirs (bâtiments, machines, stocks). Une technique qui permet de supprimer la concurrence tout en faisant du profit au prix de la disparition de certaines enseignes de proximité dans les régions les plus rurales (sans parler du désastre économique des pertes d’emploi massives brutales dans ces mêmes régions).

    Heureusement, la prise de conscience est en train de se faire. De plus en plus de scientifiques se penchent sur le sujet. Un consensus semble se développer : il faut une réelle volonté politique de démanteler les monopoles. Volonté difficile à l’heure où les politiciens ont plutôt tendance à se prosterner devant les grands patrons en échange de la promesse de créer quelques emplois et, dans certains cas, la promesse d’un poste dans un conseil d’administration une fois l’heure de la retraite politique sonnée. S’il y a quelques années, un chef d’entreprise était tout fier de poser pour une photo serrant la main à un chef d’État, aujourd’hui, c’est bel et bien le contraire. La fierté brille dans les yeux des chefs d’État et des ministres.

    Si l’Europe cherche à imiter à tout prix son grand frère américain, les Chinois semblent avoir bien compris la problématique. Un géant comme Alibaba reste sous le contrôle intimidant de l’état qui l’empêche, lorsque c’est nécessaire, de prendre trop d’ampleur. La disparition, pendant plusieurs mois, de Jack Ma a bien fait comprendre qu’en Chine, être milliardaire ne suffit pas pour être intouchable. Ce qui ne rend pas le modèle chinois désirable pour autant…

    Un autre consensus se dessine également : l’idéologie promue par Robert Bork sous Reagan est d’une nocivité extrême pour la planète, pour l’économie et pour les humains. Même pour les plus riches qui sont pris dans une course frénétique à la croissance de peur d’être un peu moins riches demain et qui savent bien, au fond d’eux-mêmes, que cela ne durera pas éternellement. Cette idéologie est également nocive pour tous les tenants d’une économie de marché libérale : les monopoles détruisent littéralement l’économie de marché ! Le capitalisme reaganien a apporté aux Américains ce qu’ils craignaient du communisme : de la pénurie et de la piètre qualité fournie par des monopoles qui exploitent une main-d’œuvre qui tente de survivre.

    Avant de lutter, avant même d’avoir des opinions sur des sujets aussi variés que la vie privée sur le web, la finance, la politique ou la malbouffe, il est important de comprendre de quoi on parle. À  ce titre, Monopolized de David Dayen est une lecture édifiante. Certainement trop centré sur les États-Unis d’Amérique (mais qui déteignent sur l’Europe), écrit « à l’américaine » avec force anecdotes et certaines généralités questionnables (par exemple le chapitre sur les Private Equity), le livre n’en reste pas moins une somme parfaitement documentée et argumentée, bourrée de références et de repères bibliographiques.

    Ce qui est intéressant également, c’est de constater que notre vision de la politique a été transformée avec, à droite, les tenants de monopoles privés et, à gauche, les tenants de monopoles appartenant à l’état. Une ambiguïté sur laquelle Macron, fort de son expérience, a parfaitement su jouer en proposant un seul et unique parti monopolistique n’ayant que pour seul adversaire le populisme absurde.

    Lorsque vous êtes témoin d’une injustice, posez-vous la question : ne s’agit-il pas d’un monopole à l’œuvre ? Et si le futur passait par la désintégration pure et simple des monopoles ? Depuis les plus petits et les plus éphémères comme les brevets et le copyright, transformé en arme de censure massive, jusqu’aux géants bien connus.

    Photo by Joshua Hoehne on Unsplash

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir et de m’aider à diffuser mes idées !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Tuesday 13 April 2021 - 15:01

    Hier, j’ai enfin supprimé mon compte Linkedin. Ce compte me narguait depuis 2006 par son inutilité et son impact sur ma boîte mail. Ce compte que je voulais supprimer depuis des années, mais que je gardais, acceptant son coût de maintenance, dans la crainte qu’il me soit un jour utile.

    La goutte d’eau a été de découvrir que j’avais été abonné à des newsletters par des gens que j’avais acceptés dans mon réseau (j’accepte tout le monde, comme ça je ne me pose pas de questions) et qui avait utilisé des services externes permettant d’exporter les adresses email de ses contacts Linkedin.

    Mais le vase était déjà plein depuis bien longtemps. En presque 15 années d’utilisation et des milliers de mails dans ma boîte, je n’ai pas trace d’un seul contact utile, d’une seule opportunité qui m’a été permise par Linkedin. Ah si ! Un lecteur de mon roman Printeurs m’a dit, connaissant mon amour pour ce réseau, que c’est par Linkedin qu’il a appris la parution du livre. Que Linkedin m’a donc apporté un lecteur.

    Pourtant, j’y ai mis du mien. Jeune et naïf, j’avais tenté de n’accepter dans mon réseau que des personnes que je connaissais suffisamment pour les recommander. Aux requêtes inconnues, j’opposais un refus poli. Je me suis pris plusieurs bordées de bois vert raillant ma jeunesse et mon incompréhension de l’open-networking. Je me suis alors adapté en acceptant toutes les requêtes, sans exception.

    Durant quelques mois, j’ai poussé l’expérience (ou le vice, c’est selon) jusqu’à accepter toutes les propositions qui m’arrivaient par message, disant oui que j’étais intéressé. Du moins à celles qui ne me demandaient pas de payer pour un service, mais qui proposaient de m’employer ou de me faire rejoindre des projets.

    Dans l’immense majorité des cas, je n’ai eu aucune nouvelle suite à mon acceptation. Dans certains cas, la conversation s’est poursuivie jusqu’à ce qu’on oublie de me répondre. J’étais d’accord sur tout, j’affirmais mon désir d’aller plus loin. Rien n’y a fait. J’ai même accepté d’aller donner une formation informatique en Éthiopie, je me suis retrouvé dans une discussion à 3 avec le responsable. J’ai dit oui, j’ai relancé plusieurs fois et mes derniers mails sont restés lettre morte.

    J’ai ensuite décidé d’appliquer ma stratégie « email only ». Elle consiste à répondre un message standard lorsqu’on me contacte par une messagerie quelconque : « Hello, je ne consulte pas cette messagerie. Merci de me contacter par mail pour ce sujet. Voici mon adresse ». Ma page Facebook dispose d’ailleurs d’un répondeur qui le fait automatiquement et se fait régulièrement insulter.

    L’idée étant que si la personne ne prend pas le temps de m’envoyer un véritable mail, c’est que ce n’est pas vraiment important, qu’elle n’attend pas vraiment une réponse.

    Et bien le constat est sans attente. Je peux compter sur les doigts d’une main ceux qui m’ont effectivement envoyé un mail. Dans tous les cas, c’étaient des gens que je connaissais hors Linkedin et qui disposaient probablement de mes coordonnées.

    J’ai découvert que, parfois, des connaissances me contactaient par Linkedin et que je ne voyais le message que bien plus tard. Paradoxalement, les réseaux me rendent moins facilement joignable.

    https://ploum.net/facebook-ma-rendu-injoignable/

    Du coup, j’ai pris le réflexe d’aller vérifier Linkedin quelques fois par mois. Et donc de subir les notifications, les demandes de connexions. Bref, de me faire aspirer par la machine à attention que les fabricants de réseaux sociaux construisent désormais si efficacement.

    J’ai parfois l’impression d’être désorganisé, de lancer des tas de projets avant de les abandonner. Je crois que, sur Linkedin, les gens sont pires que moi. La quantité des relations a remplacé la qualité. Les recruteurs, les marketeux, les aspirants entrepreneurs sont comme des enfants dans un magasin de jouets. Ils veulent tout, ils remplissent leur caddie avec gourmandise avant de passer à autre chose sans rien déballer.

    Linkedin a toujours été pour moi un réseau de mendiants. Mendiants pour un job (pardon « Looking for new opportunities » ou « Ready for the next challenge »), mendiants pour des clients sous toutes les formes, mendiants pour de la visibilité « professionnelle ». Les marketeux trouvent leur compte, car ils peuvent envoyer des messages à X contacts, récolter des adresses email et dire que leur journée est faite. Les recruteurs se contentent de faire des recherches par mot clé et d’utiliser des moulinettes automatisées. Le fait que j’aie fait 6 mois de J2EE en 2006 semble toujours faire de moi « le profil idéal pour un client important ». Pour le reste, tout le monde espère que passer sa journée sur Linkedin va miraculeusement se transformer en espèce sonnante et trébuchante.

    Malgré tout cela, je suis resté toutes ces années. Parce que j’avais l’impression que « ça pourrait ptêtre servir un jour ». Parce que c’est dur d’accepter que le bilan soit tellement nul après autant d’années. Parce que je pensais que « c’est dommage d’abandonner un réseau patiemment constitué » (tu parles, quelques milliers de clics pour accepter des demandes souvent aléatoires).

    Mais je ne pouvais plus supporter cet enjouement corporate forcé, ces messages de félicitations semi-automatiques pour fêter mes trois ans dans un job que j’ai quitté il y a 2 ans et demi en oubliant de mettre mon profil à jour (envoyés par d’illustres inconnus ou des gens avec qui j’ai partagé un bureau pendant 3 semaines il y a 10 ans), cette timeline remplie d’adjectifs dithyrambiques pour se congratuler l’un l’autre de ce qui n’est qu’une énième tentative de transformer un spreasheet d’emails en clients débités tous les mois ou de vendre un concept intellectuellement rachitique en journée de formation pour booster la performance de votre équipe.

    Linkedin étant pour moi un réseau de mendiants, tout ce que j’y voyais était à vendre. Y compris mes données, mon adresse email, mon temps. J’ai décidé de me retirer, avec mes données, du marché. Je ne suis plus sur Linkedin.

    Si vous me suiviez là-bas, il suffit de vous abonner à ce blog. Votre adresse mail ne sera visible que par moi, ne sera pas utilisée pour autre chose qu’envoyer mes billets et ne sera jamais partagée. Le tout, sans passer par l’intermédiaire de Microsoft (propriétaire de Linkedin). Je pense que le ratio qualité de l’information par rapport au temps passé et nombre de mails reçus est bien plus avantageux en vous abonnant à ce blog qu’en allant sur Linkedin. Si nous perdons contact suite à mon départ de Linkedin, c’est peut-être que nous n’étions tout simplement pas en contacts en premier lieu. Nous en avions seulement l’illusion, comme souvent dans l’univers des réseaux sociaux. L’illusion d’être aimé (Facebook), l’illusion d’avoir des amis (Facebook), l’illusion d’être écouté (Twitter), l’illusion d’avoir une vie cool (Instagram), l’illusion d’être professionnellement important et bien connecté (Linkedin). D’ailleurs, sans ce billet, il est probable que personne n’aurait remarqué mon absence. Sur les réseaux sociaux, les absents sont rapidement emporté par le flux, la brêve et illusoire gloriole qu’ils avaient construite se diluant instantanément dans l’immédiateté de l’oubli. Le lit de la rivière ne conserve pas la trace du caillou que vous venez de retirer.

    Une situation n’est pas l’autre. Linkedin est peut-être utile, voire indispensable pour votre activité. L’important étant, comme le souligne Cal Newport dans son excellent Digital Minimalism, de bien peser le coût réel par rapport aux bénéfices réels (et non pas ceux supposés) et de faire ses propres choix en conscience.

    Dans ma situation, chaque source de distraction supprimée est un livre de plus lu à la fin de l’année. Donc acte. Je quitte le grand réseau bleu, je retire ma cravate, mes chaussures corporate et me replonge dans mes lectures.

    Photo by Jonathan Kho on Unsplash

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir et de m’aider à diffuser mes idées !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Friday 26 February 2021 - 13:42

    À la mémoire de Gilberte De Windt, décédée en février 2021

    Fin février 2020, je décidai, sur un coup de tête, d’appeler un numéro trouvé dans l’annuaire. Celui de la sculptrice Gilberte De Windt.

    Mon épouse et moi l’avions rencontrée lors de ses expositions. Nous étions tombés amoureux de ses statues comme de sa personnalité. Cette vieille dame au corps frêle, mais à l’esprit incroyablement agile nous avait charmés par la finesse de son art. Nous avions sympathisé et beaucoup discuté.

    Au téléphone, de but en blanc, je lui annonçai que nous souhaitions acquérir une de ses œuvres. Avec une incroyable gentillesse, elle nous invita à venir visiter son atelier.

    Nous passâmes une après-midi passionnante en compagnie de son mari, Guy Berbé, artiste peintre de renom. Alors que mon épouse discutait peinture avec Guy, dans son incroyable atelier, je parlais inspiration, méditation et création avec Gilberte. Par le plus grand des hasards, nous étions tous deux en train de lire le même livre de Steven Laureys, « La méditation, c’est bon pour le cerveau ». Curieux, je tentais de m’inspirer des techniques de Gilberte pour apprendre à sculpter les mots comme elle la matière.

    L’entente entre nos deux couples fut immédiate et nous convînmes de nous revoir régulièrement. Mon épouse et moi hésitions entre deux sculptures et, pour tout avouer, le budget nous faisait un peu frémir. Il s’agissait d’un pur coup de cœur irrationnel, une hérésie économique.

    Deux semaines plus tard, le confinement commençait. Les enfants furent rapidement déscolarisés et nos priorités furent bouleversées.

    Cependant, cette rencontre m’obsédait. J’en rêvais. Je me demandais comment allaient Gilberte et Guy. Je me rendais compte que les visiter n’était plus imaginable en ces temps de confinement. J’en souffrais, car nous avions fait la promesse de revenir. Je prenais également conscience que si l’esprit de Gilberte était brillant, son corps n’était pas immortel. Un pressentiment me hantait.

    C’est avec stupeur que je découvris, presque un an jour pour jour après notre après-midi partagé, un message m’annonçant son décès. Un an que, comme beaucoup, je n’ai pas vu passer. Qui s’est envolé, emportant Gilberte avec lui. Je regarde avec tendresse la photo où elle pose près de la statue préférée de notre fils. J’ai une pensée pour Guy, son mari. Je n’ose pas l’avouer, mais je suis triste. Qui suis-je pour prétendre à la tristesse, moi qui ne les ai rencontrés que quelques fois ?

    Si ce décès est naturel, dans l’ordre des choses, je ne peux m’empêcher de penser à cette dame qui, comme elle le racontait elle-même, a mené plusieurs vies fort différentes. Elle ne se mit à la sculpture qu’après sa retraite de l’enseignement ! À travers ses statues, elle transmettra pour toujours un mouvement, une finesse, une énergie aux générations à venir.

    Égoïstement, je maudis cette pandémie pour avoir empêché que je passe plus de temps avec Gilberte, que je la connaisse mieux. Je suis heureux de cette après-midi lumineuse dans sa maison, son atelier. C’est un souvenir impérissable. J’aurais tant aimé la rencontrer plus tôt.

    J’ai le regret de ne pas avoir pu lui acheter une statue. Secrètement, je rêvais de trouver chez moi un écrin merveilleux, d’inviter Gilberte pour lui montrer, pour lui rendre la pareille et lui faire découvrir mon atelier d’écriture orné de son œuvre. Pour lui expliquer qu’elle m’avait enseigné qu’un manuscrit est comme une de ses sculptures en terre. Un matériau de base qui doit ensuite passer par tout un processus, qu’elle nous a décrit en détail, avant de devenir la statue en bronze qu’est le livre final.

    Mon atelier d’écriture n’existe pas encore et je n’ai pas de statue de Gilberte. Je n’ai plus que son souvenir.

    Au fond, j’ai la chance rare de l’avoir rencontrée et de garder avec moi le souffle d’inspiration qu’elle m’a donné. Lorsque j’ai l’impression de devenir trop vieux pour être créatif, lorsque je réalise que les jeunes artistes talentueux du moment sont plus jeunes que moi, je repense souvent à son expérience, à l’admiration que j’ai éprouvée lorsqu’elle m’a confié l’importance pour elle de continuer à apprendre chaque jour, lorsque j’ai compris l’énergie qu’elle mettait dans une création.

    C’est peut-être pour ça que je souhaitais tant avoir une statue de Gilberte à proximité de ma machine à écrire. Parce que ses personnages longilignes caractéristiques me rappellent les regards que nous avons échangés dans son atelier, parce qu’ils m’ancrent dans le désir de création matérielle qu’elle avait sublimé et qui m’échappe trop souvent. Parce qu’en une seule après-midi chez elle, elle a eu une influence notable sur ma vision de la création.

    Merci, Gilberte, et bonne chance pour les prochaines de tes nombreuses vies, celles qui apparaissent chaque fois qu’un regard se pose sur l’une de tes nombreuses œuvres.

    Salut l’artiste !

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  • Wednesday 17 February 2021 - 12:41

    De la nocivité des ondes à la bouffe bio et aux réseaux pédophiles, de la politique de la crise COVID à la distribution de vaccins : et si les complots étaient bien réels ? Réels mais pas tout à fait comme on les imagine.

    Le complot des ondes électromagnétiques

    Lorsque je me retrouve face à une personne qui me parle de la nocivité des ondes électromagnétiques, je lui demande d’abord si elle sait ce qu’est, physiquement, une telle onde. Dans la totalité des cas que j’ai vécus, la personne avoue son ignorance totale.

    Une onde électromagnétique n’est qu’une série de particules, appelées photons, qui voyagent en vibrant à une certaine fréquence. Pour une certaine plage de fréquence, les photons deviennent visibles. On appelle cela… la lumière. Il y’a d’autres fréquences que nous ne voyons pas : l’infrarouge, l’ultraviolet et, bien entendu, les ondes radio.

    Les ondes radio sont tellement difficiles à détecter qu’il est nécessaire de fabriquer des antennes particulièrement sophistiquées pour les capter. Antennes qui équipent nos téléphones.

    Les ondes électromagnétiques peuvent être absorbées. L’énergie de leur vibration se transforme alors en chaleur. Pour vous en convaincre, il vous suffit de vous promener sous la plus grande source électromagnétique à notre disposition : le soleil. Les ondes émises par le soleil vous réchauffent. À trop grandes doses, elles peuvent même vous brûler. C’est le fameux « coup de soleil ». C’est également le principe qu’utilise votre four à micro-ondes, qui envoie des ondes à une fréquence dont l’énergie se transmet particulièrement bien à l’eau. C’est pour cela que votre four reste froid : il ne réchauffe que l’eau.

    Les ondes électromagnétiques qui possèdent une très grande quantité d’énergie peuvent faire sauter un électron de l’atome qu’elles vont toucher. Cet atome est ionisé. Si un trop grand nombre d’atomes de notre ADN est ionisé, cet ADN ne pourra plus être réparé et cela peut induire des cancers. Il faut bien entendu une exposition longue, répétée à une source très puissante.

    Par exemple le soleil. Responsable de nombreux cancers de la peau. Ou bien les rayons X, utilisés pour faire des radiographies médicales. L’avantage des ondes à très haute énergie, c’est qu’elles interagissent avec la première chose qu’elles touchent et qu’elles sont donc arrêtées facilement. C’est pour ça qu’il y’a des petits rideaux de caoutchouc plombé sur le tapis à rayons X  des aéroports. Ces protections servent essentiellement à protéger les employés qui, sans cela, seraient exposés en permanence aux rayons X. Pour le voyageur qui ne fait que passer deux fois par an, c’est bien moins essentiel.

    En ce sens, les antennes GSM sont un peu comme des phares. Ils émettent des rayons électromagnétiques de la même façon. Seule la fréquence est différente.

    Si un phare peut éblouir voire même brûler si on s’approche à quelques centimètres, personne n’ose imaginer que l’exposition à un phare puisse provoquer des cancers ou être nocive. De même pour votre routeur wifi : il n’émet pas plus d’énergie que votre ampoule halogène.

    S’inquiéter de l’impact des ondes électromagnétiques semble donc absurde. Même si on venait à découvrir que certaines fréquences très précises pouvaient avoir un effet délétère, nous sommes dans un bain permanent d’ondes électromagnétiques depuis l’aube de l’humanité. Il est donc raisonnable de penser que tout impact actuellement inconnu, si un tel impact existe, est anecdotique.

    Pourtant, je pense que les « anti-ondes » ont raison.

    Les ondes sont nocives. Non pas parce qu’elles sont des ondes, mais à cause de l’usage que nous en faisons. Aujourd’hui, nous sommes en permanence hyperconnectés. Nos téléphones bruissent de notifications indésirables que nous ne savons pas désactiver. Nos maisons regorgent de petites lampes qui clignotent pour nous dire que le réseau est actif, que la tablette recharge. Quand je dors dans une chambre d’hôtel, je dois démonter la télévision pour accéder au routeur caché derrière et le débrancher. Non pas à cause des ondes, mais parce que je ne supporte pas ces lumières vertes clignotantes dans l’obscurité, lumière agrémentée de l’insupportable œil rouge luisant de la télévision en veille.

    Comment ne pas être stressé à l’idée des millions de bits qui nous transperce en permanence pour aller notifier notre voisin de restaurant qu’une nouvelle vidéo YouTube est disponible ? Comment dormir en sachant toute cette activité qui nous traverse ? Les expériences ont montré que la sensibilité électromagnétique est belle et bien réelle. Que les gens en souffrent. Mais qu’elle n’est pas causée par la présence d’ondes électromagnétiques. Elle est causée par la croyance qu’il y’a des ondes électromagnétiques.

    Les anti-ondes ont intuitivement perçu le problème. Avant de l’assigner à une raison qui n’est pas sous leur contrôle.

    D’une manière générale, toutes les théories conspirationnistes sont des constructions basées sur un problème très juste. Problème auquel on a créé une cause artificielle absurde ou exagérée, cause qui symbolise et personnifie le problème afin d’avoir l’impression de le comprendre.

    C’est pour cela que prouver l’absurdité d’une théorie du complot ne fonctionne pas. Le complot existe généralement réellement. Mais il est beaucoup trop simple, banal. Ce qui donne un sentiment d’impuissance. En lui donnant un nom, on se crée un ennemi identifié et la possibilité d’agir, de le combattre activement.

    Le complot du deep state

    Selon la légende, Dame Carcas libéra la ville de Carcassonne, assiégée par Charlemagne depuis cinq ans. La population mourant de faim, Dame Carcas eut l’idée de prendre le dernier porc de la ville, de nourrir avec le dernier sac de blé avant de le jeter du haut des remparts sur les assaillants. Ceux-ci se dirent que si la ville pouvait se permettre de balancer un porc nourri au blé, c’est qu’elle avait encore de nombreuses ressources et qu’il était préférable de lever le siège. Charlemagne ne se posa pas la question de savoir comment la ville pouvait avoir encore autant de ressources après cinq années de siège. Alors que les troupes s’éloignaient, Dame Carcas fit sonner les cloches de la ville qui en tirera désormais son nom : Carcas sonne !

    La plupart des théories du complot se heurtent à un problème fondamental : leur réalité implique des milliers de spécialistes de domaines extrêmement différents travaillant dans le secret le plus total au sein d’une organisation incroyablement parfaite et efficace qui ne ferait jamais la moindre erreur. Or, il suffit d’ouvrir les yeux pour voir que dès que trois personnes travaillent ensemble, l’inefficacité est la loi.

    Pour vous en convaincre, il vous suffit de regarder des films d’espionnage. L’histoire est toujours là même : un service ultra-secret de contre-espionnage lutte contre une organisation ultra-secrète d’espionnage qui cherche à accomplir son rôle en mettant au grand jour le service de contre-espionnage, qui s’engage donc dans une lutte de contre-contre-espionnage. C’est particulièrement marquant dans les « Missions Impossibles » ou dans la série Alias. Un peu de recul permet de se rendre compte que toutes ces organisations… ne servent strictement à rien. Même les scénaristes, spécialistes de la fiction, n’arrivent pas à trouver des idées pour justifier l’existence de telles organisations. On parachute alors artificiellement un terroriste qui veut faire sauter une bombe nucléaire, afin de camoufler légèrement la fatuité du scénario.

    La réalité des services d’espionnage est tout autre. Des fonctionnaires qui, pour justifier leur budget et l’existence de leurs nombreux emplois, vont jusqu’à inventer des complots (un truc qui revient aussi dans Mission Impossible). Contrairement à Tom Cruise, les milliardaires surpuissants et les espions sont des humains qui mangent, dorment, font caca et se grattent les hémorroïdes. Ils font des erreurs de jugement, se laissent emporter par leur idéologie et leur sentiment de toute-puissance.

    Et oui, ils tentent de favoriser leurs intérêts, même de manière illégale ou immorale. Cela consiste essentiellement à tenter de convaincre le monde d’acheter leur merde (le marketing), de commettre des délits d’initiés sur les plateformes boursières et de financer du lobbying politique pour que les lois soient en leur faveur. Là se trouvent les véritables complots, les véritables scandales qui ne requièrent la complicité que de quelques personnes, qui ne nécessitent pas de compétence ou de technologie particulière et qui ne sont, la plupart du temps, même pas secrets du tout !

    La plupart des innovations secrètes de la guerre froide n’étaient que des canulars qui servaient à effrayer le camp adverse : rayons de la mort, rayon de contrôle des esprits, contacts extra-terrestres. D’ailleurs, les innovations réelles étaient tout sauf secrètes. La bombe nucléaire, la conquête spatiale, l’informatique et les prémices d’Internet. Comme le cochon de Dame Carcas, tout était entièrement public et les seules choses vraiment secrètes étaient ce qui n’existait pas, dans une tentative d’intoxication informationnelle.

    Dans certains cas, la recherche des services secrets mènera à quelques rares avancées réelles. Ce fut par exemple le cas de Clifford Cocks qui inventa la cryptographie asymétrique en 1973 pour le compte des services secrets anglais. Malheureusement, cette invention purement théorique ne pouvait être mise en pratique sans un développement que Cocks ne pouvait réaliser seul. Elle fut dont jetée aux oubliettes avant que le concept ne soit redécouvert de l’autre côté de l’Atlantique, 3 ans plus tard, par Diffie, Hellman et Merkle qui la publieront et lanceront les bases d’une nouvelle science : la cryptographie informatique. Une fois encore l’histoire démontre que rien n’est réellement possible dans le secret et l’isolement. Le mythe de l’entrepreneur scientifique solitaire fonctionne dans les romans d’Ayn Rand (quand c’est un bon) et Ian Flemming (quand c’est un mauvais), pas dans la réalité.

    La notion de « Deep state » ou d’élites secrètes prenant les décisions est plus rassurante que la vérité selon laquelle, oui, nos dirigeants sont corrompus, mais tout simplement comme des humains, pour favoriser leurs petits intérêts personnels en lieu et place de l’intérêt général. Le tout, en faisant des erreurs et en tentant de se justifier moralement que leur profit est bien pour l’intérêt général (comme la théorie du ruissellement des richesses ou l’idée selon laquelle la richesse se mérite). Les complots existent, mais ils sont petits, mesquins et pas particulièrement secrets.

    Le complot des vaccins

    L’idée d’un vaccin avec des puces pour nous surveiller ou des chemtrails pour contrôler nos esprits (technologies qui semblent complètement impossibles dans l’état actuel de nos connaissances et qu’il serait donc particulièrement difficile de développer en marge de la communauté scientifique, dans le secret le plus total) nous sert à oublier que nos téléphones nous surveillent déjà très bien et fournissent plus de données que ne peuvent en exploiter les gouvernements, que la télévision nous abrutit parfaitement, et que nous avons choisi de les utiliser, que personne ne nous a jamais forcés.

    De même, les anti-vaccins pointent, avec justesse, le fait que l’oligopole pharmaceutique a un intérêt commercial évident à ce que nous soyons le plus possible malade pour consommer le plus de médicaments. Qu’à travers les brevets, l’industrie pharmaceutique privatise d’énormes budgets publics pour les transformer en juteux profits, parfois au détriment de notre santé. Mais il est difficile de se passer des médicaments. Il est donc plus simple d’attaquer les vaccins, médicaments dont la procédure est impressionnante (une piqure) et qui ont, à très court terme, un effet néfaste (fièvre ou durillon). Pire, on ne perçoit jamais l’utilité d’un vaccin. Si un vaccin fonctionne, on se dira toute sa vie qu’il n’était pas nécessaire… Et qu’on a été victime d’un complot.

    Le vaccin, qui est probablement la plus belle invention de l’humanité en ce qui concerne le confort et l’espérance de vie, sert donc très injustement d’étendard à l’intuitif conflit d’intérêts et à la rapacité (réelle) de l’industrie pharmaceutique. La plupart des médicaments sont beaucoup moins efficaces que ce qu’ils prétendent, ils sont vendus à grands coups de marketing. Le simple fait que les devantures de pharmacie soient transformées en gigantesques panneaux publicitaires est un scandale en soi. Les vaccins sont peut-être l’exception la plus sûre, la plus bénéfique et la plus surveillée. Mais c’est aussi intuitivement la plus facile à critiquer.

    Et ces critiques sont parfois nécessaires : les vaccins étant peu rentables (on ne les prend qu’une fois dans sa vie), l’industrie pharmaceutique tente de les faire développer sur des fonds publics à travers les universités avant de s’arroger tous les bénéfices en les revendant très cher aux états… qui ont financé leur mise au point ! L’université d’Oxford avait d’ailleurs annoncé son souhait de mettre son vaccin COVID dans le domaine public, sur le modèle de l’Open Source, avant de se raviser sous, à ce qu’il parait, la pression de la fondation Bill Gates. Un complot qui, sans remettre en cause la qualité du vaccin, me semble parfaitement plausible et réaliste. À  croire que les complots absurdes comme les puces 5G dans les vaccins sont inventés exprès pour décrédibiliser la moindre des critiques et nous détourner des véritables problématiques. À noter que la fondation Bill Gates joue un rôle positif prépondérant dans l’éradication de la polio. Rien n’est jamais parfaitement noir ni blanc. Le monde est complexe.

    Le complot des réseaux pédophiles

    Pour faire une bonne théorie du complot, il suffit donc de reprendre les souffrances réelles, de les amalgamer avec une histoire séduisante et choquante. Un exemple parmi tant d’autres est la persistance des théories de réseaux pédophiles très sophistiqués pour les élites. Parfois mâtinée de satanisme et de cannibalisme pour le décorum.

    La pédophilie est bel et bien un problème de notre société. Hélas, elle est majoritairement présente au sein des familles elles-mêmes. Les enfants sont le plus souvent abusés par un parent ou un proche de confiance (comme l’ont souvent été les prêtres). Mais imaginer qu’un oncle ou un père puisse violer un enfant de sa propre famille est tellement affreux que nous rejetons la faute sur les ultra-riches. Ultra-riches qui ne font qu’ajouter de l’huile sur le feu en ayant parfois une sexualité débridée par un sentiment d’impunité, sentiment exacerbé par une culture machiste du viol menant parfois réellement à la pédophilie comme les affaires Weinstein ou Polanski.

    Le traumatisme de l’affaire Dutroux en Belgique s’explique en partie, car il est difficile d’admettre qu’un pauvre type complètement malade puisse tout simplement enlever des gamines dans sa camionnette et les planquer dans sa cave. Que son nom était bien sur la liste des suspects, mais que la lenteur de la police à le démasquer s’explique essentiellement par l’application aveugle des procédures administratives en vigueur à l’époque, procédures ralenties par certains conflits de pouvoir au sein de la hiérarchie (ce qui a conduit, d’ailleurs, à une refonte complète de la police en Belgique). Il y’a un certain réconfort à imaginer que le crime n’est pas juste une série de malchances et de mesquineries administratives, mais bien la volonté d’une organisation toute puissante impliquant jusqu’à la famille royale.

    Les complots de la juiverie internationale et de QAnon

    Les théories du complot sont généralement l’illustration d’une perte de confiance justifiée envers les garants de la moralité et de l’autorité. Elles fleurissent le plus souvent en période de désarroi profond. La misère économique des années 30, juste après le krach boursier, permettra de mettre en avant la théorie séculaire de la cabale juive avec les conséquences que l’on sait en Allemagne. Je ne peux d’ailleurs m’empêcher de vous recommander l’excellent « Le cimetière de Prague », d’Umberto Eco, pour une illustration romancée de cette cabale.

    La crise financière de 2008 n’échappe pas à la règle. Sur ses cendres naitront Donald Trump et QAnon qui n’ont, d’un point de vue historique, aucune originalité. Tout semble être, à la lettre près, issu des théories complotistes du passé.

    Des thèses absurdes, mais avec, encore une fois, une intuition d’un problème très juste. Le problème de l’existence de l’industrie de la finance. Comment se fait-il qu’une industrie qui ne semble produire rien de concret pour les citoyens lambdas, qui génère des milliards, qui semble rendre chacun de ses membres millionnaires, comment se fait-il que cette industrie aux pratiques incompréhensibles reçoivent autant d’argent du gouvernement lors d’une difficulté qu’elle a elle-même créé ? Comment se fait-il que, dans ce qui se présente comme une démocratie, le principal facteur pour arriver au pouvoir soit la richesse ? Comment se fait-il que tous nos meilleurs cerveaux issus des écoles d’ingénieurs, de science ou d’administration soient recrutés dans le domaine de la finance ?

    À ce sujet, je conseille le magnifique discours de Fabrice Luchini (préparé, mais jamais déclamé) dans le film « Alice et le maire ». Un film qui illustre de manière très réaliste les dessous de la politique : des gens stressés, qui enchainent les réunions et qui n’ont plus le temps de penser. Comment voulez-vous que ces organisations dont la vision à long terme relève de la prochaine élection puissent sérieusement mettre en place des complots d’envergure ?

    Le complot de la malbouffe

    Les théories du complot ne peuvent que diviser. Les intuitifs savent qu’elles représentent un problème réel. Les rationnels peuvent démontrer qu’elles sont absurdes et en viennent à nier l’existence du problème initial. Les deux camps ne peuvent donc plus se parler. Les comportements sensés et absurdes se mélangent.

    Entrez dans un magasin de nourriture bio et vous serez abasourdi par le fatras de concepts dont une simple boîte de conserve peut se revendiquer.

    Votre boîte est « bio ». Cela signifie qu’elle a reçu un label comme quoi elle utilisait une quantité limitée de certains pesticides.

    La démarche est rationnelle. Si la nocivité des pesticides sur l’humain n’est pas toujours démontrée, elle l’est sur le vivant. L’absorption des pesticides par le corps a été démontrée et l’hypothèse que ces pesticides puissent avoir un impact sur la santé est sérieusement étudiée.

    Votre boîte est également dans un emballage « écologique ». Cela semble intuitif, mais, malheureusement, la culture biologique produit énormément plus de CO2 que la culture avec pesticide. Ceci dit, les pesticides ont également un impact environnemental non négligeable, même si ce n’est pas du CO2.

    L’aliment est également garanti sans OGM. Là, cela devient plus étrange. La nature produit en effet des OGM en permanence. C’est même le principe de l’évolution. Les OGM pourraient donc être particulièrement bénéfiques, par exemple en étant plus nutritifs. Rejeter les OGM, c’est rejeter le principe du bouturage, vieux comme l’agriculture. Mais le rejet des OGM est, encore une fois, le symptôme d’un réel problème, à savoir la volonté d’apposer une propriété intellectuelle sur les semences, procédé monopolistique dangereux. La lutte anti-OGM n’est pas tant contre le principe de l’OGM lui-même (la plupart des anti-OGM ne savent d’ailleurs pas ce qu’est un OGM) qu’une défiance envers ceux qui prétendent manipuler la nourriture sans vouloir nous dire comment ni nous permettre de le faire nous-mêmes. La défiance envers l’industrie qui pratique l’OGM  est pertinente. La défiance envers le principe même de l’OGM ne l’est sans doute pas.

    Enfin, il arrive que votre nourriture (ou vos produits de beauté, s’ils sont de la marque Weleda) soit issue des principes de la biodynamie. La biodynamie est un concept inventé par Rudolf Steiner, un illuminé notoire qui a décidé de réinventer la philosophie, les sciences, la médecine, l’éducation et la religion en se basant uniquement sur son intuition. Il n’y connaissait strictement rien en agriculture, mais a un jour improvisé une conférence devant une centaine d’amis, dont seule une minorité d’agriculteurs, sur la meilleure manière de cultiver. Cette conférence a été retranscrite par une sténographe, mais Steiner lui-même a dit plusieurs fois qu’il n’avait pas relu cette transcription et que sa conférence avait pour objectif d’être orale, pas écrite. Que la transcription devait comporter énormément d’erreurs. Il mourra peu après sans jamais relire ni même mentionner le terme « biodynamie » qui sera inventé par après.

    Il n’empêche que cette transcription erronée d’une conférence improvisée par un non-agriculteur passionné d’occultisme et de magie sert aujourd’hui de référence à toute une industrie. Les règles sont du style : « Telle plante doit être plantée quand Mars est visible dans le ciel parce que les fleurs sont rouges et que Mars est rouge. Et il faut répandre des rats morts dans le compost durant les nuits de pleines lunes parce que ça le fait ». Tout livre ou agriculteur qui se revendique de la biodynamie aujourd’hui ne fait qu’une chose : reprendre les élucubrations sans aucune substance empirique issues de la transcription erronée d’une seule et unique conférence d’un illuminé. Bref, la définition même de la théologie. Cependant, si on supprime toute la partie ésotérique, on retrouve les fondements de l’agriculture biologique. Comme n’importe quelle religion, la biodynamie est donc loin d’avoir tout faux. Tout simplement parce que, statistiquement, avoir tout faux est aussi improbable que d’avoir tout vrai et parce que, comme le souligne Kahneman, l’intuition est souvent juste. Mais pas toujours. Ce qui est son gros problème.

    Donc, en achetant de la nourriture bio, ce que je fais personnellement, je mélange le plus souvent du sensé, du pas complètement sensé et de l’absurde total.

    Tout cela à cause d’un problème intuitif bien réel : on possède désormais un confort suffisant pour faire le difficile concernant notre nourriture et force est de constater qu’on bouffe de la merde. À travers le sucre et les graisses saturées, les producteurs de nourriture ne cherchent qu’à nous rendre addicts à moindre coût au mépris le plus total de notre santé. Les aliments sont manipulés pour paraitre jolis en magasin, au détriment de leur composition. Depuis des décennies, des arnaques intellectuelles, parfois promues par nos gouvernements, ont servi les intérêts industriels (par exemple le fait de boire du lait pour renforcer les os ou le principe de la pyramide alimentaire, principe sans aucun fondement scientifique). Le complot est donc bel et bien réel !

    Le complot des complotistes

    Nous le sentons alors nous cherchons à préserver notre santé, à diminuer nos cancers en nous protégeant des ondes électromagnétiques et en bouffant bio. Ce qui, objectivement, pourrait avoir un impact positif. Très faible, mais ce n’est pas impossible.

    Mais vous savez ce qui a un impact majeur sur notre santé ?

    La cigarette, les pots d’échappement de voiture, l’alcool. Supprimez ces trois-là, dont deux sont à votre portée immédiate, et cela aura un million de fois plus d’effet que de bouffer bio et de mettre son GSM en mode avion la nuit. Pour un effet maximal, diminuez également la viande rouge, cancérigène établi, et faites 30 minutes d’exercice par jour.

    Ils sont là les complots qui en veulent à votre santé. Ils crèvent les yeux. C’est le lobby du tabac qui fait qu’il est légal de fumer en public, en empestant autour de soi. C’est le lobby automobile qui vous vend des SUV en vous faisant pester sur les embouteillages et en tuant les jeunes adultes inconscients qui roulent à pleine vitesse. C’est le lobby de l’alcool qui fait des cartes blanches contre le concept de « tournée minérale » en Belgique et qui subventionne les cercles étudiants, ce sont les Facebook et Google qui accaparent toute votre vie privée et mettent en place des procédés monopolistiques qui les rendent incontournables.

    Nous pouvons tous lutter contre ces complots qui nous menacent directement dans notre intégrité physique et mentale. Les plus grandes causes de mortalités évitables, hors suicide, peuvent se résumer à alcool, tabac et bagnole.

    Mais c’est très difficile de renoncer à sa clope, à sa bagnole et à son compte Facebook. Alors on poste contre les vaccins, contre les OGMs et contre la 5G. On manifeste contre ce qu’on ne peut pas vraiment changer. Quitte à se mettre en danger un fumant de l’herbe « bio », en buvant des alcools distillés artisanalement et en refusant les vaccins pour ses enfants. Tout en le clamant haut et fort sur Facebook.

    À force de remettre en question l’autorité, on se tourne alors vers des sources d’autorités sans aucune légitimité, mais qui nous font du bien. On prétend ne pas vouloir se faire manipuler et on va se mettre dans les pattes des intérêts commerciaux des gourous, des shamans et des vendeurs de cruches qui énergétisent l’eau. Sous prétexte de ne pas vouloir obéir, on en vient à faire exactement le contraire de ce que les autorités disent, sans réfléchir au fait qu’on est encore plus facilement manipulable, comme l’enfant qui dit toujours non et à qui on dit « Ne mange surtout pas ta soupe ! ».

    Si vous pensez qu’un domaine quelconque est corrompu, de l’industrie alimentaire à la recherche scientifique, vous avez probablement raison. Mais ce n’est pas contre le domaine en question qu’il faut lutter, c’est contre la corruption. L’industrie de l’alimentation biologique, celle du cannabis, celle des cristaux énergétiques et des réseaux de coaching anti-cancer astrologique sont tout aussi corrompus, tout comme l’est la politique écologique. Ils comportent une partie de gens honnêtes dilués dans une population ne cherchant qu’à vider votre portefeuille.

    Le plus dur à accepter c’est que, non, on ne nous cache pas la vérité. Elle est là, devant les yeux de qui veut bien la voir. Il n’y a rien de secret, rien de mystérieux. L’intelligence moyenne reste la même, quel que soit le niveau de richesse ou de pouvoir politique. Mais cette réalité est difficile à accepter, car elle n’offre pas de réponse toute faite, parce qu’elle n’offre aucune certitude, que des probabilités, parce qu’elle va très souvent en contradiction avec nos convictions et nos actions passées. Et parce que, si le complot est le plus souvent inventé ou exagéré, la souffrance qui en résulte est elle bien réelle.

    Pour aller plus loin :  complot du Covid et autres lectures

    « Vaincre les épidémies », par Didier Pittet et Thierry Crouzet.

    Inventeur du gel hydroalcoolique que nous utilisons désormais tous les jours, Didier Pittet est un spécialiste suisse mondialement reconnu des maladies infectieuses et des épidémies. Dans ce livre, il retrace sa découverte du Covid, sa comparaison avec les autres épidémies (H1N1, grippe aviaire) et son expérience de devenir l’expert de référence pour Macron, qui enverra un jet privé le chercher pour l’amener à une réunion de l’Élysée. Ce livre illustre donc à merveille la vision d’une personne qui fait partie du plus haut niveau de pouvoir en ce qui concerne le COVID. Au menu : incompétences à tous les niveaux de décisions, conflits politiques qui impactent des décisions qui devraient être purement scientifiques, tentatives pas souvent efficaces de manipuler l’opinion publique « dans le bon sens » à travers le marketing. Dans le COVID comme partout, les complots sont bel et bien présents, mais tellement petits, humains, mesquins…

    Didier Pittet vient d’être fait Docteur honoris causa de l’université où j’enseigne l’Open Source. Ce que je salue, car, avec la formule de son gel hydroalcoolique, il est un pionnier de l’Open Source dans le domaine de la santé.

    Thierry Crouzet revient sur la nécessité de créer un vaccin Open Source.


    https://tcrouzet.com/2020/12/02/je-veux-la-paix-dit-le-vaccin-mais-je-fais-la-guerre/

    Ce qui n’est malheureusement pas le cas, comme je l’ai raconté, à cause de la fondation Bill Gates.


    https://khn.org/news/rather-than-give-away-its-covid-vaccine-oxford-makes-a-deal-with-drugmaker/

    Dans son intervention, le parlementaire belge François De Smet tente de trouver un juste milieu entre les mesures anti-Covid et les libertés publiques. Loin de crier au complot, dans un sens ou dans l’autre, il milite pour un équilibre raisonnable. Cela devient tellement rare que cela mérite d’être souligné. De la même façon, il avait dénoncé les procédures entourant le marché des vaccins anti-covid tout en militant pour plus de transparence. Un politicien qui me fait plaisir. Il risque de ne pas avoir beaucoup de voix. D’ailleurs, il ne semble intéresser personne d’autre que moi.

    https://francoisdesmet.blog/2021/02/05/chambre-debat-covid-et-libertes-publiques/

    https://francoisdesmet.blog/2020/12/22/chambre-vaccins-et-transparence/

    Bad science, un livre et une chronique qui revient sur les arnaques scientifiques de l’industrie pharmaceutique, depuis Big Pharma aux laboratoires bio/indépendants qui fournissent les compléments alimentaires « alternatifs » (je n’ai pas lu le livre, je me fie à la critique de Cory Doctorow).


    https://memex.craphound.com/2010/10/19/bad-science-comes-to-the-usa-ben-goldacres-tremendous-woo-fighting-book-in-print-in-the-states/

    « Le cimetière de Prague », d’Umberto Eco. Avec sa verve habituelle, Eco nous plonge dans la vie d’un faussaire obligé de créer de toutes pièces les preuves d’un complot. Jouissif.

    Compte-rendu de l’incompétence des services secrets anglais


    https://www.bbc.co.uk/blogs/adamcurtis/entries/3662a707-0af9-3149-963f-47bea720b460

    Un très long témoignage sur comment les théories du complot nous manipulent et sur le parallèle entre la diététique « alternative », les religions et les complots politiques.


    https://wisetendersnob.medium.com/this-secret-message-could-change-your-life-wellness-culture-jesus-and-qanon-cd576e53c9c8

    Photo by Markus Spiske on Unsplash

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    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Thursday 04 February 2021 - 14:38

    How to create the long-lasting computer that will save your attention, your wallet, your creativity, your soul and the planet. Killing monopolies will only be a byproduct.

    Each time I look at my Hermes Rocket typewriter (on the left in the picture), I’m astonished by the fact that the thing looks pretty modern and, after a few cleaning, works like a charm. The device is 75 years old and is a very complex piece of technology with more than 2000 moving parts. It’s still one of the best tools to focus on writing. Well, not really. I prefer the younger Lettera 32, which is barely 50 years old (on the right in the picture).

    Typewriters are incredibly complex and precise piece of machinery. At their peak in the decades around World War II, we built them so well that, today, we don’t need to build any typewriters anymore. We simply have enough of them on earth. You may object that it’s because nobody uses them anymore. It’s not true. Lots of writers keep using them, they became trendy in the 2010s and, to escape surveillance, some secret services started to use them back. It’s a very niche but existing market.

    Let’s that idea sink in: we basically built enough typewriters for the world in less than a century. If we want more typewriters, the solution is not to build more but to find them in attics and restore them. For most typewriters, restoration is only a matter of taking the time to do it. There’s no complex skills or tools involved. Even the most difficult operations could be learned alone, by simple trial and error. The whole theory needed to understand a typewriter is the typewriter itself.

    By contrast, we have to change our laptops every three or four years. Our phones every couple of years. And all other pieces of equipment (charger,router, modem,printers,…) need to be changed regularly.

    Even with proper maintenance, they simply fade out. They are not compatible with their environment anymore. It’s impossible for one person alone to understand perfectly what they are doing, let alone repair them. Batteries wear out. Screen cracks. Processors become obsolete. Software becomes insecure when they don’t crash or refuse to launch.

    It’s not that you changed anything in your habits. You still basically communicate with people, look for information, watch videos. But today your work is on Slack. Which requires a modern CPU to load the interface of what is basically a slick IRC. Your videoconference software uses a new codec which requires a new processor. And a new wifi router. Your mail client is now 64 bits only. If you don’t upgrade, you are left out in the cold.

    Of course, computers are not typewriters. They do a lot more than typewriters.

    But could we imagine a computer built like a typewriter? A computer that could stay with you for your lifetime and get passed to your children?

    Could we build a computer designed to last at least fifty years?

    Well, given how we use the resources of our planet, the question is not if we could or not. We need to do it, no matter what.

    So, how could we build a computer to last fifty years ? That’s what I want to explain in this essay. In my notes, I’m referring to this object as the #ForeverComputer. You may find a better name. It’s not really important. It’s not the kind of objects that will have a yearly keynote to present the new shiny model and ads everywhere telling us how revolutionary it is.

    Focusing on timeless use cases

    There’s no way we can predict what will be the next video codec or the next wifi standard. There’s no point in trying to do it. We can’t even guess what kind of online activity will be trendy in the next two years.

    Instead of trying to do it all, we could instead focus on building a machine that will do timeless activities and do them well. My typewriter from 1944 is still typing. It is still doing something I find useful. Instead of trying to create a generic gaming station/Netflix watching computer, let’s accept a few constraints.

    The machine will be built to communicate in written format. It means writing and reading. That covers already a lot of use cases. Writing documents. Writing emails. Reading mails, documents, ebooks. Searching on the network for information. Reading blogs and newsletters and newsgroups.

    It doesn’t seem much but, if you think about it, it’s already a lot. Lots of people would be happy to have a computer that does only that. Of course, the graphic designers, the movie makers and the gamers would not be happy with such a computer. That’s not the point. It’s just that we don’t need a full-fledged machine all the time. Dedicated and powerful workstations would still exist but could be shared or be less often renewed if everybody had access to its own writing and reading device.

    By constraining the use cases, we create lots of design opportunities.

    Hardware

    The goal of the 50-year computer is not to be tiny, ultra-portable and ultra-powerful. Instead, it should be sturdy and resilient.

    Back in the typewriter’s day, a 5 kg machine was considered as ultraportable. As I was used to a 900 g MacBook and felt that my 1,1kg Thinkpad was bulky, I could not imagine being encumbered. But, as I started to write on a Freewrite (pictured between my typewriters), I realised something important. If we want to create long-lasting objects, the objects need to be able to create a connection with us.

    A heavier and well-designed object feels different. You don’t have it always with you just in case. You don’t throw it in your bag without thinking about it. It is not there to relieve you from your boredom. Instead, moving the object is a commitment. A conscious act that you need it. You feel it in your hands, you feel the weight. You are telling the object: « I need you. You have a purpose. » When such a commitment is done, the purpose is rarely « scroll an endless stream of cat videos ». Having a purpose makes it harder to throw the object away because a shiny new version has been released. It also helps draw the line between the times where you are using the object and the times you are not.

    Besides sturdiness, one main objective from the ForeverComputer would be to use as little electricity as possible. Batteries should be easily swappable.

    In order to become relevant for the next 50 years, the computer needs to be made of easily replaceable parts. Inspirations are the Fairphone and the MNT Reform laptop. The specifications of all the parts need to be open source so anybody can produce them, repair them or even invent alternatives. The parts could be separated in a few logical blocks : the computing unit, which include a motherboard, CPU and RAM, the powering unit, aka the battery, the screen, the keyboard, the networking unit, the sound unit and the storage unit. All of this come in a case.

    Of course, each block could be made of separate components that could be fixed but making clear logical blocks with defined interfaces allows for easier compatibility.

    The body requires special attention because it will be the essence of the object. As for the ship of Theseus, the computer may stay the same even if you replace every part. But the enclosing case is special. As long as you keep the original case, the feeling toward the object would be that nothing has changed.

    Instead of being mass-produced in China, ForeverComputers could be built locally, from open source blueprints. Manufacturers could bring their own skills in the game, their own experience. We could go as far as linking each ForeverComputer to a system like Mattereum where modifications and repairs will be listed. Each computer would thus be unique, with a history of ownership.

    As with the Fairphone, the computer should be built with materials as ethical as possible. If you want to create a connection with an object, if you want to give him a soul, that object should be as respectful of your ethical principles as possible.

    Opiniated choices

    As we made the choice to mostly use the computer for written interaction, it makes sense, in the current affair of the technology, to use an e-ink screen. E-ink screens save a lot of power. This could make all the difference between a device that you need to recharge every night, replacing the battery every two years, and a device that basically sit idle for days, sometimes weeks and that you recharge once in a while. Or that you never need to recharge if, for example, the external protective case comes with solar panels or an emergency crank.

    E-ink is currently harder to use with mouses and pointing devices. But we may build the computer without any pointing device. Geeks and programmers know the benefit of keyboard oriented workflows. They are efficient but hard to learn.

    With dedicated software, this problem could be smartly addressed. The Freewrite has a dedicated part of the screen, mostly used for text statistics or displaying the time. The concept could be extended to display available commands. Most people are ready to learn how to use their tools. But, by changing the interface all the time with unexpected upgrades, by asking designers to innovate instead of being useful, we forbid any long-term learning, considering users as idiots instead of empowering them.

    Can we create a text-oriented user interface with a gradual learning curve? For a device that should last fifty years, it makes sense. By essence, such device should reveal itself, unlocking its powers gradually. Careful design will not be about « targeting a given customer segment » but « making it useful to humans who took the time to learn it ».

    Of course, one could imagine replacing the input block to have a keyboard with a pointing device, like the famous Thinkpad red dot. Or a USB mouse could be connected. Or the screen could be a touchscreen. But what if we tried to make it as far as we could without those?

    E-ink and no pointing would kill the endless scrolling, forcing us to think of the user interface as a textual tool that should be efficient and serve the user, even if it requires some learning. Tools need to be learned and cared. If you don’t need to learn it, if you don’t need to care for it, then it’s probably not a tool. You are not using it, you are the one used.

    Of course, this doesn’t mean that every user should learn to program in order to be able to use it. A good durable interface requires some learning but doesn’t require some complex mental models. You understand intuitively how a typewriter works. You may have to learn some more complex features like tabulations. But you don’t need to understand how the inside mechanism works to brink the paper forward with each key press.

    Offline first

    Our current devices expect to be online all the time. If you are disconnected for whatever reason, you will see plenty of notifications, plenty of errors. In 2020, MacOS users infamously discovered that their OS was sending lots of information to Apple’s servers because, for a few hours, those servers were not responding, resulting in an epidemic of bugs and error. At the same time, simply trying to use my laptop offline allowed me to spot a bug in the Regolith Linux distribution. Expecting to be online, a small applet was trying to reconnect furiously, using all the available CPU. The bug was never caught before me because very few users go offline for an extended period of time (it should be noted that it was fixed in the hours following my initial report, open source is great).

    This permanent connectivity has a deep effect on our attention and on the way we use computers. By default, the computer is notifying us all the time with sounds and popups. Disabling those requires heavy configuration and sometimes hack. On MacOS, for example, you can’t enable No Disturb mode permanently. By design, not being disturbed is something that should be rare. The hack I used was to configure the mode to be set automatically between 3AM and 2AM.

    When you are online, your brain knows that something might be happening, even without notification. There might be a new email waiting for you. A new something on a random website. It’s there, right on your computer. Just move the current window out of the way and you may have something that you are craving: newness. You don’t have to think. As soon as you hit some hard thought, your fingers will probably spontaneously find a diversion.

    But this permanent connectivity is a choice. We can design a computer to be offline first. Once connected, it will synchronise everything that needs to be: mails will be sent and received, news and podcasts will be downloaded from your favourite websites and RSS, files will be backuped, some websites or gemini pods could even be downloaded until a given depth. This would be something conscious. The state of your sync will be displayed full screen. By default, you would not be allowed to use the computer while it is online. You would verify that all the sync is finished then take the computer back offline. Of course, the full screen could be bypassed but you would need to consciously do it. Being online would not be the mindless default.

    This offline first design would also have a profound impact on the hardware. It means that, by default, the networking block could be wired. All you need is a simple RJ-45 plug.

    We don’t know how wifi protocols will change. There are good chance that today’s wifi will not be supported by tomorrow’s routers or only as a fallback alternative. But chances are that RJ-45 will stay for at least a few decades. And if not RJ-45, a simple adaptor could be printed.

    Wifi has other problems: it’s a power hog. It needs to always scan the background. It is unreliable and complex. If you want to briefly connect to wifi, you need to enable wifi, wait for the background scan, choose the network where to connect, cross your fingers that it is not some random access point that wants to spy your data, enter the password. Wait. Reenter that password because you probably wrote a zero instead of a O. Wait. It looks to be connected. Is it? Are the files synchronised? Why was the connection interrupted? Am I out of range? Are the walls too thick?

    By contrast, all of this could be achieved by plugging a RJ-45 cable. Is there a small green or orange light? Yes, then the cable is well plugged, problem solved. This also adds to the consciousness of connection. You need to walk to a router and physically connect the cable. It feels like loading the tank with information.

    Of course, the open source design means that anybody could produce a wifi or 5G network card that you could plug in a ForeverComputer. But, as with pointing devices, it is worth trying to see how far we could go without it.

    Introducing peer-to-peer connectivity

    The Offline First paradigm leads to a new era of connectivity: physical peer to peer. Instead of connecting to a central server, you could connect two random computers with a simple cable.

    During this connection, both computers will tell each other what they need and, if by any chance they can answer one of those needs, they will. They could also transmit encrypted messages for other users, like bottles in the sea. If you ever happen to meet Alice, please give her this message.

    Peer-to-peer connectivity implies strong cryptography. Private information should be encrypted with no other metadata than the recipient. The computer connecting to you have no idea if you are the original sender or just one node in the transmission chain. Public information should be signed, so you are sure that they come from a user you trust.

    This also means that our big hard disks would be used fully. Instead of sitting on a lot of empty disk spaces, your storage will act as a carrier for others. When full, it will smartly erase older and probably less important stuff.

    In order to use my laptop offline, I downloaded Wikipedia, with pictures, using the software Kiwix. It only takes 30Go of my hard drive and I’m able to have Wikipedia with me all the time. I only miss a towel to be a true galactic hitchhiker.

    In this model, big centralised servers only serve as a gateway to make things happen faster. They are not required anymore. If a central gateway disappears, it’s not a big deal.

    But it’s not only about Wikipedia. Protocols like IPFS may allow us to build a whole peer-to-peer and serverless Internet. In some rural areas of the planet where broadbands are not easily available, such Delay Tolerant Networks (DTNs) are already working and extensively used, including to browse the web.

    Software

    It goes without saying that, in order to built a computer that could be used for the next 50 years, every software should be open source.

    Open source means that bugs and security issues could be solved long after the company that coded them has disappeared. Once again, look at typewriters. Most companies have disappeared or have been transformed beyond any recognition (try to bring back your IBM Selectric to an IBM dealer and ask for a repair, just to see the look on their face. And, yes, your IBM Selectric is probably exactly 50 years old). But typewriters are still a thing because you don’t need a company to fix them for you. All you need is a bit of time, dexterity and knowledge. For missing parts, other typewriters, sometimes from other brands, can be scavenged.

    For a fifty-year computer to hit the market, we need an operating system. This is the easiest part as the best operating systems out there are already open source. We also need a user interface who should be dedicated to our particular needs. This is hard work but doable.

    The peer-to-peer offline-first networking part is probably the most challenging part. As said previously, essential pieces like IPFS already exist. But everything needs to be glued together with a good user interface.

    Of course, it might make sense to rely on some centralised servers first. For example, building on Debian and managing to get all dedicated features uploaded as part of the Official Debian repository already offers some long-term guarantees.

    The main point is to switch our psychological stance about technological projects. Let’s scrap the Silicon Valley mentality of trying to stay stealthy then to suddenly try to get as many market share as possible in order to hire more developers.

    The very fact that I’m writing this in the public is a commitment to the spirit of the project. If we ever manage to build a computer which is usable in 50 years and I’m involved, I want it highlighted that since the first description, everything was done in the open and free.

    More about the vision

    A computer built to last 50 years is not about market shares. It’s not about building a brand, raising money from VC and being bought by a monopoly. It’s not about creating a unicorn or even a good business.

    It’s all about creating a tool to help humanity survive. It’s all about taking the best of 8 billion brains to create this tool instead of hiring a few programmers.

    Of course, we all need to pay bills. A company might be a good vehicle to create the computer or at least parts of it. There’s nothing wrong with a company. In fact, I think that a company is currently the best option. But, since the very beginning, everything should be built by considering that the product should outlast the company.

    Which means that customers will buy a tool. An object. It will be theirs. They could do whatever they want with it afterward.

    It seems obvious but, nowadays, nearly every high technological item we have is not owned by us. We rent them. We depend on the company to use them. We are not allowed to do what we want. We are even forced to do things we don’t want such as upgrading software at an inappropriate time, sending data about us and hosting software we don’t use that can’t be removed or using proprietary clouds.

    When you think about it, the computer built to last 50 years is trying to address the excessive consumption of devices, to fight monopolies, to claim back our attention, our time and our privacy and free us from abusive industries.

    Isn’t that a lot for a single device? No because those problems are all different faces of the same coin. You can’t fight them separately. You can’t fight on their own grounds. The only hope? Changing the ground. Changing the rules of the game.

    The ForeverComputer is not a replacement. It will not be better than your MacBook or your android tablet. It will not be cheaper. It will be different. It will be an alternative. It will allow you to use your time on a computer differently.

    It doesn’t need to replace everything else to win. It just needs to exist. To provide a safe place. Mastodon will never replace Twitter. Linux desktop never replaced Windows. But they are huge successes because they exist.

    We can dream. If the concept becomes popular enough, some businesses might try to become compatible with that niche market. Some popular websites or services may try to become available on a device which is offline most of the time, which doesn’t have a pointer by default and which has only an e-ink screen.

    Of course, those businesses would need to find something else than advertising, click rates and views to earn money. That’s the whole point. Each opportunity to replace an advertising job (which includes all the Google and Facebook employees) by an honest way to earn money is a step in destroying our planet a bit less.

    Building the first layers

    There’s a fine equilibrium at play when an innovation tries to change our relationship with technology. In order to succeed, you need technologies, a product and contents. Most technologists try to build technologies first, then products on top of it then waits for content. It either fails or become a niche thingy. To succeed, there should be a game of back and forth between those steps. People should gradually use the new products without realising it.

    The ForeverComputer that I described here would never gain real traction if released today. It would be incompatible with too much of the content we consume every day.

    The first very small step I imagined is building some content that could, later, be already compatible. Not being a hardware guy (I’m a writer with a software background), it’s also the easiest step I could do today myself.

    I call this first step WriteOnly. It doesn’t exist yet but is a lot more realistic than the ForeverComputer.

    WriteOnly, as I imagine it, is a minimalist publishing tool for writers. The goal is simple : write markdown text files on your computer. Keep them. And let them published by WriteOnly. The readers will choose how they read you. They can read it on a website like a blog, receive your text by email or RSS if they subscribed, they can also choose to read you through Gemini or DAT or IPFS. They may receive a notification through a social network or through the fediverse. It doesn’t matter to you. You should not care about it, just write. Your text files are your writing.

    Features are minimal. No comments. No tracking. No statistics. Pictures are dithered in greyscale by default (a format that allows them to be incredibly light while staying informative and sharper than full-colour pictures when displayed on an e-ink screen).

    The goal of WriteOnly is to stop having the writers worrying about where to post a particular piece. It’s also a fight against censorship and cultural conformity. Writers should not try to write to please the readers of a particular platformn according to the metrics of that platform moguls. They should connect with their inner selves and write, launching words into the ether.

    We never know what will be the impact of our words. We should set our writing free instead of reducing it to a marketing tool to sell stuff or ourselves.

    The benefit of a platform like WriteOnly is that adding a new method of publishing would automatically add all the existing content to it. The end goal is to have your writing available to everyone without being hosted anywhere. It could be through IPFS, DAT or any new blockchain protocol. We don’t know yet but we can already work on WriteOnly as an open source platform.

    We can also already work on the ForeverComputer. There will probably be different flavours. Some may fail. Some may reinvent personal computing as we know it.

    At the very least, I know what I want tomorrow.

    I want an open source, sustainable, decentralised, offline-first and durable computer.

    I want a computer built to last 50 years and sit on my desk next to my typewriter.

    I want a ForeverComputer.

    Make it happen

    As I said, I’m a software guy. I’m unlikely to make a ForeverComputer happen alone. But I still have a lot of ideas on how to do it. I also want to focus on WriteOnly first. If you think you could help make it a reality and want to invest in this project contact me on lionel at ploum.net.

    If you would like to use a ForeverComputer or WriteOnly, you can either follow this blog (which is mostly in French) or subscribe here to a dedicated mailing list. I will not sell those emails, I will not share them and will not use them for anything else than telling you about the project when it becomes reality. In fact, there’s a good chance that no mail will ever be sent to that dedicated mailing list. And to make things harder, you will have to confirm your email address by clicking on a link in a confirmation mail written in French.

    Further Reads

    « The Future of Stuffs », by Vinay Gupta. A short, must-read, book about our relationship with objects and manufacturing.

    « The Typewriter Revolution », by Richard Polt. A complete book and guide about the philosophy behind typewriters in the 21st century. Who is using them, why and how to use one yourself in an era of permanent connectivity.

    NinjaTrappeur home built a digital typewriter with an e-ink screen in a wooden case:
    https://alternativebit.fr/posts/ultimate-writer/

    Another DIY project with an e-ink screen and a solar panel included:
    https://forum.ei2030.org/t/e-ink-low-power-cpu-solar-power-3-sides-of-the-same-lid/82

    SL is using an old and experimental operating system (Plan9) which allows him to do only what he wants (mails, simple web browsing and programming).
    http://helpful.cat-v.org/Blog/2019/12/03/0/

    Two artists living off the grid on a sail boat and connecting only rarely.
    https://100r.co/site/working_offgrid_efficiently.html

    « If somebody would produce a simple typewriter, an electronic typewriter that was silent, that I could use on airplanes, that would show me a screen of 8 1/2 by 11, like a regular page, and I could store it and print it out as a manuscript, I would buy one in a second! » (Harlan Ellison, SF writer and Startrek scenarist)
    http://harlanellison.com/interview.htm

    LowTech magazine has an excellent article about low-tech Internet, including Delay Tolerant Networks.
    https://solar.lowtechmagazine.com/2015/10/how-to-build-a-low-tech-internet.html

    Another LowTech magazine article about the impact typewriters and computers had on office work.
    https://solar.lowtechmagazine.com/2016/11/why-the-office-needs-a-typewriter-revolution.html

    UPDATE 6th Feb 2020 : Completely forgot about Scuttlebutt, which is an offline-first, p2p social network. It does exactly what I’m describing here to communicate.

    https://scuttlebutt.nz/get-started/

    A good very short introduction about it on BoingBoing :

    https://boingboing.net/2017/04/07/bug-in-tech-for-antipreppers.html

    UPDATE 8th Feb 2020 : The excellent « Tales from the Dork Web » has an issue on The 100 Year Computer which is strikinly similar to this piece.

    https://thedorkweb.substack.com/p/the-100-year-computer

    I also add this attempt at a Offline-first protocol : the Pigeon protocol :

    https://github.com/PigeonProtocolConsortium/pigeon-spec

    And another e-ink DIY typewriter :

    https://hackaday.com/2019/02/18/offline-e-paper-typewriter-lets-you-write-without-distractions/

    UPDATE 15th Feb 2020 : Designer Micah Daigle has proposed the concept of the Prose, an e-ink/distraction free laptop.

    https://medium.com/this-should-exist/prose-a-distraction-free-e-ink-laptop-for-thinkers-writers-4182a62d63b2

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir et de m’aider à diffuser mes idées !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Friday 15 January 2021 - 13:06

    Le XVIIIe siècle et les réseaux présociaux

    En 1793, au cœur de la Révolution française, la plupart des députés girondins, particulièrement les brissotins, sont arrêtés et exécutés par les Montagnards dirigés par Robespierre. C’est la fameuse Terreur durant laquelle Robespierre voit dans la moindre idée modérée une menace contre la révolution.

    Bien qu’il ne soit pas officiellement Girondin, un mandat d’arrestation est également émis contre le député, mathématicien et philosophe Condorcet, ami de Brissot. Condorcet est un idéaliste optimiste. Opposé à la peine de mort, il s’est refusé à voter pour l’exécution de Louis XVI, crime contre-révolutionnaire s’il en est.

    Piètre orateur, Condorcet est un homme d’écrit d’une grande finesse et d’une grande intelligence, mais avec des compétences sociales limitées. S’il a utilisé sa plume essentiellement pour étudier les mathématiques, notablement celle du vote, et défendre ses idéaux (très en avance sur leur temps, notamment sur l’égalité des droits des hommes, des femmes, des noirs, sur la nécessité d’une éducation gratuite obligatoire et de qualité voire même sur une forme de revenu de base), il n’hésite pas à la tremper dans le fiel pour critiquer vivement les différents extrémistes que sont pour lui Robespierre ou Marat.

    Car, au 18e siècle, pas besoin de Facebook pour s’insulter publiquement. Les publications, souvent éphémères et autoéditées, se suivent et se répondent avec virulence pour le plus grand plaisir des Parisiens. Le troll le plus célèbre étant assurément Voltaire.

    Forcé de se cacher dans une petite chambre pour ne pas être guillotiné comme ses camarades, Condorcet va d’abord écrire toute sa rage, tenter de rétablir la vérité à travers des missives qu’il fait parvenir à différentes publications.

    Percevant qu’il s’épuise et dépérit, Sophie de Condorcet, son épouse et complice, lui enjoint d’arrêter d’écrire contre les autres et le convainc d’écrire pour lui. Écoutant les conseils de son épouse, Condorcet va se mettre à rédiger ce qui sera son Opus Magna : « Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain ».

    Bien que pourchassé et ayant vu ses amis guillotinés, Condorcet aux abois et sentant sa fin proche livre un plaidoyer humaniste et optimiste sur le futur de l’humanité. Le manuscrit achevé, il quittera sa chambre au bout de neuf mois par crainte de faire condamner sa logeuse. La brave dame sait qu’elle sera guillotinée sans procès si Condorcet est trouvé chez elle, elle refuse néanmoins à le laisser sortir et celui-ci doit user d’un subterfuge pour s’éclipser. Après deux jours d’errances, Condorcet est arrêté comme étant suspect, mais pas reconnu. Le temps de l’enquête, il est placé dans une petite prison locale où il décèdera mystérieusement. Suicide ou crise cardiaque liée à une piètre santé ? On ne le saura jamais.

    L’histoire de Condorcet me revient à l’esprit chaque fois que je vois passer des débats, des attaques, des réponses détaillées à ces attaques (souvent de bonne foi). C’est une histoire à garder en mémoire chaque fois que l’envie vous prendra d’interagir sur les réseaux sociaux ou de pondre un virulent billet de blog à charge.

    Livres vs réseaux

    Car les réseaux sociaux sont mathématiquement bien pires que ce qu’on imaginait. Même si on construisait un réseau social éthique/bio/fairtrade/cycliste/sans gluten qui ne tente pas de nous vendre n’importe quelle merde ni de nous faire réagir à tout prix, le simple fait que ce soit un réseau social est suffisant pour que la qualité des messages mis en avant soit inversement proportionnelle au nombre de messages sur ledit réseau.

    En résumé : au plus il y’a de messages, au plus votre lecture ne sera qu’un petit pourcentage des messages (logiques) et au plus la qualité moyenne des messages baissera.

    => http://meta.ath0.com/2020/12/social-notwork/

    La conclusion optimiste c’est qu’il est difficile de faire un plus grand réseau que Facebook, que leurs algorithmes tirent encore plus la qualité vers le bas et que, mathématiquement, on aurait touché le fond. Ce que vous lisez sur Facebook serait donc la lie de l’humanité, le pire du pire.

    La bonne nouvelle, c’est que si vous vous éloignez un instant de l’écran, que vous allez jusqu’à la bibliothèque municipale (voire celle de votre salon qui est devenue purement décorative depuis que vous avez un smartphone), vous trouverez des tas de choses à lire qui représente généralement le meilleur de l’humanité (particulièrement les vieux livres qui restent classiques ou populaires). Je vous invite à essayer, vous allez voir, l’effet est saisissant ! (même si c’est perturbant de ne pas avoir des notifications et des discussions qui interrompent la lecture).

    Bon, encore faut-il que les éditeurs jouent leur rôle :  celui de forcer les artistes à innover, à sortir des sentiers battus. Malheureusement, ils font exactement le contraire en tentant de formater les œuvres, d’éviter de prendre des risques pour s’assurer une rentabilité. Or, les réels succès seront originaux.

    => https://unspicilege.org/index.php?post/Des-auteurs-et-des-artistes

    Grandir pour vendre de la merde

    Il semble y avoir un fil conducteur. Plus on devient grand, plus on produit de la merde. Comme le souligne Vinay Gupta dans son excellent « The Future Of Stuff » (livre très court qui ressemble au Capital de Marx live-tweeté par un cyberpunk sous amphés), le but du tailleur est de faire des vêtements qui vous aillent bien. C’est l’essence de son métier, de sa réputation, de son business. Le but d’un producteur de vêtements est de les vendre. C’est très différent. Le métier est différent et les produits seront différents. En fait, le vêtement peut même être immettable, on s’en fout s’il se vend.

    Et lorsqu’une grosse entreprise se retrouve, par erreur, à faire un bon produit, elle s’arrange immédiatement pour corriger le tir. Désolé, on l’a pas fait exprès.

    Pour ceux qui ont installé des réseaux wifi dans les années 2010, le WRT54G de Linksys était le meilleur routeur qu’il était possible d’acheter. La raison ? On pouvait flasher le firmware pour le remplacer par un logiciel open source permettant plein de choses (comme de servir de répétiteur, de configurer la puissance de chacune des antennes, d’installer un firewall, etc. Perso, j’utilisais DD-WRT). Mais ce n’était en fait pas volontaire. Linksys avait sous traité la gestion de la puce à Broadcom qui avait lui-même sous-traité le développement du firmware à une obscure boîte asiatique, laquelle avait tout simplement mis un Linux. Or, Linux étant sous GPL, il a bien fallu rendre les sources publiques.

    Cela ne faisait pas les affaires de Cisco, qui venait de racheter Linksys, pour une raison toute simple : le firmware open source offrait des fonctionnalités normalement réservées aux produits bien plus onéreux. L’astuce qu’a trouvée Cisco ? Sortir une nouvelle version du WRT54G avec un processeur moins puissant et moins de mémoire, histoire d’empêcher la version open source de tourner.

    Ce qui illustre bien que le but d’une entreprise n’est, en règle générale, pas de faire un bon produit pour les consommateurs, mais, au contraire, tenter de les forcer à acheter la plus mauvaise qualité possible.

    => https://tedium.co/2021/01/13/linksys-wrt54g-router-history/

    L’idéologie de la Silicon Valley est qu’il faut soit croître au point de contrôler le monde, soit se faire racheter par un plus gros, soit disparaitre. Gardons à l’esprit que ce n’est qu’une idéologie. Et que nous sommes en train d’en subir les effets néfastes. Non, Gemini ou Mastodon ne remplaceront pas le web et Twitter. On s’en fout. Le but est d’être une alternative, pas un remplacement.

    Mon premier conseil ? Évitez de travailler pour les grands monopoles.

    Drew DeVault explique pourquoi c’est une mauvaise idée de bosser pour les GAFAM. Une mauvaise idée à la fois pour vous et pour le monde. Même si vous êtes super bien payé, vous jouez à la roulette russe avec votre avenir.

    => https://drewdevault.com/2021/01/01/Megacorps-are-not-your-dream-job.html

    La vie privée et le respect mutuel

    Mon second conseil ?

    Même si tout cela vous passe par-dessus la tête, faites un effort d’écouter lorsque les gens qui s’intéressent au sujet expliquent des choses. Pour le moment, si vous utilisez Whatsapp, on vous demande certainement d’installer Signal.

    Et bien, faites-le ! Ça ne vous coûte que quelques minutes d’effort et quelques mégaoctets d’espace sur votre téléphone.

    Je sais bien que vous avez déjà trois messageries, que vous vous en foutez, que vous n’avez rien à cacher.

    Mais c’est par simple respect des autres. En installant Whatsapp, vous avez fourni à Facebook tout votre carnet d’adresses, y compris ceux qui ne souhaitent pas être sur Facebook. La moindre des choses que vous pouvez faire est de permettre à vos amis pour qui c’est important de vous contacter sur Signal. Personne ne vous demande d’abandonner Whatsapp. On vous demande juste de ne pas rajouter à la pression sociale d’utiliser un service Facebook.

    C’est comme pour les fumeurs : on ne vous demande pas d’arrêter de fumer, mais juste de ne pas nous forcer à fumer (même si, pour reprendre l’analogie, nous continuons à subir le tabagisme passif).

    Alors, oui, Signal n’est pas parfait. Mais il est très bien alors installez-le par simple soutien citoyen envers ceux qui ne souhaitent pas être totalement pistés par Facebook. C’est bien leur droit, non ? En fait, la question est plutôt inverse : en quoi auriez-vous le droit d’imposer Whatsapp à vos contacts qui ne le souhaitent pas ?

    => https://standblog.org/blog/post/2021/01/13/Par-quoi-remplacer-WhatsApp

    Si vous voulez aller plus loin dans l’exploration de la protection de la vie privée, voici le plug-in pour navigateur que j’attendais : Privacy Redirect. Il redirige Twitter, Instagram, Youtube, Reddit, Google Maps et Google vers des « miroirs » ou des alternatives qui préservent la vie privée tout en vous permettant d’accéder au contenu. C’est bien entendu complètement configurable et il est facile de désactiver un filtre particulier temporairement. J’utilise Teddit pour accéder aux liens Reddit et j’ai installé le logiciel Freetube, qui s’ouvre en dehors du navigateur, et permet de visualiser les vidéos Youtube rapidement et sans pub! J’ai également découvert que si l’interface d’Open Street Maps n’est pas aussi facile que celle de Google Maps, les résultats sont tout à fait utilisables. Je n’ai même pas besoin de me forcer : je tape machinalement « maps » et arrive sur openstreetmaps. Bon, pour la recherche, je reste à Duckduckgo parce que Searx est vraiment très expérimental.

    Bref, un excellent outil pour tenter de changer ses habitudes à moindre effort.

    => https://github.com/SimonBrazell/privacy-redirect

    S’informer hors des monopoles

    Pour s’informer en dehors des réseaux sociaux, il reste les bons vieux flux RSS, les mailings-liste et même… Gemini. Je vous explique ma routine matinale pour lire Gemini grâce au client en ligne de commande AV-98. C’est très geek, ce n’est pas pour tout le monde, mais ça me change des onglets ouverts dans tous les sens.

    => https://linuxfr.org/users/ploum/journaux/augmenter-le-rendement-de-votre-moulage-de-pres-de-174

    J’ai d’ailleurs lancé mon gemlog, en anglais.

    => gemini://rawtext.club/~ploum/

    Si Gemini ne vous intéresse pas, vous pouvez vous en passer sans soucis. Si vous avez raté mon billet expliquant ce qu’est Gemini, le voici.

    => https://ploum.net/gemini-le-protocole-du-slow-web/

    Ce qu’il y’a de rafraichissant avec Gemini, c’est l’impression de lire des textes tout simplement humains. Il n’y a pas de volonté de convaincre, pas de followers, pas de likes, pas de statistiques. Il y’a un plaisir calme à lire des avis, même complètement divergents, sur Gemini. Le fait d’être en ligne de commande et sans images y est également pour beaucoup.

    Mais j’avoue que Gemini est encore limité. Je m’informe et m’inspire principalement par flux RSS.

    Si je ne devais garder qu’un seul flux RSS, ce serait le Pluralistic de Cory Doctorow. Chaque jour, Cory poste un long billet composé de plusieurs sujets qu’il développe brièvement. C’est super intéressant, super bien résumé. Comme il poste ça sur Twitter, Mastodon, sa mailing-liste, son site web et Tumblr, que chaque billet vient avec des images et un colophon, je lui avais demandé quelle était sa technique de travail. Il m’avait répondu qu’il comptait justement en parler pour fêter le premier anniversaire de Pluralistic.

    Je trouvais que, même avec de bons outils et bien automatisé, le tout devait être un travail de titan. Il s’avère que Cory n’utilise pas d’outils particuliers. Pire, il se complique la vie en postant tout d’abord dans Twitter puis en copiant/collant dans Mastodon et Tumblr puis en remettant tout dans un fichier XML qu’il édite à la main. Il va jusqu’à écrire à la main le code HTML pour la licence Creative Commons. Et faire ses montages photos dans Gimp. Et ça, tous les jours !

    Insupportable pour un programmeur. Un lecteur l’a tellement pris en pitié qu’il lui a fait un script python pour simplifier certaines opérations. Cela reste néanmoins complètement inefficace. Mais une petite référence a attiré mon attention. Son père faisait de la mise en page de publications à la main, en coupant des morceaux de papier et les collant pour faire des compositions. Cory a l’impression de refaire le même travail.

    Et peut-être que cette inefficacité est essentielle pour lui permettre de digérer ce qu’il a lu, de relire ce qu’il écrit. En étant inefficace, il est immergé plusieurs heures dans ce qu’il a écrit. Il ne cherche pas à optimiser ses clicks, ses visiteurs. Il ne cherche pas à poster rapidement, à être efficace. Il est tailleur et non pas producteur de vêtements. Force est de constater que cela se sent.

    => https://pluralistic.net/2021/01/13/two-decades/

    Bds et pub obligatoire pour Printeurs

    Outre les flux et les biographies de Condorcet, je lis aussi des Bds.

    Je viens de terminer le 4e tome d’Aspic, par Gloris et Lamontagne. Une série vraiment brillante. Ce n’est pas un chef-d’œuvre absolu, mais lorsqu’un très bon dessin se met au service de personnages particulièrement attachants et d’une véritable histoire, il serait malvenu de bouder notre plaisir.

    Loin d’être une série à rallonge avec une intrigue infinie (coucou XIII et Sillage), Aspic propose plutôt des enquêtes en deux tomes, enquêtes qui mélangent allègrement un côté enfantin et un côté adulte assez sombre.

    À propos de livres adultes et sombres, Tonton Alias a fait une critique de Printeurs où il me compare… à Cory Doctorrow !

    Je rapprocherais Printeurs des romans d’anticipation technologiques de Cory Doctorow. J’y ai trouvé quelques idées vraiment brillantes, comme l’idée du ciblage publicitaire comme outil de drague ou de surveillance.

    Il a aussi quelque chose qui manque souvent aux bouquins de Doctorow: une intrigue trépidante. C’est un bon page-turner.

    => https://alias.erdorin.org/printeurs-de-ploum/

    Il émet également des remarques négatives avec lesquelles je suis relativement d’accord. Pour les véritables amateurs de SF, Printeurs est un brin désuet. C’était assumé, car pensé au départ comme un hommage aux séries pulp des années 50. Je prends note pour m’améliorer.

    Ceci dit, si vous n’êtes pas convaincu, je vous invite à lire ce qu’en disent Sebsauvage et d’autres mastonautes :

    => https://sebsauvage.net/links/?SlHGmQ

    Notamment Sebiii et Pyves, qui se plaignent d’avoir failli faire une nuit blanche à cause de moi.

    => https://mastodon.social/@Sebiiiii/105321398407717687
    => https://framapiaf.org/@Pyves/105389956170119860

    Purexo m’a également fait le plaisir de publier une critique de Printeurs… sur Gemini ! Je me demande si Printeurs est le premier roman critiqué sur Gemini.

    => gemini://purexo.mom/blog/2020/12-16-critique-printeurs.gmi

    Si cela vous a convaincu, voici le lien pour commander :

    => https://www.plaisirvaleurdhistoire.com/shop/38-printeurs

    Mais si ce genre de SF n’est pas votre truc, je comprends parfaitement. J’espère vous surprendre agréablement avec mes futurs écrits.

    Je vous remercie d’avoir accordé du temps pour me lire. Vous écrire à vous, mes abonnés ou lecteurs occasionnels, est à la fois un plaisir et un processus intellectuel important pour moi. J’espère que ce plaisir est partagé et je vous souhaite une excellente journée.

    Image : Mort de Condorcet, musée de la Révolution Française.

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir et de m’aider à diffuser mes idées !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Wednesday 23 December 2020 - 13:25

    Quand j’étais petit, j’étais un jedi de la ligne de commande. Parce qu’il n’y avait pas le choix pour gérer son ordinateur et parce que j’aimais bien bidouiller.

    J’ai donc démarré ma vie informatique avec l’installation et l’utilisation de MS-DOS, un temps que les moins de 20 30 ans ne peuvent (heureusement) pas connaître.

    À l’époque, il fallait se farcir un gros manuel en papier ressemblant à ça :

    J’en ai chié, franchement, car en ligne de commande, la moindre faute de frappe et c’est raté.

    Vous avez saisi le contexte ? Génial.

    Hé bien figurez-vous qu’il s’agit de ma madeleine de Proust informatique.
    J’adore tripoter de la ligne de commande. Ce n’est pas sale, peut-être un peu déviant mais en tout cas, je retourne faire mumuse assez souvent.

    J’ai déjà écrit sur le presque parfait émulateur de MS-DOS qu’est DOSBox, je vous laisse vous y replonger, c’était en 2018 et la dernière version stable officielle datait de fort longtemps auparavant, alors que les sources étaient toujours en cours de développement.
    Le constat n’a pas changé : la dernière version stable est la 0.74-3 et date de 2019, avec une version française à jour.
    Côté Ubuntu, elle est bien sûr disponible dans les dépôts.

    Le problème pour moi réside dans le fait que même si l’équipe continue le développement, les binaires (fichiers exécutables) ne sont pas compilés officiellement.
    De plus, de nombreux patchs existent sur le forum officiel, mais rares sont ceux intégrés dans le code source.
    Enfin, le développement s’appuie sur la bibliothèque SDL 1.x, dont la dernière version date de 2012, la version 2.x ayant pris le relai.
    Tout ceci donne un programme qui boîte un peu et manque surtout d’options permettant de pousser l’émulation dans des fonds inaccessibles et surtout, il reste pas mal de bugs non résolus.
    Je rajouterai que les développeurs semblent mystérieusement coincés dans un monde où les retours communautaires et les outils plus modernes sont inexistants (les sources restent sur SourceForge malgré les possibilités plus avancées de Git/GitHub, les patchs restent ignorés, etc.)…

    Mais que faire dans un monde Libre et Ouvert (DOSBox est sous licence GPL) ?
    Dériver le projet bien sûr 🙂 !

    Pour résumer la situation : plusieurs développeurs hors du projet ont dérivé les sources pour permettre, tout en suivant le développement principal, d’intégrer des patchs en les testant auparavant et de corriger divers bugs tout en proposant des options de configuration en plus.
    Parmi ces dérivés, j’ai noté DOSBox-x (disponible en snap), DOSBox-ECE et celui que je préfère DOSBox-Staging.

    Sous Ubuntu, même si un snap est disponible, DOSBox-Staging est disponible en PPA (version stable ou développement).

    Une fois installé, si le fichier de configuration n’est pas présent au premier lancement, il sera créé d’office et vous le trouverez dans ~/.config/dosbos/dosbox-staging.conf (ou dosbox-staging-git.conf).

    Les options disponibles sont plutôt explicites (et expliquées).
    Pour ce qui est de la langue de Molière, j’ai décidé de mettre la main à la pâte :

    • création du fichier de langue anglaise (dans DOSBox : config -writelang nomfichier.ext)
    • traduction des clefs déjà existantes dans la version officielle 0.74-3 en reprenant la traduction française disponible
    • traduction de zéro pour toutes les autres clefs liées à DOSBox-Staging

    Cela a permit de discuter avec les développeurs pour voir comment moderniser le système de langue (qui n’est pas en UTF-8, bonjour les conversions pour passer du fichier DOSBox à l’UTF-8 puis la reconversion une fois traduit pour tester le résultat) à l’avenir.

    Le résultat, qui sera, je pense distribué avec une prochaine version stable, est disponible sur GitHub (dossier contrib/translations/fr) et il suffit, une fois téléchargé le fichier fr_FR.lng dans le dossier de configuration de DOSBox-Staging, de renseigner son nom dans le fichier .conf adéquat sous la valeur language=fr_FR.lng et en voiture Simone !

    Pour l’utilisation de base, je vous conseille de vous créer un répertoire équivalent au disque dur C de DOSBox, que vous monterez avec la commande mount C chemin et de passer en clavier français avec keyb fr, les deux instructions pouvant se mettre à la fin du fichier de configuration (remplaçant AUTOEXEC.BAT pour les connaisseurs).

  • Thursday 17 December 2020 - 09:48

    Je suis convaincu que des romans très populaires seront bientôt écrits par des intelligences artificielles. Je n’exclus pas la possibilité que ce soit déjà le cas. Pourtant, je réalise que mon métier d’écrivain est essentiel et je n’ai pas peur de la concurrence des algorithmes. En fait, je l’accueille même à bras ouverts.

    Car, sous le vocable « Intelligence Artificielle » se cache une réalité plus prosaïque : de simples algorithmes nourris par des quantités astronomiques de données et qui ne font que nous offrir une variation sur ces mêmes données. Tout ce qui est généré par l’intelligence artificielle est obsolète, ressassé. Il n’y a pas d’idée nouvelle. Parfois, on peut trouver une nouvelle manière de voir les choses anciennes, ce qui n’est pas dénué d’intérêt. Mais l’intelligence artificielle considère le passé comme un ensemble de règles immuables, infranchissables.

    C’est la raison pour laquelle les intelligences artificielles sont régulièrement accusées de racisme, de sexisme. Elles ne sont que le reflet de notre société, un simple miroir. Elles ne pourront pas nous faire évoluer.

    L’écrivain, au contraire, apporte sa sensibilité, sa vision, sa créativité. Son écriture est une relation humaine avec le lecteur, par delà la distance, par delà les siècles.

    Le texte est porté par son contexte. Pour le lecteur, une connaissance même succincte de la vie de l’auteur transformera son interprétation personnelle, la manière dont il se l’appropriera. Le texte n’est, au fond, que le début d’une conversation. Une conversation qui peut parfois s’étendre par delà les siècles, englobant des dizaines d’écrivains, des milliers de lecteurs. Une conversation qui peut avoir l’apparence de s’achever, ne faisant que planter une graine invisible, graine qui germera des années plus tard sans que personne ne se souvienne de son origine.

    Présent sur ce blog depuis plus de 16 années, j’ai la chance d’expérimenter l’impact de l’écriture sur la création de relations humaines. Depuis la lectrice que j’ai épousée, les lecteurs qui m’écrivent régulièrement à ceux qui m’avouent me lire depuis 10 ans et avoir l’impression de me connaitre intimement alors que je n’ai jamais entendu parler d’eux.

    Avec la publication de Printeurs au format papier, je redécouvre cette intimité, cette proximité avec les lecteurs. Je me suis glissé dans leur lit le soir, je leur ai tenu compagnie plusieurs heures voire plusieurs jours. Je les ai empêchés de dormir. Ils ont pesté contre moi au petit matin, m’accusant d’être responsable de leur fatigue. Avant de me retrouver le soir même et de me glisser contre leur oreiller.

    Cette relation intime, sensuelle, a forcément un impact sur moi. Je ne me sens pas dans la peau d’un écrivain dans sa tour d’ivoire dont les livres sont des blocs de marbre indépendants. Tout comme quand je suis sur scène et que je « sens » le public, que je m’adapte à lui, j’écris avec mes lecteurs, je me nourris de ces interactions impalpables qui vont complètement faire évoluer mes écrits futurs.

    Le paroxysme de cette influence revenant à ma première lectrice, mon épouse. Non contente de remettre régulièrement en question mes croyances, mes habitudes par ses réflexions, elle n’hésite pas à me renvoyer à machine à écrire. À titre d’anecdote, elle a totalement transformé le chapitre 000110 de Printeurs pour en faire un texte qu’une femme peut lire sans pester sur la prétention des hommes blancs à connaitre la physiologie féminine. Elle me transforme et, par la même occasion, transforme mes futurs écrits.

    Aucun algorithme d’intelligence artificielle ne peut ni ne pourra jamais évoluer de cette manière. Tout ce qu’un algorithme produit n’est qu’un artefact du passé. Si demain les écrivains venaient à disparaitre pour être remplacés par des logiciels, aucune nouvelle idée n’apparaitrait. Aucun risque littéraire. Aucune remise en question. Nous serions condamnés à lire et à relire toujours la même chose, à végéter dans le marasme de l’immobilité intellectuelle.

    Certes, les algorithmes seront certainement meilleurs pour produire des textes « qui se vendent ». Après tout, c’est déjà le cas avec la musique. Mais ces écrits seront dans l’impossibilité de créer des liens humains. Tout simplement parce qu’un lien implique deux humains. Par définition.

    À ce jeu, l’écrivain de best-seller, le philosophe académique ou le blogueur anonyme suivi par une poignée de lecteurs seront toujours meilleurs que le plus pointu des algorithmes. Leurs écrits sont des briques essentielles à la construction de l’humanité.

    L’écriture est un métier magique, car la concurrence y est toujours la bienvenue. Les lecteurs s’enrichissent de leurs lectures, lisent de plus en plus, découvrent. Tout nouvel écrit, loin d’entrer en compétition avec les autres, est au contraire une porte d’entrée qui élargira le champ des lecteurs.

    Le lecteur d’un seul livre se perd dans un fanatisme religieux. Le lecteur de plusieurs livres découvre graduellement la finitude de sa connaissance. À force de lire, il développe une identité, une analyse propre et un appétit insatiable. J’ai confiance que les lecteurs découvriront très vite les limites des textes générés par une intelligence artificielle.

    Le seul réel danger, le seul ennemi des écrivains étant ce qui nous empêche de lire, ce qui nous pousse à passer du temps devant les écrans et les publicités plutôt qu’à réfléchir, méditer, apprendre. À consommer du contenu plutôt qu’à apprécier des idées.

    Cet ennemi n’est pas seulement celui des écrivains. C’est celui de l’humanité tout entière !

    Photo by Possessed Photography on Unsplash

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Monday 14 December 2020 - 10:57

    Aparté technique sur le choix d’un logiciel d’écriture et de correspondance sous Linux.

    Toute la Gaule est occupée. Toute ? Non…

    Je suis devenu passionnément linuxien lors d’une des dernières longues nuits du siècle précédent. Pour me guider dans cette conversion, je m’accrocherai religieusement à l’incroyable formation Debian d’Alexis de Lattre. Formation qui m’accompagnera pendant des mois et m’influencera au point de publier mon premier livre sur le sujet après un lustre et de l’enseigner à l’université 15 années plus tard.

    https://formation-debian.viarezo.fr/

    Alexis de Lattre y présente notamment l’éditeur de texte Vim. Je deviendrai donc un utilisateur de Vim, pestant contre les rares fois où j’aurai à utiliser Emacs.

    Bien plus tard, je tenterai plusieurs fois d’approfondir mes connaissances de Vim grâce à l’excellent « Vim pour les humains » de Vincent Jousse, disponible à prix libre.

    https://vimebook.com/fr

    Note pour ceux qui ne connaissent que peu ou prou le monde Linux : Vim et Emacs sont deux éditeurs de texte aux philosophies d’utilisation radicalement opposées. Ce sont tous les deux des logiciels très puissants, mais qui nécessitent un investissement important avant d’être maitrisés. Il est de coutume, entre technophiles, de se considérer partisan de l’un et de critiquer l’autre. C’est un peu comme se disputer pour du poisson pas frais dans un célèbre village gaulois. Cela fait partie des traditions, c’est bon enfant, mais on reste néanmoins unis face aux hordes de légionnaires.

    Le secret de la potion magique

    Aimant écrire, aimant le clavier, il est normal que je me passionne pour l’optimisation de mon poste d’écriture. La douloureuse gestation de la nouvelle « Le vampire de Paris » me fera prendre conscience de l’importance de l’ergonomie et me motivera à utiliser une disposition de clavier Bépo.

    https://ploum.net/le-vampire-de-paris/

    L’effet sera incroyable : j’écris plus, j’écris mieux. J’y prends beaucoup plus de plaisir et je n’ai plus mal aux articulations.

    https://ploum.net/216-le-bepo-sur-le-bout-des-doigts/

    Entre-temps, une évolution s’est marquée dans ma carrière. Je n’écris désormais plus de code. J’alterne uniquement entre le texte brut et les courriels.

    Pour mes textes, j’utilise Zettlr, dont l’organisation et le mode Zettelkasten me conviennent très bien. Il y’aurait certainement moyen d’arriver à un fonctionnement similaire avec Vim, mais je n’y suis jamais parvenu. Zettlr fonctionne suffisamment bien pour que je n’éprouve pas le besoin de trouver une alternative même si, parfois, je regrette de devoir utiliser la souris et je peste sur la lenteur de Zettlr.

    En conséquence, je n’utilise presque plus Vim. Pourtant loin d’avoir été un utilisateur avancé, je perds chaque jour un peu plus mes réflexes.

    Je peste, par contre, sur le temps passé à écrire dans les logiciels de courriel que je trouve affreux, anti-pratiques, complexes. Plutôt que de simplement lire, écrire archiver et rechercher, il faut gérer des myriades de dossiers, de mouvements de souris, de boutons, de clic droit.

    J’ai tenté une configuration Mutt/Notmuch (permettant d’utiliser Vim pour rédiger ses emails), mais la complexité était telle que j’ai abandonné. Je souhaite garder avant tout une configuration simple et facilement reproductible sur plusieurs ordinateurs.

    Je lis régulièrement l’enthousiasme des utilisateurs d’Emacs. Parfois, un doute m’étreint : devrais-je abandonner mon identité de Vimeur, historique plus que pratique, et tenter d’apprendre Emacs ? Emacs pourrait-il devenir un prototype de client de correspondance dont je rêve pour écrire mes emails ?

    https://ploum.net/pour-un-logiciel-de-correspondance-plutot-quun-client-mail/

    Après tout, j’ai le souvenir que Richard Stallman, le créateur d’Emacs, répondait à ses emails de manière complètement déconnectée, que ses mails se synchronisaient automatiquement dès qu’il avait une connexion. De mon côté, la tâche est complexifiée par l’utilisation du Bridge Protonmail, mais rien qui semble insurmontable.

    Hélas, j’ai beau avoir passé quelques heures sur des tutoriaux Emacs, je n’ai encore jamais réussi à accrocher.

    Ils sont fous ces Romains !

    Investir dans Vim/mutt ? Prendre le temps d’apprendre Emacs malgré un cerveau presque quarantenaire ? Ou, tout simplement, accepter l’instabilité de Geary (qui, parfois, n’envoie pas les mails sans me prévenir, ce qui a cassé toute ma confiance) ou la rage permanente qu’est l’exposition à Thunderbird, son interface de vaisseau spatial du siècle précédent et sa recherche inutilisable (lors d’une recherche sur un patronyme, un mail envoyé la veille à la personne concernée apparait derrière une centaine de mails vieux de plus de 10 ans et qui contiennent un mot qui ressemble vaguement à ce nom. Tout bonnement insupportable, je préfère encore recourir à l’interface web) ?

    Bref, quel outil pour reprendre plaisir à lire et écrire des emails sous Linux tout en ayant la certitude que les mails sont facilement trouvables et bien envoyés ? Étonnant comme cette question reste difficile à répondre en 2020.

    C’est un peu comme si la philosophie monopolistique de la Silicon Valley avait déteint sur notre créativité. Les investisseurs californiens ont en effet ce concept de « kill zone ». Ne surtout pas innover dans un domaine où un monopole s’est déjà établi et semble indétrônable. En conséquence, ce sera soit Gmail et Outlook, qui lisent et trient nos emails, décidant à notre place lesquels doivent avoir de l’importance, soit un vieux Thunderbird en Clickorama dont l’interface n’a pas évolué depuis 20 ans…

    Comme si l’offre pléthorique de services de discussion centralisés distrayait les développeurs pour nous faire oublier la correspondance décentralisée. Comme si on voulait nous faire détester l’email, notre dernier espace de liberté.

    Il ne me reste qu’à rejoindre l’un des derniers villages peuplés de fous qui résistent encore et toujours à l’envahisseur. Mais vais-je rejoindre le petit guerrier intrépide Vimix et son petit chien Muttix ? Ou bien le livreur de menhir Emacsix, qui est tombé dans la potion magique quand il était petit ?

    Je serais curieux de lire vos réflexions et vos expériences sur votre blog, votre gemlog, dans un journal Linuxfr ou, bien entendu, par mail.

    Photo par Ferran Cornellà sur Wikimedia.

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Saturday 12 December 2020 - 12:24

    Fêter ses proches avec un échange personnel tout en limitant le consumérisme et le pouvoir d’Amazon.

    La période des « fêtes » est l’un des piliers de notre mode de vie consumériste. Pendant une brève période, il devient socialement obligatoire de trouver une série de cadeaux pour ses proches. Or, comme Milton Friedman l’avait déjà analysé, dépenser son argent pour les autres est économiquement sous-optimal. Au mieux, on achète quelque chose qui n’est pas prioritaire pour la personne concernée. Ou on l’achète trop bon marché et de moindre qualité. Ou trop cher par rapport au budget prévu. L’industrie s’est d’ailleurs spécialisée dans les « cadeaux gags », l’objet qui fera rigoler quelques secondes avant de finir dans une armoire ou dans la poubelle, car parfaitement inutile ou inutilisable.

    https://ploum.net/les-4-manieres-de-depenser-de-largent/

    Signe de la culpabilité écologique de notre embourgeoisement, nous passons des gadgets inutiles en plastique bon marché aux gadgets inutiles en bois bio très cher. Mais le principe est le même. Forcé d’offrir, nous consommons de manière absurde et pour un rapport plaisir/coût bien trop faible. Ce rapport peut même être négatif, le cadeau encombrant le destinataire, le forçant à le stocker avant de s’en débarrasser discrètement après une période socialement acceptable de possession.

    Le confinement a accéléré cette tendance, transformant les meutes suantes se pressant dans les centres commerciaux surchauffés par des frénésies de clics sur Amazon. Il en résulte des valses de livraisons incessantes, jusqu’à plusieurs fois par jours de plusieurs entreprises de livraisons différentes. Des livreurs épuisés sonnent à 9h du soir à notre porte pour garantir une livraison en 24h d’un objet absurde sur lequel l’algorithme d’Amazon nous a encouragés de cliquer distraitement la veille.

    Amazon pousse même le vice à rendre souvent plus chère la livraison moins rapide, spécialement pour les détenteurs d’un compte Prime. L’urgence, qui devrait être surfacturée et réservée aux cas exceptionnels, est devenue la gestion par défaut. Trois objets différents seront envoyés en trois colis différents pour éviter de retarder la livraison de quelques heures. Le tout se faisant au détriment de la santé des travailleurs, au détriment des petites enseignes locales qui ne peuvent garantir une telle rapidité, au détriment de la planète. Les plus cyniques y verront une stratégie consciente pour éviter aux clients d’Amazon d’annuler les achats impulsifs, les plus pessimistes une simple conséquence de notre compulsion à l’immédiateté.

    Pourtant, j’aime bien faire des cadeaux à mes proches. Mais je déteste y être obligé. J’aime la spontanéité, la sérendipité d’une idée imprévue.

    Pour moi, il n’est pas de cadeau plus inspirant qu’un livre inattendu. Offrir un livre, c’est offrir une chance pour le destinataire de découvrir un nouveau monde, un nouvel univers. Un livre peut changer une vie. Un livre peut apporter quelques heures de plaisir impromptu. Pas toujours. Mais, dans le pire des cas, le livre finira sur une étagère où il attendra son heure. Son stockage est aisé et sa seule présence peuple un intérieur. Le livre est patient. Il peut attendre des siècles. Il peut passer de mains en mains avant d’être ouvert. Il peut finir dans une bouquinerie où il commencera une nouvelle vie. Il peut se transmettre, se prêter, se donner.

    J’adore me balader chez les bouquinistes, avoir le regard attiré, par exemple par un ouvrage de Karl Popper qui finira par faire l’objet d’un billet sur mon blog. Ou trouver un livre, me dire qu’il plaira à mon épouse et le déposer sur son bureau sans rien dire.

    Avec le confinement, ces déambulations littéraires sont plus compliquées. L’algorithme Amazon broie toute sérendipité au profit de la rentabilité. Au lieu de découvrir un vieux titre inconnu et oublié, nous sommes sans cesse renvoyés aux livres qui se vendent le mieux. Nous sommes algorithmiquement pressés à la conformité jusque dans nos lectures.

    Alias a très bien résumé l’importance de, non pas de boycotter Amazon à tout prix, mais bien favoriser l’émergence d’alternatives.

    https://alias.erdorin.org/achats-en-ligne-des-presents-pour-lavenir/

    Il m’a notamment fait découvrir le site Stop Amazon qui propose des alternatives.

    https://www.stop-amazon.fr/Les-alternatives

    De son côté, Korben a listé les manières de se procurer des livres pendant le confinement.

    https://korben.info/livres-pour-le-confinement.html

    Autre idée pour soutenir les commerces locaux que vous appréciez et qui souffrent du confinement : contactez-les pour commander des chèques cadeaux.

    Enfin, il reste bien entendu la possibilité de trouver des petits éditeurs de livres indépendants qui ne sont pas sur Amazon. Au hasard, pourquoi ne pas offrir Printeurs ou le reste de la collection Ludomire comme cadeau de Noël ? (toutes les commandes passées jusqu’au mercredi 16 décembre sont garanties d’arriver pour Noël, au moins en France et en Suisse. Pour la Belgique, prévoyez un jour ou deux de plus).

    https://www.plaisirvaleurdhistoire.com/shop/37-collection-ludomire

    Pour les plus technophiles, une idée cadeau que j’affectionne est la sélection de livres électroniques. Une clé USB contenant des livres sans DRM et un petit texte l’accompagnant décrivant pourquoi on a choisi ces livres-là pour cette personne.

    Un véritable cadeau personnalisé qui ne demande ni transport ni livraison, dont le coût financier est minime, mais qui nécessite un chouette investissement personnel.

    Un livre d’occasion trouvé par hasard voire dans sa propre bibliothèque, une sélection de livres électroniques sans DRM. Des cadeaux magnifiques qui créent une réelle complicité, un échange, une relation personnelle entre celui qui offre et celui qui reçoit. Et cela, sans nécessairement dépenser beaucoup d’argent.

    C’est ce genre de cadeau que la publicité tente de nous faire oublier, que les fondamentalistes du copyright tentent de dénigrer sous le nom de piratage. S’échapper des algorithmes est devenu une forme de piratage.

    La sérendipité pirate ! Le cadeau que j’ai envie d’offrir et de recevoir.

    Pour vous, amis lecteurs, je vous souhaite :

    Un joyeux Noël anti-consumériste, mais plein de joie enfantine

    https://ploum.net/178-j-emmerde-noel/

    Un joyeux Newël plein de magie scientifique et de découvertes

    https://ploum.net/newel-dans-la-ceinture-d-asteroides/

    Et un effroyable solstice plein de Ph’nglui et de R’lyeh wgah’nagl fhtagn.

    https://ploum.net/229-un-effroyable-solstice/

    PS: Si votre esprit souscrit à l’alléchante perspective de la lecture de Printeurs mais que votre escarcelle s’y refuse, je dispose d’exemplaires suspendus qui vous attendent avec impatience. Contactez-moi simplement par mail pour en bénéficier, confidentialité garantie et aucune justification nécessaire. Si, au contraire, vous souhaitez alléger vos bourses en contribuant à ce programme, vous pouvez simplement passer votre commande sur le lien suivant. Celui Qui Dort Dans Les Profondeurs vous le rendra au centuple.

    https://www.plaisirvaleurdhistoire.com/shop/accueil/247-printeurs-version-ludomire.html

    Photo by Eddie Junior on Unsplash

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir !

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  • Wednesday 09 December 2020 - 15:08

    Une lecture personnelle de « L’Univers irrésolu, un plaidoyer pour l’indéterminisme » de Karl Popper, complétée par « Les Lois du chaos » et « La Fin des certitudes », d’Ilya Prigogine.

    Contrairement à une intuition souvent partagée, la science n’est pas une entité monolithique à laquelle on croit ou pas. C’est un fluide sans cesse mouvant qui tente d’étendre la connaissance globale humaine, de déterminer les règles qui régissent notre univers.

    Comme je l’ai écrit dans un précédent billet, prétendre que la science ne peut expliquer tel ou tel domaine relève d’une prétention absolue. Cela revient en effet à affirmer haut et fort que vous savez, avec certitude, que personne ne pourra jamais expliquer quelque chose que vous, vous pouvez identifier. Que vous avez donc atteint la connaissance ultime dans ce domaine particulier, que vous êtes sur ce point plus intelligent que tous les humains passés, présents et à venir.

    https://ploum.net/la-science-na-pas-reponse-a-tout/

    La science n’a pas réponse à tout ? Non, mais elle y tend de manière asymptotique. Karl Popper utilise souvent l’analogie de la pêche : la connaissance est un filet. Chaque progrès nous permet de resserrer les mailles du filet pour comprendre toujours un peu plus la réalité, mais nous laissons toujours quelque chose passer entre ces mailles.

    Le fantasme de Laplace

    Au 17e siècle, les Principia Mathematica de Newton suscitèrent un énorme espoir parmi les intellectuels. La science semblait presque complète. Chaque découverte semblait une nouvelle pièce de puzzle qui s’insérait magnifiquement. La « science totale » était à portée de main.

    Laplace imagina son célèbre démon qui, connaissant la position et la vitesse exacte de chaque particule dans l’univers à un temps donné, pouvait déduire le futur précis de cet univers.

    Selon cette vision, notre ignorance n’était plus qu’un manque de précision. Notre libre arbitre d’humain n’était qu’une méconnaissance de l’agencement des molécules du cerveau. Nous n’étions plus qu’une machine soumise aux lois d’un univers entièrement déterministe.

    Le déterminisme est la clarté qui s’oppose au chaos, l’étendard du siècle des Lumières, le triomphe de la raison. Einstein lui-même était un fervent partisan d’un déterminisme qui reste encore populaire.

    Au 20e siècle, les succès de la mécanique quantique vont lézarder l’édifice du déterminisme. Il devient en effet impossible de prédire, avant une mesure, les propriétés d’une particule. Tout au plus peut-on prédire une probabilité de résultat de cette mesure.

    L’interprétation de cette incertitude n’est pas intuitive. Pour l’école dite « de Copenhague », c’est la mesure elle-même qui détermine aléatoirement la propriété de la particule observée. La matière serait donc, au niveau quantique, intrinsèquement indéterministe. C’est inacceptable pour les déterministes comme Einstein pour qui cette imprécision est un simple manque de connaissance.

    Cet indéterminisme quantique donnera naissance à pléthores de théories tentant d’expliquer la conscience et le libre arbitre à travers la mécanique quantique, depuis les plus sérieuses aux plus farfelues (vous avez certainement vu passer des ateliers de méditation quantique, de connexion quantique à l’univers, de revitalisation quantique, etc.).

    Le raisonnement qui conduit à ces théories est simple. Si l’univers newtonien est déterministe et si la mécanique quantique est indéterministe, si l’existence du libre arbitre présuppose l’indéterminisme alors le libre arbitre s’explique par la mécanique quantique. Sophisme évident, mais terriblement intuitif et attrayant.

    Mais la science implique-t-elle réellement un univers déterministe ? C’est pour répondre à cette question que Karl Popper publie, en 1982, L’Univers irrésolu, sous-titré « Plaidoyer pour l’indéterminisme ».

    Quatre ans plus tard, Sir James Lighthill, alors président de l’Union internationale de mécanique pure et appliquée, présente officiellement ses excuses, au nom du monde scientifique, pour avoir induit, par excès d’enthousiasme envers les théories de Newton, le public en erreur en prétendant que le monde était prédictible.

    Si les Lumières nous ont appris que la science a bien réponse à tout, le 20e siècle nous apprend que cette réponse n’est pas déterministe.

    L’incomplétude de la science

    Dans son texte, Karl Poper utilise plusieurs arguments. Le premier c’est celui de l’incomplétude de la science qu’il illustre avec l’analogie du filet que j’ai citée plus haut. Pour que l’univers soit déterministe, il faut que la science soit complète donc que la somme des connaissances possibles soit finie. Une telle affirmation est, on le conçoit, assez prétentieuse.

    Mais en admettant que la connaissance soit finie, encore faut-elle qu’elle soit accessible à notre fameux démon de Laplace (qui pourrait être un ordinateur, un scientifique, un dieu) pour qu’il puisse l’utiliser afin de prédire le futur.

    Malheureusement, une connaissance finie entraîne le paradoxe de l’autoprédiction. Une entité connaissant les règles finies qui régissent l’univers serait en mesure de prédire ses propres découvertes futures simplement en prédisant ce qu’elle va afficher sur son propre écran ou sa propre imprimante. Elle est donc en mesure de prédire sa propre évolution, son impact sur son environnement et, en conséquence, de prédire les données que va lui fournir son environnement.

    Il est possible de démontrer que les calculs d’une telle entité prendront un certain temps et que le stockage informationnel est proportionnel à la taille de l’environnement prédit. Bref, que pour prédire l’univers, il faut… observer l’univers lui-même.

    Stricto sensu, cela ne pose pas un argument contre un univers déterministe, mais contre le déterminisme scientifique. Si déterminisme il y’a, les règles de celui-ci seront pour toujours inaccessibles.

    En fait, Gödel l’a démontré pour les mathématiques : une théorie ne peut être complète et se prouver elle-même. Une découverte admirablement vulgarisée dans le lien ci-dessous. On retrouve le même principe en informatique où Turing a démontré qu’il était impossible de créer un programme qui détermine si un autre programme s’arrête ou non.

    https://stopa.io/post/269

    Remarquons au passage que nous pouvons en inférer l’impossibilité mathématique de l’existence d’un dieu omniscient et omnipotent. Un dieu ne peut pas à la fois connaître le monde (il doit avoir la taille de ce monde) et agir dessus (il fait partie du monde).

    Quand bien même nous pourrions construire un ordinateur laplacien ultime capable de contenir toute la connaissance de l’univers, il serait impossible de lui fournir cette connaissance. Cela, à cause de la relativité. Un argument magnifique que Poppper a présenté à Einstein en personne alors que celui-ci arguait du déterminisme.

    La relativité nous informe en effet que rien ne peut se déplacer plus vite que la lumière. Nous sommes en permanence dans ce qu’on appelle un « cône informationnel ». Si vous voulez prédire ce qui se passera en 2021 sur Terre, vous n’avez besoin que de connaître tout ce qui se trouve à moins d’une année-lumière de notre planète. Si un cataclysme galactique devait se produire demain à deux années-lumière de la terre, il n’aurait aucun impact sur 2021.

    Cependant, pour pouvoir prédire 2021, j’ai besoin de savoir comment sont tous les corps célestes situés à une année-lumière de la terre… maintenant. Or, comme aucune information ne peut dépasser la vitesse de la lumière, je ne peux pas le savoir immédiatement. Le seul moment où j’aurai l’information nécessaire pour prédire 2021 sera… le 31 décembre 2021. En gros, la relativité nous condamne à ne connaître que le présent. Par essence même de l’univers, il est impossible de prédire le futur. Tout au plus peut-on vivre le présent.

    L’indéterminisme newtonien.

    Une autre idée que s’efforce de déconstruire Popper est celle du déterminisme newtonien. Deux corps s’attirent, cela semble une loi immuable et déterministe.

    Mais Newton lui-même n’a jamais prétendu au déterminisme. L’attraction entre deux corps n’est qu’une simplification très particulière d’une loi plus générale qui, elle, est statistique.

    Avez-vous déjà entendu parler du problème à trois corps ? En gros, si l’on peut calculer très simplement la gravitation de deux corps qui s’attirent mutuellement, il est impossible de prévoir exactement la trajectoire de trois corps qui interagissent. Trois corps en interaction représentent en effet un système dit chaotique.

    On croit souvent que chaotique signifie « difficile à calculer ». Que si l’on connaissait suffisamment la position et la masse des trois corps, il n’y aurait plus d’incertitude ! C’est une erreur.

    Imaginez trois planètes qui, partant d’une position de départ A, aurait un mouvement donné M. Trouvez une position de départ B qui est aussi proche que possible de A et qui donne, d’après vos instruments, un mouvement M’ très similaire, voire même indistinguable, de M. Il est toujours possible de trouver une position de départ A’, située entre A et B, qui aurait un mouvement complètement différent.

    Avec trois corps, même les lois de Newton deviennent statistiques et indéterministes. Il est impossible de connaître avec certitude le mouvement de trois corps soumis aux équations de la gravitation de Newton.

    Dans « La Fin des certitudes » et « Les Lois du chaos » (ce dernier étant un livre de moins de 100 pages qui réalise l’exploit de placer des références à Asimov et Turing dès le premier chapitre), Ilya Prigogine démontre exactement la même chose. Certaines réactions chimiques, qu’il appelle des « oscillateurs chimiques », sont imprévisibles au sens strict. Tout au plus peut-on inférer une probabilité, mais même une connaissance parfaite des conditions initiales ne permet pas de connaître avec certitude le résultat.

    Prigogine démontre que cette incertitude n’est pas due à un manque de connaissance, mais est belle et bien mathématique et structurellement propre à certains systèmes. En intégrant les équations décrivant ces systèmes, certaines informations disparaissent et deviennent probabilistes. Ce résultat n’est en fait pas nouveau. Il avait déjà été étudié par Poincarré, mais était considéré comme une curiosité.

    Dans les années 50, la théorie Kolmogoroff-Arnold-Moser démontrera que le calcul de simples trajectoires peut, lorsque des effets de résonance entrent en jeu, donner des résultats imprévisibles au sens strict. Renversement de situation ! En réalité, ce sont les systèmes prévisibles qui sont des curiosités. L’univers est majoritairement chaotique.

    Libre arbitre

    Popper va bien entendu beaucoup plus loin et développe de nombreux arguments que je vous invite à explorer par vous-même dans « L’univers irrésolu », qui est d’une lecture agréable. Sa conclusion est cependant contenue dans le titre : l’univers est intrinsèquement indéterministe. Le contraire impliquerait que tout ce que nous sommes aujourd’hui, cet article que vous lisez, nos poèmes d’adolescents et les symphonies de Beethoven soient informationellement contenues entièrement dans l’agencement de la matière lors du Big Bang.

    À titre anecdotique, quand j’ai commencé à écrire Printeurs, j’ai posé l’hypothèse d’un univers laplacien entièrement déterministe. Au cours de l’écriture, j’ai trouvé que les personnages subissaient trop l’histoire, qu’ils ne vivaient pas sous ma plume comme mes autres créations. Mais peut-être est-ce une conséquence obligatoire. Le libre arbitre n’existe pas dans un univers déterministe. À travers la fiction, j’explore l’idée que les tentatives pour rendre les profits économiques déterministes (et donc le reste de l’univers) induisent une destruction volontaire de notre libre arbitre (à travers notamment la publicité, la surveillance, etc.).

    L’indéterminisme est donc une condition nécessaire, mais, comme le souligne Popper dans son dernier chapitre, pas suffisante pour permettre le libre arbitre. Il souligne que les partisans du libre arbitre tentent à tout prix de le trouver dans les sources de hasard d’une réalité perçue comme quasi déterministe. Au contraire, notre libre arbitre provient des sources de déterminisme, de rationalité, dans un univers chaotique et indéterministe. Libre arbitre qu’il aborde volontairement très peu dans le texte même si on peut lire, au chapitre 23 :

    La manière dont le déterminisme scientifique a été réfuté me parait assez intéressante. Elle montre non seulement que nous ne pouvons pas remplacer nos décisions par des prédictions scientifiques sur nos propres actions futures (puisque ce genre de prédictions est impossible), mais également que l’argument décisif en faveur du déterminisme est l’existence de la connaissance rationnelle elle-même. Nous sommes « libres » non point parce que nous sommes sujets au hasard plutôt qu’à d’inflexibles lois naturelles ; nous sommes libres parce que la rationalisation progressive de notre monde — l’effort pour attraper le monde dans le filet de notre connaissance — se heurte, à n’importe quel moment, à des limites inhérentes à la croissance de la connaissance elle-même, celle-ci étant également, bien entendu, un événement à l’intérieur du monde.

    Sans une certaine connaissance anticipée, toute action rationnelle est impossible. Or, c’est très précisément cette connaissance anticipée qui, en définitive, s’avère tellement limitée qu’elle laisse une marge ouverte pour l’action, c’est-à-dire pour l’action « libre ».
    (Karl Popper, L’Univers Irrésolu, éditions Hermann 1984)

    Appliquer son libre arbitre n’implique donc pas de rejeter la science, de croire que « la science n’a pas réponse à tout ». Au contraire, devenir un libre penseur et un penseur libre implique de saisir tous les outils rationnels à notre disposition pour tenter d’influencer notre propre vie dans un monde éminemment chaotique. La science et la rationalité sont nos seules réelles libertés.

    Le futur est incertain, plus incertain encore que nous le faisait présager la mécanique quantique traditionnelle.
    (Ilya Prigogine, Les lois du chaos, Champs Flammarion 1994)

    La plupart des mouvances populistes utilisent des arguments et des théories anti-scientifiques pour précisément cette raison : nous ôter notre libre arbitre. Prétendre nous libérer pour mieux nous imposer une quelconque domination par l’ignorance, la foi et les certitudes. Au fond, il n’est d’humain réellement libre que celui qui n’est prisonnier que du doute et de la raison.

    La pensée n’avait pas de place dans l’image que la physique classique donnait de l’univers. Dans cette image, l’univers apparaissait comme un vaste automate, soumis à des lois déterministes et réversibles, dans lesquelles il était difficile de reconnaître ce qui pour nous caractérise la pensée : la cohérence et la créativité.
    (Ilya Prigogine, Les lois du chaos, Champs Flammarion 1994)

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Wednesday 09 December 2020 - 15:07

    Depuis mon dernier billet similaire, de l’eau a coulé sous les ponts.
    Comprendre que si Linux (Ubuntu en tout cas) est rapide à installer de base, la manière ET les logiciels indispensables (pour MOI) ont évolué.

    Pour commencer, la préparation de la clef USB de démarrage passe maintenant par Ventoy, un logiciel qu’il suffit de lancer pour l’installer la première fois sur ladite clef (ou pour le mettre à jour s’il est déjà installé) pour ensuite n’avoir qu’à copier les images ISO directement sans manipulation par logiciel.
    Multiplateforme, compatible avec les images ISO Windows ou Linux (voir beaucoup plus), il remplacer la tripotée de logiciels existants.
    Vous pourrez en trouvez une présentation succincte avec captures d’écran chez Cyrille ou détaillée chez Korben (non, il n’est pas mort).

    Une fois l’ordinateur démarré sur l’image ISO choisie, il suffit d’installer le système, en ayant fait une sauvegarde de son répertoire /home/ auparavant.

    Et côté réglages et logiciels supplémentaires ?
    Déjà, APT n’est plus seul maître à bord, snap est une commande qui permettra parfois d’obtenir une version plus récente de certains logiciels si ceux-ci ne sont pas disponibles sur Launchpad par exemple (PPA mon amour).
    Pour vérifier si un logiciel est disponible en version snap, direction Snapcraft qui possède un moteur de recherche.
    Google est votre ami ensuite pour installer en ligne de commande.

    Alors qu’installe-je ? (j’adore cette forme interrogative)

    • Java : Oracle étant toujours le grand méchant de l’histoire, il convient maintenant d’installer OpenJDK, ou plutôt l’une des versions car plusieurs entreprises proposent cette implémentation libre et ouverte. J’ai choisi (je ne sais plus pourquoi) celle de Zulu (le nom peut-être) en suivant ce tutoriel et en prenant la dernière version disponible (Java 14 aujourd’hui).
    • Localepurge : permet de ne pas installer les manuels des logiciels dans une version linguistique autre que le français et l’anglais. Je ne sais pas réellement si on gagne de la place, c’est plutôt un réflexe, à l’heure où un SSD d’entrée de gamme d’ 1 To (oui 1024 Go) se trouve à 75 € !
    • Chromium, parce que Firefox n’est pas toujours 100 % compatible avec les sites mal codés.
    • Firefox en version beta pour tester parfois de nouvelles fonctionnalités en avance
    • LibreOffice via PPA histoire d’avoir toujours la dernière version stable (oui, PPA et stable peuvent être compatibles)
    • Drawing (Dessin) : logiciel de modification d’image simple (penser Paint) et plus léger que Gimp, disponible en snap
    • youtube-dl pour télécharger des vidéos sur plein de sites, à jour soit via PPA soit via snap (canal edge).
    • Je garde Transmission au lieu de qBittorrent, j’utilise une liste d’IP à bloquer.
    • Filezilla pour les transferts FTP et Gparted pour gérer les disques et partitions
    • GSmartControl qui permet de vérifier les données S.M.A.R.T. des disques durs.
    • p7zip et unrar pour décompresser les archives .7z et .rar.
    • Grub-Customizer pour gérer le démarrage de Linux par défaut.
    • Gnome Tweaks permet de régler encore plus Gnome-Shell
    • exfat-fuse et exfat-utils pour lire les cartes SD formatées en exFAT

    Et pour finir, quelques rappels de lignes de commande :

    • Avec APT :
      • Mettre à jour son système et ses logiciels : sudo apt update && sudo apt dist-upgrade
      • Installer un logiciel : sudo apt install XXX
      • Désinstaller un logiciel : sudo apt purge XXX
      • Désinstaller les dépendances : sudo apt autoremove –purge
      • Ajouter un PPA : sudo apt-add-repository XXX
      • Enlever un PPA : sudo apt-add-repository –remove XXX
      • Connaître la version d’un logiciel disponible en dépôt/PPA : sudo apt policy XXX
    • Avec snap :
      • Mettre à jour ses logiciels : sudo snap refresh
      • Installer un logiciel : snap install XXX (rajouter –beta ou –edge pour un canal particulier)
      • Désinstaller un logiciel : sudo snap remove XXX
      • Vérifier l’existence d’un paquet et sa version en canal stable : sudo snap find XXX
      • Vérifier les versions des différents canaux pour un paquet : sudo snap info XXX

  • Tuesday 01 December 2020 - 11:50

    Quelques liens et lectures diverses, pour nourrir votre sérendipité. Ces dernières semaines, ma bibliothèque semble se remplir de livres écrits par des gens que j’apprécie, au web comme à la ville (sauf Valery Bonneau, le seul avec qui je n’ai jamais échangé de vive voix).

    Lectures égocentrées

    Le confinement a perturbé la logistique de mon éditeur. La plupart des romans Printeurs devraient arriver chez ceux qui l’ont commandé dans le courant de la semaine prochaine. Quelques veinards l’ont reçu en avance dont Sebsauvage qui vous donne son avis en cours de lecture.

    https://sebsauvage.net/links/?SlHGmQ

    Iceman, de son côté, répond par un billet de blog à mon billet de blog sur la correspondance par mail. J’aime retrouver cette philosophie de l’échange intellectuel par écrit comme la blogosphère nous l’a offert au début des années 2000.

    https://cheziceman.wordpress.com/2020/11/30/reflexion-correspondre-plutot-que-mal-communiquer/

    Une blogosphère que Facebook a tuée. Avec pour résultat une surveillance généralisée et un abrutissement total que dénonce de manière hilarante Valery Bonneau dans cette courte et excellente nouvelle « Une cuite de Shrödinger » (rappel : son recueil est en vente, je le conseille).

    https://www.valerybonneau.com/nouvelles-noires/cuite-schrodinger

    Trump

    Conséquence directe ? L’élection de Trump en 2016. Bon, on a assez prêté attention à Trump pendant quatre longues années et il est temps de passer à autre chose. En guise de conclusion, je partage entièrement l’opinion de François De Smet. Cela fait quatre ans que j’ai exactement la même théorie que lui : Trump ne voulait pas vraiment être élu. Mais il faut tirer les enseignements de cette élection et ne pas se satisfaire de tout ce qui n’est pas Trump.

    https://francoisdesmet.blog/2020/11/03/cher-donald-trump/

    La victoire de Trump aurait été la preuve que le populisme et l’anti-intellectualisme jusqu’à l’absurde fonctionnent. Mais, en quelques sortes, il a gagné. Il a démontré ce qu’une grande partie des électeurs voulaient : des paroles au lieu des actes, des sentiments et non des réalités ainsi qu’une légitimité à cracher sa haine.

    https://newrepublic.com/article/160212/republican-party-dead-its-trump-cult-now

    Sa victoire en 2020 aurait été un modèle morbide pour toutes les autres démocraties. La victoire de Biden, de justesse, n’est cependant pas une bonne nouvelle.

    Après quatre ans à saccager notre société et notre planète à un rythme effréné, nous revenons à l’ancienne méthode : saccager notre société et notre planète à un rythme diplomatiquement acceptable. La corruption polie plutôt que celle sauvage.

    Le destin des USA et, à cause de leur influence, d’une grande partie du monde, se jouait entre deux bliches, deux hommes blancs riches et quasi octogénaires. Comment parler d’avenir ?

    Productivité et faire carrière

    Un avenir dédié à la productivité ?

    Au fond, à quoi nous sert d’améliorer notre productivité ? À avoir du temps libre ou bien à travailler encore plus ? En choisissant la première solution, on est moins attractif sur le marché de l’emploi que ceux qui choisissent la seconde. Nous sommes donc obligés de passer notre temps à optimiser notre productivité pour pouvoir travailler encore plus.

    https://zandercutt.com/2019/02/18/were-optimizing-ourselves-to-death/

    Et comme nous travaillons plus, nous sommes forcés de créer des emplois qui sont soit inutiles, soit destructeurs. J’en parle assez régulièrement sur ce blog et j’avais résumé le tout en 5 points.

    https://ploum.net/les-5-reponses-a-ceux-qui-veulent-preserver-lemploi/

    Une fois productif, on peut postuler pour un emploi et découvrir le monde fabuleux du travail !

    Jeune ingénieur, j’ai été vite confronté dans ma carrière au choix de devenir « spécialiste » ou « manager ». La langue de bois corporate prétendait qu’il n’y avait pas de différence de traitement ni de statut. Malgré ma naïveté, j’ai très vite compris que les managers avaient beaucoup plus de pouvoir, de reconnaissance et d’opportunités de carrière. Un manager peut toujours changer de crèmerie pour aller vers le plus offrant. Être spécialiste d’un code source propriétaire propre à votre employeur vous met pieds et poings liés, pantalon baissé, à la merci de votre… manager. Ce billet revient en profondeur sur cette asymétrie.

    https://www.spakhm.com/p/parallel-tracks

    Astuce pour les étudiants et jeunes ingénieurs : refusez de passer trop de temps à apprendre du code propriétaire qui n’existe pas en dehors de votre boîte. Soyez francs et dites ouvertement que les seules compétences qui vous intéressent sont celles que vous pouvez monnayer à l’extérieur le jour où la boîte n’a plus besoin de vous. De mon côté, je me suis spécialisé au début de ma carrière dans les prototypes n’utilisant que des technos Open Source. Avant de devenir manager…

    D’ailleurs, vous voudriez vraiment devenir spécialiste de ce genre de code ?

    https://linuxfr.org/news/encore-un-exemple-de-code-spaghetti-toyota

    Souvenez-vous, les entreprises ne veulent pas que vous utilisiez vos capacités de réflexion. C’est d’ailleurs indispensable pour devenir manager.

    http://www.slate.fr/story/124061/entreprises-gens-intelligents-stupides

    Bandes dessinées

    Découverte dans une bouquinerie de Monsieur Mardi-Gras Descendres, par Éric Liberge. Une bande dessinée étrange : un squelette dans un monde de squelettes ! L’idée est géniale, l’univers absurde à souhait. On peut cependant regretter que l’intrigue se complexifie inutilement, que l’histoire et la lisibilité en pâtissent vers la fin. Cela reste néanmoins un ovni à découvrir. À la limite de la bande dessinée culte.

    Et si, comme moi, vous attendez avec impatience la suite d’UW2, un billet de Bajram à lire absolument. Car derrière l’œuvre se cache l’humain. Tout mon respect à Bajram.

    https://www.bajram.com/2019/11/23/des-nouvelles-duniversal-war/

    Sciences et Covid

    Un billet très intéressant sur l’origine de nos unités de mesure. Et sur la difficulté de les établir.

    https://couleur-science.eu/?d=926182–lorigine-de-nos-unites-de-mesure

    Nassim Nicholas Taleb explique les erreurs statistiques que commettent ceux qui sont contre le port du masque ou minimisent son efficacité.

    https://medium.com/incerto/the-masks-masquerade-7de897b517b7

    Thierry Crouzet, lui, revient sur l’importance de l’hygiène des mains, grande oubliée au profit du port du masque. Or, sans hygiène des mains, le masque ne sert à rien voire fait pire (vu qu’on le réajuste). Les deux billets sont en fait assez alignés : l’hygiène des mains partout et tout le temps, le masque dans les endroits confinés ou lorsque la distanciation physique n’est pas possible.

    https://tcrouzet.com/2020/11/24/covid-point-sur-la-polemique-mains-aerosols/

    Au fait, le covid a impacté salement les projets de certains développeurs indépendants, dont mes potes de Codefathers (je vous rassure, ils sont meilleurs en code qu’en jeux de mots moisis). Si jamais vous cherchez des gens bien pour développer votre projet, n’hésitez pas !

    https://codefathers.be/

    Bitcoin

    J’ai oublié de fêter un anniversaire particulier : les 10 ans de mon premier billet de blog traitant de Bitcoin. J’y fais énormément d’erreurs de compréhension de la monnaie, notamment tombant dans le piège de l’historique du troc (qui est entièrement faux. Je recommande à ce sujet la lecture du livre de David Graeber : « Dette, 5000 ans d’histoire »).

    https://ploum.net/monnaie-de-geek-monnaie-de-singe/

    Il y a une décennie, j’écrivais notamment :

    « Actuellement, un bitcoin vaut plus ou moins 0,07€ » et « Je n’y investirai donc pas toutes mes économies, mais j’adore le principe ».

    Ça a assez mal vieilli. J’aurais dû y investir toutes mes économies. Par contre, ma réponse à la question « Est-ce le bon moment pour investir dans les cryptomonnaies » n’a pas changé depuis 2018.

    https://ploum.net/est-ce-le-bon-moment-pour-investir-dans-les-crypto-monnaies/

    Bonnes lectures et bonne semaine à tou·te·s !

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Friday 27 November 2020 - 09:27

    Les possibilités infinies du HTML ont complexifié le web. À tel point qu’est né Gemini, un protocole dont le but est d’être et de rester le plus simple possible. Un nouveau réseau dédié à ceux qui veulent écrire et lire en ligne. Mais loin d’être un simple réseau, Gemini ouvre également la voie à une véritable mouvance : le slow web.

    Les développeurs informatiques savent bien que tout projet finit, un jour ou l’autre, par devenir une sorte de monstre de Frankenstein, une horreur qui fait un peu de tout très mal à un coût très élevé, mais rien de bien. En 2020, force est de constater que c’est exactement ce qui est arrivé au web.

    Le moindre site web fait désormais plusieurs mégaoctets, se charge en plusieurs fois rendant impossible toute utilisation sur une connexion instable, déplaçant des éléments de la page au moment où on essaye de cliquer. Le même site appelle des centaines de codes divers ralentissant les ordinateurs les moins puissants, remplissant la RAM, faisant des navigateurs des monstres de complexité.

    Je souhaite lire un article ? Encore faut-il qu’il charge correctement puis que je le trouve sur la page, entre des myriades de publicités, des logos, des extraits d’autres articles, des vidéos qui se lancent toutes seules. Pour chaque site, je dois apprendre à utiliser une nouvelle ergonomie. Tout ça pour simplement lire un lien que j’avais naïvement suivi.

    Parfois, après avoir paramétré les cookies et accepté les conditions du site (vous vous souvenez, je veux juste lire un article dont j’ai trouvé le lien), je ne trouve aucun contenu. Erreur temporaire ? Ou bien est-ce l’un de mes nombreux bloqueurs (de pubs, de JavaScript, d’avertissements, de trackers) qui a bloqué par erreur le contenu ? Peu importe, hors de question de tout désactiver. Sur le web, comme sur Tinder, il faut sortir couvert. Le web est à ce point complexe qu’il faut s’en protéger comme d’une maladie !

    Inutile de se lamenter sur le passé et sur une époque idéalisée où le web était plus simple. Souvenez-vous, nous avions les popups, les gifs animés et les musiques midi dans des frames cachées. Ça ne me manque pas. Constatons tout de même que le web est devenu une couche essentiellement applicative et particulièrement peu adaptée à un usage simple : écrire, publier, partager et lire des textes.

    Parmi les geeks, surtout les plus âgés, la recherche du retour au simple partage de texte est une véritable tendance.

    https://cheapskatesguide.org/articles/beauty-of-text.html

    Certains tentent de regagner une certaine clarté d’esprit et d’indépendance en développant de nouveaux navigateurs web simplifiés, en ne postant plus que du texte brut sur leurs serveurs web ou, au contraire, en reprenant l’habitude de surfer en ligne de commande, voire en se reconnectant sur le vénérable réseau Gopher.

    http://len.falken.ink/misc/writing-for-the-internet-across-a-human-lifetime.txt

    https://dataswamp.org/~lich/musings/links-browser.html

    Si Gopher est simple, mais trop limité et le web trop complexe, peut-être manque-t-il d’une solution intermédiaire ? C’est ce qu’ont pensé les auteurs du protocole Gemini, protocole qui tire son nom des missions astronautiques du même nom qui eurent lieu entre les missions simples Mercury et les missions ultra-complexes Apollo.

    La page principale du projet Gemini, à lire pour découvrir et explorer (le protocole est lui-même remarquablement court ) :

    https://gemini.circumlunar.space/

    Si le web permet d’accéder à du contenu HTML via le protocole http://, Gemini permet d’accéder à du contenu Markdown via le protocole Gemini://.

    Le markdown est simplifié, car l’objectif de Gemini est clair : ne pas permettre d’étendre le protocole et empêcher tout espionnage des visiteurs. L’utilisateur, surfant via un client Gemini, se contente de lire du texte avec des titres, des sous-titres et des mises en exergue voire des citations. Rien d’autre ! Même les liens sont limités à un seul par ligne.

    Pas de couleurs, pas de design, pas de mise en page (et pas toujours d’images). Le seul lien entre un auteur et son lecteur est le texte, le contenu. Au lecteur de faire ses choix pour rendre la lecture la plus agréable possible.

    Inutile d’ajouter que je suis absolument conquis par le concept. Mais est-ce que Gemini peut remplacer le web ?

    Pas du tout. Ce n’est pas l’objectif. Aveuglés par l’idéal monopolistique rabâché par la Silicon Valley, nous en venons à juger que tout ce qui ne peut pas avoir de monopole est un échec. Notre seule métrique étant l’argent, nous concluons que tout ce qui n’enrichit pas des investisseurs est une perte de temps. Mais, comme Mastodon le fait pour Twitter, Gemini n’a pas pour objectif de remplacer. Simplement de proposer une alternative, un autre type d’espace partagé. Le simple fait qu’être utilisé prouve que ces espaces sont un succès.

    https://write.as/eloquence/why-mastodon-and-the-fediverse-are-doomed-to-fail

    100% des utilisateurs de Gemini sont aussi utilisateurs du web. Une grande partie des contenus sur Gemini sont également disponibles sur le web classique. Il n’empêche que j’éprouve un plaisir incroyable à lancer Amfora (mon client Gemini en ligne de commande, screenshot en illustration) et à surfer sur Capcom, qui agrège les contenus postés récemment sur le réseau.

    https://github.com/makeworld-the-better-one/amfora

    gemini://gemini.circumlunar.space/capcom/ (ce lien est ma page de démarrage dans Amfora)

    Comme il est très simple de coder des clients Gemini, le choix est déjà large.

    https://kwiecien.us/gemini-client-review.html

    On peut accéder à des services comme Wikipédia, Hacker News, Lobste.rs depuis Gemini.

    gemini://gempaper.strangled.net/mirrorlist/

    J’ai personnellement ressenti deux gros manques : un agrégateur RSS, pour s’abonner à un gemlog (un blog sur Gemini) et un service pour collecter mes lectures (comme Pocket ou Wallabag). Ce dernier manque est cependant intéressant parce que cela me force à lire directement ce que je trouve intéressant, à me concentrer plutôt que papillonner. J’ai d’ailleurs pris le pli de n’utiliser qu’un seul onglet dans Amfora !

    Gemini a été conçu pour qu’un codeur moyen puisse développer un serveur et un client Gemini en moins d’une journée (à comparer avec votre client web qui représente des années d’efforts par des milliers de développeurs). Je trouve cependant dommage de ne pas avoir profité de l’occasion pour insister sur la décentralisation. La légèreté du texte permettrait d’imaginer que les contenus ne soient pas stockés sur un seul serveur, mais soient distribués.

    Mais, avant toute évolution technique, les auteurs de Gemini insistent sur un point : il faut du contenu. Il y’a presque plus de logiciels liés au projet que de sites Gemini ! Si vous voulez contribuer à Gemini, postez du contenu sur Gemini. Si vous avez un serveur web, n’hésitez pas à lire la documentation pour installer un serveur Gemini (c’est court et simple). Sinon, certains services vous proposent d’héberger votre gemlog.

    https://gemlog.blue/

    Ploum.net sur Gemini ? Vous vous doutez bien que cela occupe mes pensées et que je suis en train de réfléchir à la meilleure manière de le faire. Ce ne sera peut-être pas la plus rapide, mais c’est une de mes priorités. Je pense qu’il est nécessaire de développer aujourd’hui de nouveaux réseaux, légers, simples, rapides. Respectueux autant de notre attention que de la consommation électrique. Une espèce de slow web, un internet accessible depuis des connexions très aléatoires et depuis des terminaux e-ink ou du matériel de récupération. Par exemple le téléphone Mudita dont l’OS est open source.

    https://mudita.com/products/pure/muditaos

    L’idée de ce slow web me fait rêver. Je vous ai dit dans le billet précédent à quel point j’appréciais l’email. L’email et Gemini sont parfaitement complémentaires et pourraient un jour être suffisants pour se nourrir intellectuellement, ne gardant le web traditionnel que pour l’administratif. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à imaginer ce futur.

    https://kwiecien.us/why-i-love-thunderbird.html

    Slow web ? Cela fait trop penser à des problèmes de connexion. Il faudrait un mot pour décrire ce concept. Que pensez-vous de Permacomputing ? Mot qui englobe également l’idée de rendre durable toute la chaine qui relie les participants au réseau.

    L’idée n’est pas de moi, mais de Solderpunk, le co-créateur du protocole Gemini et auteur d’un gemlog que j’ai découvert au hasard de mes lectures… sur le réseau Gemini bien sûr.

    gemini://gemini.circumlunar.space/~solderpunk/gemlog/permacomputing.gmi

    Vous l’avez compris, je suis fan. Et impatient que mon blog soit disponible sur ce réseau. N’hésitez pas à me communiquer vos écrits et vos trouvailles sur Gemini !

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Monday 23 November 2020 - 12:11

    Plaidoyer en faveur d’un logiciel de relations épistolaires électroniques, échanges sacrifiés au culte de l’instantanéité.

    J’aime l’email. Je ne me lasse pas de m’émerveiller sur la beauté de ce système qui nous permet d’échanger par écrit, de manière décentralisée. D’entretenir des relations épistolaires dématérialisées à l’abri des regards (si l’on choisit bien son fournisseur). Je l’ai déjà dit et le redis.

    https://ploum.net/email-mon-amour/.

    Pourtant, l’indispensable email est régulièrement regardé de haut. Personne n’aime l’email. Il est technique, laborieux. Il est encombré de messages. Alors toute nouvelle plateforme nous attire, nous donne l’impression de pouvoir communiquer plus simplement qu’avec l’email.

    Beaucoup trop d’utilisateurs sont noyés dans leurs emails. Ils postposent une réponse avant que celle-ci ne soit noyée dans un flux incessant de sollicitation. Entrainant, effet pervers, une insistance de l’expéditeur.

    Désabusé, la tentation est grande de se tourner vers cette nouvelle plateforme aguichante. Tout semble plus simple. Il y’a moins de messages, ils sont plus clairs. La raison est toute simple : la plateforme est nouvelle, les échanges entre les utilisateurs sont peu nombreux. Dès le moment où cette plateforme sera devenue particulièrement populaire, votre boîte à messages se retrouvera noyée tout comme votre boîte à email. Tout au plus certaines plateformes s’évertuent à transformer vos boîtes en flux, de manière à vous retirer de la culpabilité, mais entrainant une perte d’informations encore plus importante.

    https://ploum.net/comment-jai-fui-le-flux-pour-retrouver-ma-boite/

    C’est pour cela que l’email est magnifique. Après des décennies, il est toujours aussi utile, aussi indispensable. Nous pouvons imaginer un futur sans Google, un futur sans Facebook. Mais un futur sans email ?

    L’email pourrait être merveilleux. Mais aucun client mail ne donne envie d’écrire des mails.

    Je rêve d’un client mail qui serait un véritable logiciel d’écriture. Pas d’options et de fioriture. Pas de code HTML. Écrire un email comme on écrit une lettre. En mettant l’adresse du destinataire en dernier, comme on le fait pour une enveloppe.

    Un logiciel d’écriture d’email qui nous aiderait à retrouver un contact avec sa correspondance plutôt qu’à permettre l’accomplissement d’une tâche mécanique. Un logiciel qui nous encouragerait à nous désabonner de tout ce qui n’est pas sollicité, qui marquerait des mails les correspondances en attente d’une réponse. Qui nous encouragerait à archiver un mail où à le marquer comme nécessitant une action plutôt qu’à le laisser moisir dans notre boîte aux lettres.

    Bref, je rêve d’un client mail qui me redonne le plaisir d’interagir avec des personnes, pas avec des fils de discussions ou des onomatopées.

    D’un autre côté, j’abhorre ces tentatives de classement automatique qui fleurissent, par exemple sur Gmail. Outre qu’elles augmentent le pouvoir de ces algorithmes, elles ne font que cacher le problème sans tenter d’y remédier. Si les mails doivent être triés comme « promotions » ou « notifications », c’est la plupart du temps que je n’avais pas besoin de les voir en premier lieu. Que ces emails n’auraient jamais dû être envoyés.

    Enfin, un véritable logiciel de correspondance devrait abandonner cette notion de notification et de temps réel. Une fois par jour, comme le passage du facteur, les courriels seraient relevés, m’indiquant clairement mes interactions pour la journée.

    De même, mes mails rédigés ne seraient pas envoyés avant une heure fixe du soir, me permettant de les modifier, de les corriger. Mieux, je devrais être forcé de passer en revue ce que j ‘envoie, comme si je me rendais au bureau de poste.

    En poussant le bouchon un peu plus loin, les mails envoyés pourraient prendre une durée aléatoire pour être remis. Un lecteur de mon blog a même imaginé que cette durée soit proportionnelle à la distance, comme si le courriel était remis à pied, à cheval ou en bateau.

    Car l’immédiateté nous condamne à la solitude. Si un mail est envoyé, une réponse reçue instantanément, l’ubiquité du smartphone nous oblige presque à répondre immédiatement. Cela même au milieu d’un magasin ou d’une activité, sous peine d’oublier et de penser paraitre grossier.

    La réponse à la réponse sera elle aussi immédiate et la conversation s’achèvera, les protagonistes comprenant que ce ping-pong en temps réel ne peut pas durer plus de quelques mots.

    Paradoxalement, en créant l’email, nous avons détruit une fonctionnalité majeure des relations épistolaires : la possibilité pour chacune des parties de répondre quand l’envie lui prend et quand elle est disponible.

    Jusqu’au 20e siècle, personne ne s’étonnait de ne pas recevoir de réponse à sa lettre pendant plusieurs jours voire pendant des semaines. Écrire une lettre de relance était donc un investissement en soi : il fallait se souvenir, garder l’envie et prendre le temps de le faire.

    Cette temporisation a permis une explosion de la créativité et de la connaissance. De grands pans de l’histoire nous sont accessibles grâce aux relations épistolaires de l’époque. De nombreuses idées ont germé lors d’échanges de lettres. Pouvez-vous imaginer le 21e siècle vu par les yeux des historiens du futur à travers nos emails ?

    Une lettre était lue, relue. Elle plantait une graine chez le destinataire qui méditait avant de prendre sa plume, parfois après plusieurs brouillons, pour rédiger une réponse.

    Une réponse qui n’était pas paragraphe par paragraphe, mais bien une lettre à part entière. Une réponse rédigée en partant du principe que le lecteur ne se souvenait plus nécessairement des détails de la lettre initiale. Aujourd’hui, l’email nous sert à essentiellement à « organiser un call » pour discuter d’un sujet sur lequel personne n’a pris le temps de réfléchir.

    Des parties d’échecs historiques se sont déroulées sur plusieurs années par lettres interposées. Pourrait-on imaginer la même chose avec l’email ? Difficilement. Les échecs se jouent désormais majoritairement en ligne en temps réel.

    Pourtant, le protocole le permet. Il s’agit simplement d’un choix des concepteurs de logiciel d’avoir voulu mettre l’accent sur la rapidité, l’immédiateté, l’efficacité et la quantité.

    Il ne faudrait pas grand-chose pour remettre au centre des échanges écrits la qualité dont nous avons cruellement besoin.

    Nous utilisons le mail pour nous déresponsabiliser. Il y’a une action à faire, mais en répondant à l’email, je passe la patate chaude à quelqu’un d’autre. Répondre le plus rapidement, si possible avec une question, pour déférer le moment où quelqu’un devra prendre une décision. Tout cela au milieu d’un invraisemblable bruit publicitaire robotisé. Nous n’échangeons plus avec des humains, nous sommes noyés par le bruit des robots tout en tentant d’échanger avec des agents administratifs anonymes. Nous n’avons plus le temps de lire ni d’écrire, mais nous croyons avoir la pertinence de prendre des décisions rapides. Nous confondons, avec des conséquences dramatiques, efficience et rapidité.

    Pour l’interaction humaine, nous nous sommes alors rabattus sur les chats. Leur format nous faisait penser à une conversation, leur conception nous empêche de gérer autrement qu’en répondant immédiatement.

    Ce faisant, nous avons implicitement réduit l’interaction humaine à un échange court, bref, immédiat. Une brièveté et une rapidité émotive qui nous pousse à agrémenter chaque information d’un succédané d’émotion : l’émoji.

    Nous en oublions la possibilité d’avoir des échanges lents, profonds, réfléchis.

    Parfois, je rêve d’abandonner les clients mails et les messageries pour un véritable client de correspondances. De sortir de l’immédiateté du chat et de la froideur administrative du mail pour retrouver le plaisir des relations épistolaires.

    Update : Brandon Nolet semble avoir des idées similaires aux miennes.

    https://bnolet.me/posts/2019/07/conversing-through-email/

    Photo by Liam Truong on Unsplash

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  • Thursday 19 November 2020 - 12:36

    Quelques liens et conseils de lecture pour réfléchir sur nos dépendances à la technologie et à la superficialité.

    Couché sur le dos, j’allume des séries. Je zappe. Quand mon attention déraille, je lance des sites d’actualités que je déroule à l’infini. Les actualités évitent de penser. Contrairement à une fiction, il n’y a rien à comprendre, rien à chercher. Il suffit de se laisser happer par l’émotion brute pendant quelques secondes. Puis de continuer à faire défiler le site. Je reprends ensuite une série.

    Printeurs, chapitre 9

    L’addiction au smartphone, un poncif sur lequel tout semble avoir été dit. Depuis le mode d’emploi simple et efficace pour se libérer écrit par Korben aux analyses poussées de Cal Newport, est-il utile de revenir sur le sujet ?

    Oui, car ce n’est pas uniquement le smartphone le problème. Nos addictions sont toutes différentes. Depuis l’addiction physique au fait d’être devant un écran (traitée notamment par Michel Desmurget dans l’excellent « TV Lobotomie »), l’addiction aux contacts sociaux, l’addiction aux actualités, l’addiction aux jeux …

    Écrit en 2009, bien avant la vague des réseaux sociaux, le court texte Technology is Heroin offre une formidable analogie pour prendre du recul et comprendre notre dépendance à la technologie. Le point clé est l’inverse de ce que dit le titre : « Heroin is Technology ». En effet, l’héroïne était au départ une solution technologique innovante en vente libre pour se sentir bien. Pourquoi s’en passer ? Ce n’est qu’au fil du temps que certains effets pernicieux ont commencé à se faire sentir.

    http://tiny-giant-books.com/Entry1.html?EntryId=recgcpfuOFUesUpRy

    Comme l’héroïne, les nouvelles technologies ne font que manipuler un équilibre chimique cérébral issu de millénaires d’évolution pour nous procurer du plaisir facilement. Mais tout plaisir trop facile entraine un comportement morbide : évitement des difficultés, perte d’énergie, refuge dans les paradis artificiels. Ce que Cal Newport appelle « escapism ».

    Les fabricants de technologies, tout comme les dealers, ont très vite compris l’intérêt de créer des consommateurs addicts. Cet effet a été renforcé par l’apparition de monopoles technologiques, apparition rendue possible par la politique reaganienne qui a détricoté les lois antitrust pour les rendre le moins efficaces possible.

    https://getpocket.com/explore/item/has-dopamine-got-us-hooked-on-tech

    Les militants de longue date qui dénoncent l’abus des monopoles technologiques ne manquent pas (et, à ma petite échelle, j’en fais partie). Paradoxalement, ils sont très peu médiatiques. Au contraire d’anciens employés de ces mêmes monopoles qui ont fait fortune grâce à cette addiction et qui, soudain, se lancent dans une seconde carrière de militant. C’est dangereux, car s’ils apportent une vision de l’intérieur, ils ne sont pas neutres, ils découvrent seulement cet aspect de leur ancien métier et ils sont très loin d’être objectifs. Comme le dit Aral Balkan : 
    — À tous ceux qui me demandent ce que je pense du film Netflix « The social dilemma », je réponds : que pensez-vous du texte « The prodigal Techbro » ?

    Un texte qui, paraphrasant la parabole biblique du fils prodigue, nous montre que nous célébrons souvent quelqu’un qui tente de se repentir en oubliant complètement ceux qui, depuis le début, ont fait attention à ne pas commettre d’actions néfastes.

    https://conversationalist.org/2020/03/05/the-prodigal-techbro/

    D’ailleurs, la solution la plus souvent préconisée par les « techbros repentis » (essentiellement ce que j’appelle des bliches, des hommes blancs et riches), c’est… « plus de tech ». Le problème ne serait que du design. Il n’y aurait rien de sociologique, politique là derrière. Tu parles Charles…

    C’est exactement le danger dénoncé par « The prodigal techbro ». Une personne qui a fait sa fortune dans la tech, qui a l’intuition d’un problème, mais qui ne peut pas imaginer le résoudre autrement qu’en développant une solution technologique.

    https://www.fastcompany.com/3051765/how-our-tech-addiction-and-constant-distraction-is-a-solvable-design-problem

    Car si on creuse un peu, on se rend compte que la pollution mentale tant dénoncée n’est pas qu’un artefact technologique, un simple problème qu’une « bonne tech » pourrait résoudre. Elle est réellement volontaire et encouragée par les monopoles tech, même dans ses aspects les plus sombres et clairement illégaux. En bref, le problème n’est pas technologique, il est humain à la base.

    https://getpocket.com/explore/item/how-facebook-helps-shady-advertisers-pollute-the-internet

    Ce concept du prophète techbro repenti et blanchi est souvent aggravé par le syndrome du polymathe. Un polymathe, c’est quelqu’un qui excelle dans plusieurs domaines forts différents. L’exemple que j’aime donner est Bruce Dickinson, chanteur d’Iron Maiden et l’une des plus belles voix de l’histoire du métal, pilote d’avion gros porteur (licence commerciale) et escrimeur olympien. Il est également auteur de romans. Les véritables polymathes de ce genre sont incroyablement rares. Pour la plupart, ce sont des gens avec une spécialité bien précise et des centres d’intérêt vers d’autres domaines. Le problème c’est qu’il est difficile pour un non-expert de faire la différence entre un véritable expert et un amateur qui a lu deux livres sur le sujet. On aura une tendance naturelle à accorder beaucoup de valeur à l’opinion d’une personne spécialiste, même si elle s’exprime sur un domaine qui n’est pas le sien. La pandémie l’a démontré amplement : une certitude en blouse blanche devant une caméra est bien plus médiatique que mille études statistiques démontrant que l’on ne sait pas grand-chose et que la prudence est de mise.

    https://applieddivinitystudies.com/2020/09/28/polymath/

    Un autre aspect du problème c’est que les personnes qui parlent de ce sujet, à savoir les journalistes web, sont dépendantes des effets néfastes du même web pour vivre. Ils doivent créer des addictions à leur propre site pour vivre ! On a donc une relation symbiotique entre des pseudo-experts qui « ont vu la lumière » après avoir fait fortune en accaparant le cerveau des gens et des journalistes sans le sou qui parlent d’eux pour gagner de quoi (sur)vivre en accaparant les mêmes cerveaux. (le fait que l’article suivant soit sur Medium illustre l’ampleur du problème)

    https://medium.com/message/the-hypocrisy-of-the-internet-journalist-587d33f6279e

    Le pire ? Tout cela pourrit nos vies et notre cerveau, mais cela ne fait pas spécialement vendre mieux. C’est une sorte de course à l’armement. Faire plus de pubs ne fait pas vendre plus, mais ne pas faire de pub fait perdre des ventes. Lorsque cette bulle va un jour se dégonfler, cela ne risque de ne pas être joli joli.

    https://www.wired.com/story/ad-tech-could-be-the-next-internet-bubble/

    La publicité pourrit toute notre société. Notre étrange rapport aux stars qui ne sont plus adulées pour des accomplissements, mais parce qu’elles sont… des stars n’en est qu’un exemple parmi tant d’autres. Au Royaume-Uni, 54% des adolescents de 16 ans ont pour plan de vie de « devenir une célébrité ».

    https://www.theguardian.com/commentisfree/2016/dec/20/celebrity-corporate-machine-fame-big-business-donald-trump-kim-kardashian

    Et ne croyez pas que les populations éduquées soient préservées. La recherche de prestige est même devenue l’ambition majeure des jeunes diplômés qui se ruent dans les entreprises qui sont « prestigieuses ». Si le prestige comme conséquence de l’excellence est peut-être une bonne chose, la recherche du prestige avant l’excellence entraine une course vers la médiocrité où l’apparence est le seul atout.

    Le problème, c’est que nous n’avons plus de mesure de l’excellence. Pour faire la différence entre un expert qui a étudié, avec compétence, un domaine pendant 20 ans et un internaute qui a lu des opinions sur des forums, il faut généralement avoir une certaine expertise soi-même. L’excellence est donc une perte de temps et la sélection naturelle nous pousse vers une culture d’apparence, de mensonge et de déconnexion de la réalité qui n’est pas sans rappeler les mouvances religieuses.

    https://wesdesilvestro.com/the-prestige-trap

    L’exemple est frappant dans mon pays où le parti écologiste a réussi faire voter une loi pour « sortir du nucléaire », entrainant un désinvestissement complet des infrastructures nucléaires alors que le nucléaire est aujourd’hui l’énergie la plus écologique. L’apparence et la médiatisation ont pris le pas sur la compétence et la réalité, avec des résultats dramatiques.

    Au final, on en est réduit à s’acheter tout. Même les amis histoire de montrer qu’on est populaire, qu’on a du prestige. Même si c’est un mensonge et que tout le monde le sait.

    https://namok.be/blog/?post/2014/04/25/comment-acheter-des-amis

    Enfermés dans nos petits plaisirs faciles et addictifs, nous n’avons plus l’énergie ni le temps de cerveau pour la difficulté, étape essentielle à l’excellence. Nous en sommes réduits à simuler, à nous mentir à nous même et à faire du marketing pour tout et n’importe quoi.

    D’ailleurs, à propos de faire du marketing : l’addiction à la technologie et la publicité sont des thèmes centraux de Printeurs, mon premier roman de science-fiction à paraître le 24 novembre. Si vous commandez votre exemplaire avant cette date, vous pourrez rejoindre le club très select des lecteurs privilégiés qui recevront chaque chapitre du tome 2 au fur et à mesure de son écriture ! Une opportunité unique et prestigieuse de briller dans les cocktails mondains.

    https://www.plaisirvaleurdhistoire.com/shop/29-utopies-p2p

    Si la crise du coronavirus a malheureusement impacté votre portefeuille, mais que le cœur y est, j’ai encore des exemplaires suspendus à distribuer (et vous pourrez également bénéficier du tome 2 en exclusivité). Envoyez-moi un mail !

    https://ploum.net/le-roman-suspendu/

    Je regarde défiler les milliers de messages de ces télépass persuadés de détenir des vérités secrètes pour la simple raison qu’elles leur font du bien et qu’ils se les racontent en groupe. Ils se sentent soudainement importants, ils se sentent exister, ils se créent une identité dans une société qui ne veut même plus d’eux comme simple rouage. Comme eux, je me sens seul, inutile, dans le noir. Comme eux, je ressens le désir, la bouffée d’espoir que représente une information qui me rendrait supérieur, important. Ou, pour le moins, pas complètement, désespérément inutile.

    Printeurs, chapitre 9

    Photo by engin akyurt on Unsplash

    Je suis @ploum, ingénieur écrivain. Abonnez-vous par mail ou RSS pour ne rater aucun billet (max 2 par semaine). Je suis convaincu que Printeurs, mon dernier roman de science-fiction vous passionnera. Commander mes livres est le meilleur moyen de me soutenir !

    Ce texte est publié sous la licence CC-By BE.

  • Sunday 05 July 2020 - 12:20

    Nous avons acheté une nouvelle voiture. Et au passage mis de côté mes préjugés (réels ou non) sur l’automobile française.

    Il fallait que ça arrive : ma Mégane II est encore tombée en panne, un coup de câble d’embrayage qui se décroche après avoir été rafistolé une première fois.

    Nous avons deux voitures à la maison.
    Madame conduit un Citroën Xsara Picasso, soit un monospace bien utile pour déménager, transporter deux enfants, partir en vacances, etc.
    Je conduisais une Renault Mégane II, achetée pour faire plus de 800 km par semaine à l’époque, modèle 2003 en diesel qui donnait environ 1200 km d’autonomie.

    Merci Google Street View

    La voiture, c’est un puits de dépense sans fond 🙄 même hors carburant : réparation par ci, contrôle technique avec réparations par là…
    Notre chance : disposer d’un garage associatif (comprendre aux tarifs vraiment pas chers) à côté.
    Bon gré mal gré la Mégane II a continué sa vie tranquillement avec une différence d’utilisation depuis juillet 2015 : finis les trajets routiers, bonjour l’utilisation quotidienne urbaine (30 km / jour au maximum).

    Côté carburant, le diesel a bien augmenté récemment pour rejoindre le prix de l’essence ordinaire (vive les taxes) et conduire un véhicule en consommant, surtout en utilisation urbaine, est apparu comme une hérésie pour beaucoup de monde.
    En même temps, les contraintes environnementales européennes se sont développées.

    Sauf que changer de voiture, c’est un GROS investissement 😥 donc sous l’apparente lutte contre l’obsolescence programmée, nous avons fait durer nos voitures le plus possible.
    Jusqu’à la panne de trop.

    En fait, en prenant du recul, il y a eu un alignement de planètes :

    • la Mégane II approchait les 200 000 km, avec les frais type courroie de distribution (comprendre TRÈS CHER) et n’était pas adapté à son utilisation
    • le garage associatif où elle était suivi a coulé (juste avant le confinement)
    • suite à la pandémie de Covid-19, l’État donne BEAUCOUP d’argent pour acheter une nouvelle voiture : prime à la conversion (anciennement prime à la casse) doublée, revenu fiscal augmenté (même plus besoin d’être très pauvre), bonus écologique augmenté, je ne vous parle pas (encore) de l’aide régionale, mais tout est fait pour relancer la consommation automobile

    À côté de ça, j’ai quand même quelques réticences pour choisir un nouveau véhicule :

    • les marques françaises vivent sous perfusion de l’État, car à force d’investir dans le diesel (aidées par l’État qui sous-taxe ce type de carburant) et acheter un produit durable à une entreprise dont l’avenir semble incertain n’est pas très facile à accepter
    • la voiture électrique, c’est cher (à l’achat) comparé à une voiture d’occasion roulant à l’essence ordinaire
    • la voiture électrique est « forcément » nucléaire, donc non merci
    • vous avez déjà suivi une voiturette sans permis électrique ? C’est LENT ! (bridée en fait)

    Alors comment en sommes-nous arrivés là ?

    À la recherche d’un garage pour avoir au moins un devis ET un rendez-vous (les garages sont débordés pour 1 mois et demi environ et les fermetures estivales arrivent), nous avons atterri chez Renault (dépanneur de la Mégane et gros concessionnaire neuf et occasion).
    Pendant que je téléphonais à l’assureur pour un prêt de véhicules, madame (et les enfants) est allée se balader du côté de l’occasion.

    Il faut savoir que quelques jours auparavant, j’avais demandé des conseils à un expert automobile du coin (du Net) et j’étais allé voir chez Toyota mais sans adhésion enthousiaste familiale.

    Du coup, nous avons demandé un peu d’éclaircissements au vendeur sur les… Zoe en occasion, elles s’affichaient autour de 9500 – 11000 € (contre 24000 € neuve environ).

    Pour faire rapide, il nous a listé alors toutes les aides nationales et régionales à l’achat d’une voiture électrique neuve en concluant que nous pouvions prétendre à environ 14000 € au total, et que nous devions donc aller voir ses collègues vendant du neuf.

    Je vous passe toute la discussion, les réflexions (Renault, électrique, etc.) et après avoir négocié avec la banque, nous avons signé… une tonne de papiers pour arriver au prix final de 10000 € pour une Zoe neuve (en finition entrée de gamme) !
    Il faut rajouter la location de la batterie (malin, seul Renault propose ça, sinon c’est à rajouter au prix, compter 9000 €) de 74 € / mois et voilà.
    Côté option, c’est plutôt fourni, comparé à nos véhicules précédents, je note quand même qu’en 2020 les vitres arrières électriques sont une option, idem pour la charge rapide (1000 €) 😮 !

    Depuis, j’ai englouti des tonnes d’informations sur la Zoe et surtout la recharge électrique, les arguments anti-pollution, trouvé des applications, des sites, etc.
    La tableau de bord est équipé d’une tablette tactile 7″ (système basé sur Android, possibilité de s’amuser apparemment), la voiture a un gros côté technologique pour ne pas dire geek qui me plaît d’avance.

    Mais le gros intérêt semble être le changement de style de conduite : plus souple (boîte de vitesses automatique + peu de bruit = moins de stress ?), moins bourrin et nerveux.
    J’ai conduit pour tester une Zoe, ça part au quart de tour, ça répond de suite, c’est souple, etc.
    Ça change du côté tank du Xsara Picasso.
    La place a l’avant est plutôt large pour une petite voiture.

    Je pourrais en sortir des tonnes encore mais je préfère en rester là car elle n’est pas encore livrée (ni payée :tongue:) et je vous donne deux sites pour celles et ceux que ça intéresse :

    • Automobile Propre : actualités sur les voitures électriques et thermiques avec un forum plutôt actif
    • Forum Renault Zoé Z.E. : forum très actif pour ces voitures, histoire de demander des détails techniques un jour si besoin

    Et pour finir, une vidéo de test de la Zoe ZE50 R110 blanche (comprendre batterie 51 kw moteur équivalent 110 chevaux sans option métallisée pour la peinture) pour montrer notre nouvelle voiture en action (on oubliera la finition qui est celle d’au-dessus donc pas d’USB à l’arrière, pas de positionnement automatique sur lignes ni affichage des panneaux de vitesse).

    Ha et la carte grise est gratuite 😉 !

  • Monday 20 April 2020 - 19:13

    Je fais un petit billet pour évoquer l’échange des messages avec son smartphone, des messages sécurisés, c’est-à-dire que personne ne devrait pouvoir les lire, à part vous et votre correspondant.e.

    J’avais déjà écrit en 2015 des billets sur l’identité sur Internet et j’avais détaillé l’utilisation de GPG/PGP pour les e-mails.

    Aujourd’hui, alors que le gouvernement va essayer de nous imposer une application de flicage sans intérêt pour des raisons sanitaires, je me suis demandé comment envoyer des messages vraiment sécurisés à quelqu’un.

    Le lien n’est pas évident mais confinement oblige, j’ai du temps pour réfléchir à ces questions qui risqueront de devenir essentielles un de ces quatre.

    Pour commencer, il faut réfléchir à l’intérêt d’envoyer des messages sécurisés et comme me l’a dit un jour un grand homme chauve, chiffrer « Je vais chercher du pain » n’est pas forcément d’un grand intérêt.

    Mais si néanmoins l’envie de chiffrer de manière efficace vous intéresse, il existe deux applications pour smartphone que vous pouvez utiliser, selon le mode de transmission :

    • vous souhaitez échanger des SMS/MMS chiffrés : Silence remplacera votre application habituelle et chiffrera vos messages de bout en bout en utilisant le réseau téléphonique sans utiliser la data. Disponible sur Android uniquement.
    • vous souhaitez échanger des messages instantanés : Signal permet de chiffrer également de bout en bout les messages échangés avec vos correspondant.e.s via Internet (WiFi, 3G/4G, etc.).

    Le chiffrement de bout en bout permet, lorsque vous envoyez un message, qu’il soit chiffré dans votre téléphone AVANT l’envoi et il ne sera déchiffré que par votre correspondant.
    Ainsi, même si quelqu’un intercepte un message (fournisseur d’accès Internet, serveur de l’application, oreilles indiscrètes ou hacker), il ne pourra pas le déchiffrer !

    Et que penser de Telegram, WhatsApp, Facebook Messenger ?
    Ils n’offrent pas forcément le même niveau de sécurité, soit parce que leur code source n’est pas ouvert donc peut contenir une entrée permettant d’espionner les messages sans chiffrement, soit parce que les clés de chiffrement sont connues de la société qui développe l’application.
    Feriez-vous confiance à une entreprise américaine réputée pour empiéter sur votre vie privée (Facebook possède Messenger et WhatsApp)…

    Pour conclure, retenez-bien les points suivants si vous voulez communiquer de façon la plus sécurisée possible :

    • utilisez de préférence une application dont le code source est disponible
    • vérifiez que votre application permet le chiffrement de bout en bout et non pas le chiffrement sur le serveur qui centralise les messages, et activez-le si ce n’est pas fait par défaut
    • il faut que votre correspondant.e utilise la même application

  • Sunday 12 April 2020 - 17:45
    from IdleBlog

    Salut les keupains !!! Ça en fait une paye qu’on à pas papoté !!

    Mon boulot me draine l’âme lentement mais sûrement à tel point que j’ai moins de temps pour partager mes bouts de code avec vous, ça ne m’empêche pas pour autant de picoler bricoler en cachette.

    Je profite donc de cette période de confinement (qui ne change rien puisque je suis un geek et que je ne sortais déjà pas de chez moi avant) pour partager ma version 2 de Hackpoint !

    Pour ceux (très peu nombreux j’en suis sûr :D) qui n’auraient pas suivis la sortie de la v1, Hackpoint est un outil à destination de tout ceux qui aiment bidouiller des projets DIY, perso ou pro, hacklab, fablab ou génie de garage qu’il s’agisse d’électronique, de menuiserie, de chimie, de dev, de charcuterie

    Lorsqu’on part sur un projet de 2 semaines à 1 an, sur de multiples technologies (php,js, arduino, c++, python) voir de multiples domaines (dev, electro nique, travail du bois, impression 3d, config réseau / système) on a vite tout un tas de fichiers/liens/mémo qui traînent et un mal fou à organiser tout ce bordel. Hackpoint permet donc de sauvegarder, catégories, présenter et partager des projets qu’il s’agisse des composants électronique, de la doc, des schémas, des bout de codes divers.

    Le projet contient actuellement les features suivantes :

    • Gestion du code Arduino
    • Gestion des composants
    • Gestion du code Javascript
    • Gestion du code PHP
    • Gestion des images liées (schéma, photos …)
    • Gestion des fichiers liés (stl 3d par exemple,librairies arduino ou c etc..)
    • Gestion markdown pour la doc
    • Wiki asssocié
    • Arborescence de fichiers
    • partage de sketch (nom d’un projet sur hackpoint)
    • Système de plugin permettant aux dev d’ajouter de nouveaux code / fonctionnalités
    • Système de thème graphique
    • Gestion des accès, des utilisateurs et des établissement (ex: plusieurs fablab sur un même hackpoint)
    • Affichage de la progression d’un projet
    • Possibilité de sauvegarder un sktech au format zip
    • Création de menu custom (ex: liens vers votre eshop Electronique favoris)
    • Gestion des logs
    • Affichage mise à jour

    Démo
    Si vous souhaitez voir des cas d’utilisation, vous pouvez vous fier à mon propre hackpoint pour les projets que j’ai mis en public :

    http://hacking.idleman.fr/index.php

    Téléchargement
    Pour télécharger hackpoint, je vous ai créé une magnifique page officielle (j’ai tout donné…) : http://hackpoint.idleman.fr/

    Dépôt git
    Pour les barbus qui n’aime pas les vitrines web vous pouvez également passer directement par le dépôt git : http://git.idleman.fr/idleman/hackpoint

    Bien à vous !

    Idle

  • Wednesday 25 March 2020 - 10:00

    Quelques retours sur l’enfermement avec des enfants pour cause de coronavirus.

    Je suis confiné chez moi et j’ai deux enfants et alors qu’ils y voient des vacances moi j’y vois un test de charge en parentalité.

    Dès le début des mesures de confinement, la fameuse continuité pédagogique, dont la définition ne semble pas la même pour tout le monde, a été évoquée, une expression signifiant tout simplement que désormais, les enfants devraient consulter régulièrement le site de leur établissement s’il existe, comprendre le fameux ENT et/ou le cahier de texte en ligne.

    Pour ma fille en Petite Section de maternelle, pas de site en vue mais un e-mail régulier de sa maîtresse donc les devoirs (activités ludiques plutôt) arrivent par e-mail (Gmail, ça fera plaisir à Cyrille, mais elle ne dépend pas de l’Éducation nationale 😛 ).

    Pour le fiston en 5è au collège, c’était plus coton et je ne sais pas si le plantage des sites du fait d’avoir 1000 connexions simultanées était dû à l’incompétence de quelque administrateur.ice système incompétent.e ou à l’imprévoyance économique en terme de besoin de serveurs pour tenir une charge soudaine.

    Le fait est qu’il a fallu attendre 4 longgggggggggggggs jours (sans ironie) remplis d’injonction à propos de cette fameuse continuité pédagogique (les bons parents devaient faire l’école à la maison avec l’aide des professeur.e.s au taquet numériquement parlant, ne rigolez pas) avant que la consultation de Pronote puisse se faire en dehors de 5 heures du matin ou de 22 heures.

    Je vous laisse relire le billet, toujours d’actualité, sur l’ENT et le cahier de texte numérique, c’est toujours d’actualité, sachant que les professeurs utilisent parfois les deux pour communiquer avec les élèves, lesquels élèves confondent les messageries avec celle de leur smartphone et ça part souvent en vrille donc c’est inutilisable pour suivre une conversation professeur.e/élève intéressante, que pour envoyer un document (un devoir par exemple), c’est via l’ENT car Pronote ne sait pas faire (en 2020, joindre des pièces-jointes est un défi semble-t’il), que mon fils ne lit de toute façon pas les messages des échanges susmentionnés.

    Heureusement que nous avons une imprimante, du papier et de l’encre pour sortir les feuilles, je n’ose pas parler d’égalité devant l’informatique mais je doute que 100% des professeur.e.s et 100% des élèves se croisent en ligne, no comment…

    Un autre point qui me fait sourire depuis le début de cette continuité pédagogique c’est l’appel incessant aux écrans.

    Que les adultes soient hyperconnecté.e.s et le restent avec le télétravail par exemple, car la déconnexion prônée même par la loi est un leurre, c’est un fait.

    Mais pour les enfants, rappelez-vous le fameux et sacro-saint 3-6-9-12 de Serge Tisseron qui dit en gros qu’il faut limiter et contrôler l’utilisation des écrans chez eux.
    Déjà que de notre côté, c’était une cause plutôt vouée à l’échec de ne pas en avoir d’accessible avant 3 ans quand ta fille passe son temps à te regarder utiliser un ordinateur dans la pièce à vivre (gros échec personnel de ne pas avoir de pièce à part pour ça) ou un téléphone régulièrement (ce qui relativise l’échec susdit car sans l’ordinateur portable sur la table basse du salon j’utiliserais encore plus le smartphone), elle est déjà spectatrice de contenu, plus la télévision qui est allumée souvent.

    Pour le fiston, c’est la PS4 qui est de mise (Fortnite vous connaissez ? 😀 ) ou le smartphone (le vénérable Obi MV1 de Cyrille est toujours fonctionnel malgré le fait qu’il rame un peu) avec son lot oreillettes et batterie externe.

    Trop d’écrans !

    Bonne nouvelle car depuis le début du confinement, les ressources gratuites à destination des enfants ne cessent de se répandre comme un nouveau remède miracle à l’enfermement avec eux ❗

    Ainsi le Ministère de la Culture propose applications ludiques, visites de musée, plateforme de cours en ligne, etc.
    Et ce n’est que l’une des nombreuses initiatives que l’on peut trouver sur Internet, vous en trouverez de nombreuses sur ce fil Reddit.
    La télévision aussi n’est pas en reste avec France Télévisions qui remplace la salle de classe, à l’instar de YouTube et ses chaînes pédagogiques habituelles, comme si le vieux média linéaire prenait le train de la modernité à l’occasion du confinement.

    Tout le monde sur les écrans brave gens, c’est là que se trouve la vie !

    Finalement tout le monde semble avoir abandonné les précautions d’usage : oui je suis pour une diversité des contenus proposés sur Internet et sans les juger, que ça soit la visite du Louvre ou l’abonnement premium gratuit à Pornhub.
    Mais est-ce différent d’un quotidien où la prudence reste de mise avec l’addiction possibles aux écrans ?
    Je ne crois pas, il faut surveiller aussi bien l’activité des enfants que la notre, surtout quand les écrans sont censés remplacer encore plus la vie réelle sous couvert de continuité (télétravail ou enseignement).

    Une incongruité m’est finalement venue à l’esprit la semaine dernière : les parents en règle générale ne sont-ils jamais plusieurs jours de suite avec leurs enfants ?

    Personnellement, cela m’arrive plutôt souvent, ou du moins régulièrement, j’appelle ça les vacances !
    Oui, le confinement, c’est le même cas de figure que lorsque vous posez des congés pendant les vacances scolaires et ça arrive à des millions de français.e.s tous les ans !
    Alors faut-il qu’une épidémie, phénomène appelé à se répéter parait-il, vienne s’incruster pour changer la donne ?

    D’accord, pendant les vacances, il y a des sorties faisables en famille, mais personnellement ce n’est pas tous les jours et les moments de glandage sont nombreux en ces périodes de repos.

    Et pendant les vacances, je consulte mes e-mails professionnels, voire je travaille (j’ai un poste fortement lié au numérique donc la séparation travail / maison est souvent poreuse, dans les deux sens), même si c’est en mode ralenti.

    Alors à quoi ressemble notre journée de confinement enfants / parents (madame travaille toujours) ?
    Elle est assez réglée comme une horloge, et elle ne diffère quasiment pas d’une journée de vacances traditionnelle :

    • devoirs le matin après le petit-déjeuner
    • repos jusqu’au repas du midi
    • repas du midi
    • sieste et repos jusqu’au soir

    La différence entre le confinement et les vacances reste la durée et le lieu des sorties.

    Finalement, ce que je ne comprends pas, c’est la peur que semble provoquer le vivre ensemble appliqué au cercle familial.

    Si vous avez peur de ne pas arriver à vivre avec des enfants, n’en faites pas au lieu de trouver des moyens de les occuper… sans vous !

    Et pour finir en nostalgie, le tube du moment pour moi, avec du Cabu :

  • Thursday 27 February 2020 - 07:53

    À l’instar de Rodolphe, je suis (re)passé chez Free avec une Freebox 4k qui possède toujours une foultitude de possibilités !

    Petit retour sur mon historique des FAI :

    • 2001 : Wanadoo ADSL avec modem USB ECI Hi-Focus 👿
    • 2004 : Club-Internet
    • 2007 : Free ADSL, avec la Freebox v5 HD
    • 2011 : Freebox Révolution : elle fait presque le café !
    • 2013 : passage en fibre obligatoirement chez Orange avec une Livebox (décodeur TV avec plantages fréquents, box minimaliste en fonction)

    J’ai évoqué le début de l’histoire de l’ADSL pour moi chez Iceman.

    Depuis samedi dernier, (inscription en septembre, raccordement en février 😀 ), je suis passé sur l’offre fibre de Free avec la Freebox mini 4k.

    Pour résumer ce choix, c’est l’envie de payer moins cher (50 % la première année et environ 5 € de moins / mois ensuite), d’avoir plus de vitesse (Free propose jusqu’à 1 GB/s, Orange limite à 400 MB/s dans la même gamme de prix) et surtout une vrai box Internet café toussa).

    Après un raccordement hasardeux j’ai enfin accès à la terre promise mais avant de vous la décrire, je dois expliquer un peu la composition de mon réseau domestique.

    Je possède plusieurs consoles de jeu pouvant utiliser le Wi-Fi mais la PS4 a peut-être un souci côté réception (déconnexion, ping, etc.).
    Je possède un Raspberry Pi 2 donc sans connectivité Wi-Fi qui me sert de lecteur multimédia (OSMC/Kodi) vu l’indigence du décodeur TV Orange, surtout quand on a possédé un décodeur Freebox.
    Pour relier ces deux appareils au réseau, je possède un répétiteur Wi-Fi / RJ45 Liveplug WiFi Solo Orange (fabriqué par Arris) : il se relie à une Livebox via le WPS et distribue la connexion sur les 4 ports RJ45 (donc la PS4 et le Raspberry Pi si vous suivez).

    Pour l’utilisation du Wi-Fi, aucun souci particulier, il faut juste choisir le nouveau point d’accès et rentrer le mot de passe.

    Mais pour la PS4 (qui ne semble pas encore poser de souci en Wi-Fi depuis samedi) et pour le Raspberry Pi, c’est un souci car le répétiteur Orange ne peut pas utiliser le réseau de la Freebox, malgré des tentatives diverses et l’accès à la configuration interne.

    J’ai donc acheté, sur les conseils de maître Borne, un switch 5 ports gigabit qui devrait résoudre le problème en utilisant la liaison RJ45 utilisée pour le décodeur TV (oui, Free propose du CPL contrairement à Orange).

    Sauf qu’entre-temps, vu que le décodeur TV Freebox est sous Android TV, j’y ai installé sans souci Kodi (la même interface que sur le Raspberry Pi) et après quelques configurations, j’ai pu accéder au disque dur branché sur la Freebox 4k (partie serveur, en USB2).

    Du coup, je me demande si je vais avoir encore besoin du Raspberry Pi comme lecteur multimédia, sachant que je possède, à vérifier, un autre répétiteur Wi-Fi avec sortie RJ45 qui pourrait éventuellement servir juste pour la PS4 (phrase très conditionnelle vous noterez).

    Je continue ce billet quelques jours après pour dire qu’apparemment le Wi-Fi est parfois capricieux, notamment avec mon smartphone Xiaomi : quand je m’éloigne de la maison, je passe en 4G et quand je récupère le Wi-Fi, je n’ai pas accès à Internet 😮 !

    Pour le reste, le décodeur TV semble aussi parfois perdre l’acquisition des chaînes et je dois le redémarrer pour ça, par contre Kodi, une fois configuré, répond assez bien.

    Affaire à suivre, je complèterai quand j’aurai remis en réseau filaire la PS4 et le Raspberry Pi 2.


    J’ai reçu le switch réseau et j’en ai profité pour débrancher tous les appareils et câbles situés derrière la télévision (et son meuble).
    J’ai récolté pas mal de poussière et remis de l’ordre, sachant que j’ai 3 prises HDMI sur la télévision, mais 5 appareils à brancher dessus 😀 !

    J’avais acheté un switch (multiprise) HDMI, il faut donc jongler entre les appareils qui se branchent soit sur la télévision en direct, soit sur ledit switch HDMI, puis raccorder au switch réseau éventuellement puis raccorder le tout à la multiprise électrique.

    Sans mettre de photo, j’ai actuellement, sur ce meuble :

    • une télévision
    • 3 consoles (Switch en Wi-Fi, PS3 en Wi-Fi, PS4 en Ethernet, j’ai enlevé la Wii U en Wi-Fi qui n’était pas branchable en HDMI (manque de prises) et était inutilisée)
    • 1 Raspberry Pi 2 en Ethernet
    • 1 box TV
    • 1 réveil qui sert d’horloge lumineuse
    • 1 switch réseaux 5 ports gigabit
    • 1 switch HDMI (avec un besoin d’alimentation via port microUSB mais que j’ai relié à l’un des ports USB du Raspberry Pi 2 qui est à côté)
    • 1 support de casque audio sans fil

    Soit 9 alimentations électriques, 6 prises HDMI, 4 prises réseaux (l’arrivée provient en fait du boîtier CPL utilisé pour la box TV à la base, merci à Cyrille pour l’idée).

    Je ne vais pas rentrer dans les détails du câble d’antenne qui fait 2 mètres avec une prise à moins d’1 mètre de la télévision (comprendre que ça trainait EN PLUS du reste).

  • Sunday 12 January 2020 - 11:36

    Cristophe m’ayant soufflé une idée farfelue, j’ai décidé de relire tous mes anciens billets.

    J’ai du temps à perdre et si vous lisez ceci, vous aussi 😉 donc j’ai fini par trouver des billets qui me paraissaient… bons (pour moi bien sûr).

    Donc voici mon top X, sans classement particulier en fait…

    Vous pouvez zapper tout le reste 😉 !

  • Wednesday 08 January 2020 - 18:37

    Je me suis souvent demandé ce qu’il fallait que je fasse de mes anciens écrits (comprendre billets) sur ce blog…

    J’ai eu une vie riche sur le Net.

    J’ai commencé par des forums, des discussions sans queues ni têtes sur des plateformes disparues.
    J’y ai rencontré des gens biens, des communautés, disparues elles aussi et je suis sans nouvelles de toute ce monde.

    J’ai dépanné des gens, beaucoup, longtemps, sur des forums également disparus.
    J’ai lié des « amitiés virtuelles », anecdotiques (dans le sens propre du terme) avec des personnes dont je n’ai plus non plus de nouvelles

    Mon premier site Web est enfoui dans dans les archives du Net et j’ai fini par atterrir ici.

    Ce blog n’est même pas le premier, j’ai perdu les billets plus anciens, l’historique ne remonte qu’à 2010.
    Je n’ai pas de prétentions ou de revendications liées à un quelconque statut de dinosaures.

    J’ai découvert Internet en 1995 au lycée, j’ai eu ma propre connexion Internet en 2001.

    Alors que faire de mes traces ?
    J’ai utilisé des pseudonymes, fait des rencontres sans lendemain, tout cassé et tout reconstruit virtuellement, déménagé… et écrit.

    Qui lit encore des billets de 2010 ?
    Les blogs possèdent une 1ère page comme Google, et qui lit les résultats des pages suivantes sur Google ?

    Si j’étais rigoureux, je visiterais mes écrits, réparerais les cassures techniques, fermerais les commentaires.

    Avec un peu de recul, il est intéressant de constater que l’explosion du Net a fixé les mastodontes :

    • Google régente la recherche (mode passif de l’internaute)
    • WordPress régente les sites (mode actif de l’internaute)

    Une anecdote parmi tant d’autres : je n’utilise mon ordinateur personnel qu’avec le son coupé donc je n’écoute pas de musique et ne regarde pas de vidéos.

    Je suis devenu vieux.

  • Wednesday 01 January 2020 - 12:00

    Y aura-t’il une différence avec 2019 ?

    Mais ça veut dire quoi au juste « une bonne année » ?

    Personnellement, et sans être devin, je pense que 2020 ressemblera beaucoup à 2019.

    La politique continuera comme elle est, les gens oublient vite et votent pour les mêmes qu’avant, comme les médias leur disent de faire.
    À moins d’un révolution ?

    Je ne vais pas devenir plus riche, mon salaire ou mes rentrées d’argent ne vont pas augmenter sensiblement.
    À moins de gagner à une loterie ?

    Ma santé ne va pas s’améliorer en vieillissant, je vais continuer à prendre mes cachets pour la tension cardiaque qui ne va pas s’améliorer avec mon IMC de 37 (obèse sévère dit Wikipédia).
    À moins de réguler durablement ma consommation de nourriture ?

    Je pourrais continuer comme ça longtemps car si vous l’avez remarqué, j’ai déjà trouvé la solution à certains de mes problèmes mais le plus dur reste l’engagement personnel car comme le dit le proverbe :

    Aide-toi et le ciel t’aidera !

    Alors pour 2020, je vous souhaite de trouver la solution à vos problèmes pour commencer, en prenant du recul par exemple, et j’espère pour vous que vous réussirez à vous engager vers leur résolution.

    Si vous tenez à me souhaitez quelque chose, n’hésitez pas à relire la phrase précédente 😉 !

    En attendant, prenez-vous en main, c’est votre destin…

  • Saturday 28 December 2019 - 10:47

    L’envie d’écrire pourrait-elle disparaître parce que j’ai trop de choses à faire à côté pour prendre le temps de mettre en forme mes idées ?

    J’ai écrit 11 billets en 2019, soit presqu’un par mois avec une pause estivale (oui, je suis doué en mathématiques).

    Des billets sans intérêt autre que mon envie d’écrire pour dire quelque chose ou même pour ne rien dire au final ?
    Ce blog reste une sorte d’expérience journalistique personnelle, j’y autorise les commentaires, sans en attendre quelque chose de spécial en retour.
    Après tout, vous êtes chez moi, ne faites pas comme chez vous 😉

    Je ne sais même pas ce que j’ai écrit en fait, c’est surtout des pensées qui sortent sur des évènements ou des conversations, je vous laisse remonter le fil de cette année, vous trouverez surtout des textes liés à l’informatique, je garde les échanges autres pour la vraie vie.

    Côté technique, ce blog suit la tendance des thèmes WordPress en essayant de changer avec les mises à jour.
    J’ai trouvé une source d’inspiration pour les images d’en-tête dans le site Unsplash qui diffuse de très jolies photographies libres de droit (mais pas d’auteur).
    J’ai testé et changé de système anti-spam pour rester dernièrement sur Akismet, qui comme Google se sert de vos données personnelles de commentateurs pour gagner de l’argent mais Internet étant ce qu’il est, je me vois mal permettre un échange électronique sur ce blog sans protection et entrez Akismet ou reCaptcha (Google), c’est un choix cornélien qui s’est reposé sur des considérations purement esthétiques.

    Pour le reste, j’ai diminué les extensions WordPress, changé de système de masturbation intellectuelle statistiques en utilisant un procédé moins intrusif pour la vie privée des visiteurs (je n’enregistre pas l’adresse IP et ce qui en découle comme information de géolocalisation par exemple, ni les informations fournies par les navigateurs quant à l’utilisation de tel ou tel matériel) et j’applique à la lettre le principe du commentaire modéré à priori, histoire de garder mon intérieur propre.

    Côté vie privée, je n’ai pas grand chose à dire ici, si ce n’est que je continue la politique en mettant mes connaissances numériques au service de ce dans quoi j’ai envie de m’impliquer car :

    Si tu ne t’intéresses pas à la politique, la politique s’intéresse à toi.

    Guy Bedos – Le Jour et l’heure (2008)

    Sur les réseaux sociaux, je n’ai pas trouvé ma place sur Mastodon, le monde tourne en rond donc on y croise là-bas ceux que l’on suit ailleurs, réseaux ou sites. Et quelle instance choisir quand c’est celle appelée « mastodon.social » qui régente tout malgré un vernis démocratique ?
    Idem pour mettre des vidéos sur PeerTube, j’attends une instance sans censure (sauf légale) mais je n’en ai vu aucune qui autorise par exemple la pornographie (c’est pas pour moi c’est pour un ami c’est un exemple qui permet de voir la censure idéologique rapidement de mon point de vue).
    Côté Twitter, mon compte est privé et côté Facebook je n’ai en ami que des gens connus IRL ou presque et je ne publie que pour eux dans la majorité des cas.
    Pour vivre heureux, vivons cachés sur les réseaux.

    2019 a aussi été l’année où je continue à me documenter sur le féminisme, histoire d’évoluer positivement, de changer ma manière de penser, etc.
    Je reste spéciste mais je crois au végétarisme par obligation, tout comme je souhaite un monde sans voitures ou en tout cas avec beaucoup moins de véhicules à énergie fossile, j’ai d’ailleurs en ce moment un VAE en location à durée limitée (un an, jusqu’en septembre prochain) et j’essayerai sûrement d’investir dans un achat car je n’utilise la voiture quasiment que pour les courses et porter ma dernière à l’école ou chez la nourrice.

    En technologie, je joue mon Cyrille Borne en rationalisant au maximum par pragmatisme : j’ai racheté un nouvel ordinateur fixe à base de Core i3, d’occasion bien sûr, j’ai découvert la marque Xiaomi en smartphone avec un prix défiant toute concurrence pour durer plus de deux jours sans recharger et des caractéristiques dignes pour moins de 200 € !
    J’ai même fait revivre un vieux smartphone sans avenir que j’ai donné à mon fils, ce qui me permet de gouter aux joies de la désobéissance adolescente quant à l’interdiction des écrans.

    Je crois avoir dit tout ce que je voulais dire et je vous laisse en compagnie des deux chansons qui me semblent toujours d’actualité, d’année en année…

  • Monday 23 December 2019 - 09:04

    L’idée de censure anti-pornographie revient régulièrement sur le devant de la scène et ce n’est pas une idée qui me déplait particulièrement.

    Ce billet m’a été inspiré d’une courte conversation avec « l’anti-angélique du Net », aussi appelé « le pragmatique de l’éducation ».

    Soyons clair, je ne suis pas contre la pornographie, plutôt contre l’exploitation des femmes qui s’y exerce et je ne suis pas pour la censure, judiciaire ou autre, du Net en général.

    Alors pourquoi une option censurant la pornographie ?
    Parce que j’ai des enfants et comme évoqué juste avant, ce n’est PAS la représentation de la sexualité qu’il convient de leur faire découvrir.

    Le sexe a beau être quelque chose de naturel, la pornographie en est la vitrine négative de par les clichés qu’elle transporte, contre les femmes, les minorités, etc.
    Il existe bien une branche « féministe » de la pornographie, mais pas aussi accessible (c’est payant quand YouPorn est gratuit).

    Et de nos jours, via leur hyperconnectivité, les enfants accèdent à la pornographie de façon « trop facile ».
    Apprendre la sexualité à travers ce filtre n’est pas une bonne chose, à moins de vouloir les transformer en pervers compulsifs ou en objet de fantasmes sans lendemain selon le sexe/genre de l’enfant.

    En fait, en tant que parent, j’ai plusieurs possibilité de gestion de cette perspective, vous savez quand il faut expliquer que la cigogne et le jardinage, c’est bidon !

    Déjà, je peux en parler AVANT qu’ils ne tombent sur des questions de sexe.
    Haha.
    Laissez tomber, rien qu’en regardant la télévision en même temps que moi au moment des repas, les enfants sont exposés à la nudité complète toute la journée ou presque.

    Je peux contrôler les accès aux écrans.
    Mon fils a un ordinateur, donc une possibilité d’aller sur Internet. À la maison. Ailleurs qu’à la maison.
    Idem pour un smartphone (pas de 4G, le WiFi suffit).
    Il peut accéder à Internet via le matériel de ses camarades.
    Etc.

    Vous ne pouvez pas limiter ou contrôler l’accès à la pornographie tout le temps, toujours, à moins de supprimer carrément l’accès à Internet.
    Libre à vous d’appliquer cette option ceci dit.

    Dans les limitations, j’utilise personnellement la technique du DNS menteur pour la pornographie, en changeant le serveur DNS par défaut des connexions par ceux fournis par exemple par OpenDNS, appelés « Family shield« .
    Problème : il faut que ces DNS soient spécifiés sur chacun des connexion de chacun des appareils utilisés. Lourd !
    Le changement peut avoir lieu directement dans la box Internet mais suivant le fournisseur (coucou Orange), c’est parfois impossible.
    Et il faut quand même changer ces serveurs DNS sur chacun des box utilisées.

    Alors quelle serait ma solution idéale ?

    Un blocage par défaut, au niveau des DNS des fournisseurs d’accès à Internet, avec la possibilité, dans la box, de supprimer cette limitation en fonction de l’adresse MAC de l’appareil qui se connecte.

    Pour les connections sans box (4G par exemple), il s’agirait d’une simple option dans le compte utilisateur à changer.

    Il reste toujours la possibilité de changer de serveurs DNS soi-même de toute façon.
    Personnellement, j’utilise les DNS de Quad9, aussi bien en serveurs DNS pour parer aux domaines malveillants qu’en DNS-over-HTTPS (pour geeks).

    Quant aux personnes qui se disent légitimement convaincues qu’il ne faut pas censurer et que ce n’est pas le rôle des intermédiaires techniques, sachez que j’envie votre vision en mode « Bisounours » et que j’espère que vous regardez bien BFM TV et consorts car bien sûr, ils sont aussi neutres que doit l’être votre FAI.

    Je vous renvoie d’ailleurs à l’excellent documentaire d’Ovidie sur les adolescents et leur approche de la sexualité à travers l’accès à la pornographie, visible entièrement et gratuitement sur YouTube :

  • Sunday 03 November 2019 - 09:22

    Windows, Linux : même combat ?
    Après plusieurs mois et tentatives d’installations, j’ai peut-être réussi à trouver ce qu’il me faut pour fonctionner sous Windows 10.

    Retour en arrière rapide : je tourne majoritairement sous Windows 10 parce que mon ordinateur principal est plus plus fonctionnel que sous Ubuntu.

    Mais installer Windows, c’est comme installer Linux, il faut choisir la bonne base et les optimisations qui vont avec.

    Le plus simple : installer la version basique avec son lot de spywares et voir son quotidien ramer.

    Heureusement, Microsoft ayant eu la bonne idée de créer moultes versions de son système d’exploitation, il est assez aisé de se perdre dans la recherche des différences entre une version « familiale » et une version « Entreprise » par exemple.
    Pas de souci : Microsoft a également prévu une version « Entreprise » avec un support très long et surtout… n’incluant ni le Microsoft Store ni Cortana ni Edge.
    De quoi alléger l’installation finale pour ces versions dites LTSC qui n’ont comme seul inconvénient que de ne pas recevoir les dernières mises à jour apportant parfois (rarement) des fonctionnalités intéressantes.
    Après, personnellement, la seule fonctionnalité que j’attends est la possibilité d’avoir des onglets dans l’explorateur de fichiers, seul gros manque par rapport à Linux (la dernière LTSC a introduit la luminosité nocturne automatique de l’écran).
    Attention : Edge n’étant pas installé avec une version LTSC, vous n’aurez pas de navigateur intégré pour surfer au départ… donc prévoyez au moins la dernière version de votre navigateur préféré sur une clef USB par exemple 😉 !

    Pour les aficionados des personnalisations du système d’exploitation, comprendre les fans de distributions Linux en tout genre, la même chose existe peu ou prou avec Windows et des petits malins ont l’habitude de créer des images ISO personnalisées dès l’installation en y intégrant des mises à jour, des logiciels supplémentaires, des options en plus ou en moins, etc.
    Je ne suis pas fan de ces installations qui ont tendance à être souvent plus lourdes que l’installation d’origine mais la tendance semble désormais s’inverser et je suis tombé par hasard sur une installation qui propose pas mal d’options intéressante selon moi.
    Si vous voulez tenter votre chance, en voici le nom : WINDOWS 10 Arium 10 LTSC 3.1- 1906.
    Elle est basée sur Windows 10 Entreprise LTSC 1809 (septembre 2018, la plus récente) et a été personnalisée à jour pour juin 2019.
    Vous trouverez une description complète des modifications ici et des images .

    Une fois fois Windows installé, j’utilise l’outil WITweaker (fourni d’office avec Windows Arium mais également téléchargeable ici).
    Mais le plus indispensable reste Ninite qui permet d’installer en un ou deux clics plusieurs logiciels d’un coup, voire de les mettre à jour s’ils sont déjà installés !

    Reste l’antivirus, car c’est bien connu, sans antivirus, Windows ne fait pas long feu.
    Il se trouve que Microsoft a récemment pris le problème à bras le corps et les derniers tests indépendants (?) montrent que Windows Defender, installé d’office avec le système d’exploitation, est l’un des meilleurs antivirus du marché actuel.

    Au final, Windows tourne comme une horloge ou presque, sachant qu’un SSD et 4 Go de RAM me semblent le minimum.

  • Sunday 29 September 2019 - 21:20

    Trois hommages à Jacques Chirac pour ma part avec d’abord un très beau texte de Bruno Gaccio, auteur prolifique des Guignols de l’info et donc des truculents dialogues de la marionnettes de l’ancien président :

    A’tchao Chirac.Jacques Chirac est mort. J’ai ressenti de la peine. Je ne m’attendais pas à ce sentiment. Pendant des…

    Publiée par Bruno Gaccio sur Jeudi 26 septembre 2019

    Je poursuis avec un communiqué du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste, cf. Besancenot, pas l’émission avec les Guignols suscités) : https://npa2009.org/communique/nous-ne-commenterons-pas-la-mort-de-jacques-chirac-communique-du-npa

    Je continue avec un titre de chanson que je n’ai vu repris nulle part ailleurs (toujours pas de Guignols, humour involontaire à répétition), merci aux Wampas !

    Et je finis sur une citation de Chirac à propos de l’usine Lubrizol de Rouen (ou pas) à destination des chaînes de télévision :

  • Friday 14 June 2019 - 12:40

    Vous avez mal aux yeux à cause des écrans dès la tombée du jour et vous ne savez pas comment rectifier le tir ?
    Voici quelques idées logicielles pour remédier au souci.

    Autant j’aime bien qu’un écran soit lumineux la journée, genre j’augmente à chaque fois la luminosité dans les jeux vidéo, autant dès que la lumière du jour a baissé, je me débrouille pour réduire cette luminosité artificielle.

    Tout d’abord l’ordinateur : écran blanc, réglage nécessitant de tendre le bras (ne rigolez pas)…
    Deux solutions : soit votre environnement de bureau (GNOME-Shell 3.24+ ou Windows 10 1703+) prennent en charge un réglage automatique d’ajustement des couleurs et de la luminosité de l’écran via la géolocalisation et l’heure, soit vous pouvez utiliser un logiciel qui s’en chargera.
    Sous Linux : Redshift (notamment sous Ubuntu avec un environnement de bureau autre que GNOME-Shell)
    Sous Windows (Windows 7 ou Windows 10 avant la mise à jour d’avril 2017) : f.lux (qui existe sous Linux mais que je trouve moins facile à installer et utiliser que Redshift, qui lui n’existe pas sous Windows de façon stable et officielle)
    Finie la lumière bleue à 3h du matin quand vous parcourez le Web, l’écran semble carrément jaunâtre.

    Et sur appareil mobile (Android) ?
    La prochaine version d’Android (10 / Q) prévue pour fin 2019 proposera un mode sombre pour avoir un écran noir avec une écriture blanche, en gros.
    Les heureux possesseurs comme moi d’un smartphone Xiaomi peuvent déjà utiliser ce mode sur les mises à jour récentes, même si je trouve le résultat un peu aléatoire sur certaines applications qui deviennent illisibles.
    Normalement, tous les appareils sous Android ont une fonction d’ajustement automatique de la luminosité, ce qui fait que l’éclairage de l’écran évolue suivant la lumière environnante, c’est très pratique pour éviter l’éblouissement en pleine nuit ou dans une pièce peu lumineuse.
    Il existe bien une version de f.lux Android mais elle nécessite un accès root pour être pleinement fonctionnelle et vous trouverez aussi d’autres applications mais elles semblent peu efficaces.
    Dernière solution : utiliser des applications avec un mode sombre intégré, voire qui se déclenche automatiquement en fonction du lieu et de l’heure.
    Les applications clientes Twitter intègrent souvent ce fonctionnement par exemple, même s’il faut fouiller les réglages.
    Je pense qu’avec l’arrivée d’Android 10 Q, le mode sombre va débarquer peu à peu dans notre vie quotidienne.

    Petite remarque au passage : un écran noir avec une écriture blanche consomme moins d’énergie que l’inverse, donc c’est économique ET écologique…

  • Thursday 13 June 2019 - 13:45

    Pourquoi s’inquiéter du vieillissement de son matériel informatique quand il suffit d’un navigateur pour l’utiliser ?

    En écho au fait que je suis repassé sous Windows 10, il est aisé de comprendre que même si le côté matériel informatique demeure important que ça soit pour un ordinateur ou un smartphone, le principal intérêt est l’utilisation du navigateur (ou des applications, qui en sont des dérivés très souvent : ainsi l’application Facebook pour Android n’est qu’une refonte du site Web).

    Je n’aborde pas trop le côté mobile justement à cause des applications mais le questionnement reste le même : avons-nous besoin d’un smartphone avec 6 Go de RAM et 128 Go de stockage pour installer les applications YouTube et Facebook ?

    De nos jours, sur un ordinateur, le navigateur est la porte d’entrée d’utilisation de l’informatique au quotidien, tellement simple d’utilisation qu’il s’est fait discret : les gens ne connaissent pas son nom complet et nous sommes passés du « e bleu » des années 90 au « mozilla » ou « Chrome », sans prendre en compte les enjeux de plus en plus grands comme la confidentialité des données disponibles via cet outil du quotidien.

    On ne se pose même plus la question de connaître d’autres logiciels, en dehors de besoins spécifiques et l’environnement de bureau reste de toute façon subit dans la majorité des cas (Windows 10, GNOME Shell / Unity).

    À l’heure où Google va fermer, semble-t’il, son navigateur aux bloqueurs de publicités (le grand public se rendra-t’il compte des publicités AdSense affichées quand seules celles-ci resteront ?), on assiste encore à une guerre des navigateurs plutôt qu’un conflit Mac/PC.

    Alors doit-on être garagiste pour conduire sa voiture ? Il suffit « juste » de savoir conduire une voiture, sachant que la conduite est un exercice similaire quelque soit le véhicule (ou presque) et quand bien même Internet n’impose pas (à tort ?) son code de conduite (netiquette), surfer ou tout autre occupation réseau est à la portée de tous, vive le syndrome du clicodrome cher à Windows…

    Enfin, le matériel n’est plus synonyme de puissance, car à part l’arrivée massive de disque dur à mémoire flash (SSD), la vitesse d’exécution des programmes n’augmente plus significativement entre deux générations de processeurs, surtout si une fois le navigateur lancé l’utilisateur ne se sert que lui…
    D’ailleurs, le matériel a-t’il besoin de progresser quand le seul « rêve » vendu désormais est la vitesse de transfert des données en 5G ?

    Dans un monde obsédé par la vitesse, ne plus se préoccuper de son matériel et de sa possible obsolescence permet de ralentir un peu pour ma part : tant que ça fonctionne…

    Les programmes ne sont plus optimisés et il faut donc un matériel plus puissant ? Et s’il suffisait d’optimiser notre façon d’utiliser le matériel en ne lui imposant pas des logiciels gourmands en ressource ?
    Ai-je besoin de Microsoft Office pour de la simple bureautique quand LibreOffice fait le travail ?

    Oui, des usages spécifiques (je pense à de l’infographie, de l’architecture, etc.) nécessitent une remise à niveau matérielle fréquente mais le pourcentage d’utilisateurs informatiques qui ne font que du surf me parait énorme comparé à ces besoins de niche…

  • Thursday 30 May 2019 - 08:14

    Nous sommes en mai 2019, cela fait environ deux mois que je suis sous Windows 10 et j’en suis content.

    Cela fait un bail que j’utilisais Linux, plus spécialement Ubuntu qui reconnaissait l’ordinateur du premier coup là où Windows 7 demandait plusieurs pilotes pour arriver à quelque chose de correct.

    3 évènements ont déterminé mon changement de système d’exploitation quotidien.

    Tout d’abord, Windows 10 est arrivé en 2015 et nous sommes en 2019 : en gros ça marche (plus ou moins suivant les mises à jour) et ça reconnaît mon matériel du premier coup.

    J’ai mis un SSD dans l’ordinateur (256 GB) et mis l’ancien 500 GB dans le slot du lecteur CD-Rom (merci Dell).

    Ubuntu + Gnome Shell = petits soucis du quotidien.

    Je vous poste déjà deux photographies pour un truc banal mais qui me chagrine à chaque fois : le pointeur de souris dépasse le bord haut et le bord gauche de l’écran !
    C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup 😀 !

    Autre souci : si je coupe le son, ce qui est la norme sur cet ordinateur, il est de nouveau activé au redémarrage, avec la musique qui va bien.

    Et enfin le problème qui m’a poussé à changer pour Windows 10 : la vitesse de téléchargement en Wi-Fi !
    Ma vitesse maximale en P2P ou en téléchargement direct sous Linux atteint les 4 Mb/s, ce qui fait un peu tâche pour une connexion fibre en 300 Mo/s chez Orange.
    Sous Windows 10, je monte à 10 Mb/s ce qui change un peu la donne pour des fichiers de plusieurs gigaoctets !
    Je subodore un problème de pilote mais comment régler ça ?

    Comme je suis un guerrier linuxien, j’ai posé la question sur le forum officiel anglophone, mais la réponse n’a rien amélioré…

    Je suis bien sûr au courant des soucis de vie privée avec Microsoft (concours : qui me pompe le plus de données entre Google sur mon smartphone et Microsoft sur mon ordinateur ?) mais le pragmatique en moi a déjà fait son choix et je ne suis pas le seul

  • Saturday 18 May 2019 - 18:10

    Récemment, Cyrille Kondo s’est débarrassé d’un smartphone qui ne marchait plus, pour cause de redémarrage intempestif à la moindre occasion : un Obi Worldphone MV1.
    J’ai trouvé comment remettre ce téléphone en état de marche.

    Pour celles et ceux qui suivent l’actualité de Cyrille Borne, ou pour les autres, vous pouvez lire directement son billet Complément 87.

    De mon côté, quand Cyrille m’a annoncé du smartphone, j’ai fait quelques recherches pour trouver cette fameuse ROM 5.1, sans garantie de résultat.

    Au final, il s’avère qu’après quelques téléchargements, la procédure de flashage (x3) s’est déroulée sans encombre.

    La source étant fortement amateur, comprendre que l’Inde est vraiment un marché porteur pour les smartphone chinois puisqu’on y trouve pas mal de clients débrouillards pour faire concurrence à l’incontournable XDA et sortir des outils, procédure et ROM compilées.
    Saint Google permet ensuite de trouver son chemin s’il est correctement questionné.

    Côté technique, en dehors du fait que la société Obi Worldphone a mystérieusement disparu dans la nature sans mettre les sources du système à disposition, le MV1 est équipé d’un quad-core 1,2 Ghz, de 2 Go de RAM et 16 Go de ROM (stockage).
    Pas terrible côté processeur, cela reste assez lent mais honorable côté RAM et ROM.

    Côté tests, je vous laisse chercher sur le NEt, vous en trouverez à la pelle, sachant que le PDG de la société était un ancien PDG d’Apple, certains ont qualifié le MV1 d’iPhone d’entrée de gamme, ne rigolez pas, même Cyrille en a acheté, c’est pour dire ! (joke of course)
    Le design reste sympa ceci dit, la dalle semble ressortir de la coque, c’est original, 2500 mA ça tient la route et il est assez léger tout en ayant un écran lisible.

    Côté logiciels, il restera bloqué éternellement sur CyanogenOS 12.1 (Android 5.1) mais j’ai pu installer les applications Snapchat, Facebook et Messenger pour tester.

    Et ce tutoriel ? Le voilà, je vous mets une version PDF à la fin et le fichier d’archive contient le tutoriel en anglais aussi en PDF.


    Préambule

    Cette opération sert à flasher une ROM CyanogenOS pour le smartphone OBI MV1.
    Il s’agit d’une compilation de CyanogenOS 12.1 (Android 5.1) qui règle le souci de redémarrage en boucle (bootloop) lors de l’utilisation.
    La provenance de la ROM est inconnue mais l’auteur de ce tutoriel est satisfait du résultat : tout marche bien.

    La société OBI ayant disparue et les sources n’ayant pas été publiées, aucune mise à jour n’est disponible (même CyanogenMOD a été abandonné).

    Ce tutoriel comprend une partie pour préparer le matériel et les logiciels ainsi que 3 flashages à effectuer.

    Vous êtes seul.e.s responsable.s et rien ne garantie que l’opération marche, que le téléphone ne plante plus, etc.

    Préparation

    Téléchargez le driver : https://allusbdrivers.com/obi-mv1-usb-driver/
    Prenez juste le premier fichier : http://www.mediafire.com/file/738z5be3x5fpgcb/Qualcomm_USB_Driver_V1.0.zip et à l’installation choisissez le premier choix « WWAN-DHCP » puis continuez jusqu’au bout.

    Téléchargez le fichier contenant tout (ROM CyanogenOS en 3 parties + logiciel de flash QFile + tutoriel original PDF en anglais) : https://download.jheberg.net/g7ngyfop91qx
    Décompressez l’archive et repérez les sous-répertoires « step 1 », « step 2 » et « step 3 » du répertoire « cm-12.1-YOG7DAS7H6-yam-signed-factory-6ddfde93b7 ».
    Téléchargez adb version portable et décompressez les fichiers dans le répertoire « step 3 » du fichier précédent : https://download.jheberg.net/rvrkjw7lebpp

    Lancez le logiciel QFile.
    En haut, il est indiqué « No Port Available ».



    Éteignez complètement le téléphone (au besoin enlevez et remettez la batterie), pressez les boutons VOLUME (VOLUME HAUT et VOLUME BAS en même temps en appuyant au milieu) et le bouton POWER jusqu’à arriver sur un écran marqué « DOWNLOAD MODE ».



    Reliez le téléphone à l’ordinateur et appuyez sur VOLUME HAUT (« Confirm »).
    Un écran noir s’affiche sur le téléphone.

    Le logiciel QFile affiche le port COM utilisé.



    ————————————————–

    Cliquez sur le bouton [Browse…] en bout de ligne « Programmer path » et sélectionnez le fichier « prog_emmc_firehose_8909.mbn » dans le répertoire « step1 ».
    Cliquez sur le bouton [Load XML…] et sélectionnez le fichier « rawprogram_unsparse.xml » puis, quand le logiciel le demande automatiquement, le fichier « patch0.xml ».

    Cliquez sur le bouton [Download] et patientez quelques secondes.

    Le téléphone redémarre, éteignez-le de suite (enlevez la batterie) et quittez le logiciel QFile.

    ———————————————–

    Pressez les boutons VOLUME et POWER jusqu’à l’affichage de l’écran avec « DOWNLOAD MODE » puis VOLUME HAUT.
    Relancez QFile et vérifiez que le port COM utilisé est bien indiqué.

    Cliquez sur le bouton [Browse…] en bout de ligne « Programmer path » et sélectionnez le fichier « prog_emmc_firehose_8909.mbn » dans le répertoire « step2 ».
    Cliquez sur le bouton [Load XML…] et sélectionnez en même temps les 2 fichiers « rawprogram_unsparse.xml » et « rawprogram2.xml » puis, quand le logiciel le demande automatiquement, les fichier « patch0.xml » et « patch2.xml ».
    Rappel : pour sélectionner 2 fichiers en même temps : cliquez sur le premier fichier, appuyez sur la touche CTRL du clavier et cliquez sur le deuxième fichier. Le nom des deux fichiers s’affichent dans la ligne en bas de la petite fenêtre et vous pouvez alors valider la sélection.

    Cliquez sur le bouton [Download] et patientez quelques minutes.

    Le téléphone redémarre, éteignez-le de suite (enlevez la batterie) et quittez le logiciel QFile.

    ———————————————-

    Pressez les boutons VOLUME HAUT et POWER jusqu’à l’affichage « FASTBOOT MODE » et reliez le téléphone à l’ordinateur avec le câble USB.



    Dans l’explorateur de fichiers, allez dans le répertoire « step3 », maintenez SHIFT/MAJ sur le clavier et faites un clic-droit puis sélectionnez « Ligne de commande » ou « Powershell » pour ouvrir le terminal dans le répertoire.

    Tapez la commande « cm_resetlock.bat 452 » et attendez que les lignes défilent, cela devrait ressembler à l’écran suivant :



    Tapez ensuite la commande « fastboot reboot » et le téléphone redémarre.

    Débranchez tout : le téléphone peut être utilisé sans plantages.

    Remarques

    Si vous essayez d’utiliser le PlayStore et d’installer une application ou une mise à jour, il va vous dire de mettre à jour Google Play Services (il faut le faire), c’est un peu long au début.
    Il est possible de rooter avec KingRoot : https://forum.xda-developers.com/android/apps-games/one-click-root-tool-android-2-x-5-0-t3107461
    Vous devez désactiver, dans le PlayStore, le « PlayProtect » sinon ça bloque pour des raisons de sécurité.

    KingRoot étant limite un bloatware usine à gaz, il est possible de l’utiliser pour rooter, puis d’installer SuperSU et de désinstaller KingRoot (pas trop testé pour le moment).

  • Friday 01 February 2019 - 13:05

    Début janvier, je me suis fait arnaqué sur PriceMinister, devenu, par rachats, Rakuten.

    J’ai beau être un internaute aguerri (autosatisfaction), avoir été arnaqué sur IBazar (merci Simone !) il y a des années et être au fait de la sécurisation des échanges sur Internet, il est encore possible de se faire avoir !

    Au départ, j’ai dû changer mon smartphone, le précédent, une chinoiserie payée moins de 100 € et qui aura tenu un an, étant tombé en panne définitive (plus de recharge par micro-USB possible).

    Premier réflexe : monter en gamme.
    J’ai donc choisi un modèle de chez Xiaomi, que je détaillerai peut-être plus tard.

    Deuxième réflexe : trouver une promotion sur Dealabs, le site qui siphonne ton compte en banque plus vite que les impôts.

    J’ai alors commis une erreur digne d’un débutant : j’ai sauté sur une promotion alléchante sur une plateforme type place de marché (marketplace Amazon, ça vous dit quelque chose ?) mettant en relation internautes acheteurs et vendeurs, particuliers très souvent SANS VÉRIFIER AVANT LES ANTÉCÉDENTS DU VENDEUR

    Bien évidemment, il y avait déjà eu des soucis avec une promotion précédente référencée sur Dealabs.
    Pour la faire courte : le smartphone vendu n’a pas la bande 4G des 800 Mhz (B20), ce qui diminue fortement la réception 4G en France.
    Il s’agit en fait d’un modèle vendu pour le marché chinois (qui n’utilise pas les mêmes bandes 4G), et non du modèle international/global avec la fameuse bande 4G B20.

    Le vendeur ayant confirmé la présence de cette bande dans les questions/réponses, nous sommes bien en présence d’une arnaque.

    J’ai donc joyeusement dépensé 150 € avec ma carte bleue (au lieu de penser à PayPal et sa gestion des éventuels litiges) le 4 janvier.
    On mettra de côté les délais d’expédition et livraison raccourcis, même s’ils restent inférieurs à ceux d’un produit venant d’Asie.

    Au final, le colis est arrivé chez moi le 15 janvier et pendant ce temps, le vendeur a été dénoncé sur Dealabs donc je n’ai pas été surpris de recevoir le mauvais produit, sans blister et avec des indications en chinois au lieu de l’anglais.

    J’ai de suite ouvert un litige qui consiste à envoyer une réclamation au vendeur de façon automatique (avec la justification).

    Il faut savoir que Rakuten donne 3 jours pour que chaque opération (e-mail, réclamation, vérification, etc.) se déroule.

    Je vous laisse le détail via la capture d’écran ci-dessous mais au final, Rakuten a bien lancé le remboursement sur mon compte en banque le 27 janvier.

    Échanges avec Rakuten et le vendeur

    Qu’en penser ?
    Malgré un design toujours aussi cheap et vieillot, PriceMinister/Rakuten reste une entreprise sérieuse mais où l’on peut trouver des escrocs.
    Leur système de litige est correct et fonctionne.
    J’ai beau être un baroudeur du Net (début du surf : 1996), nul n’est à l’abri d’une arnaque.
    Il faut effectuer un minimum de recherches sur des vendeurs particuliers avant de foncer tête baissée.

    Prochaine étape : commander ce smartphone, de préférence en payant avec PayPal, sur un site à peu près garanti.

  • Saturday 12 January 2019 - 18:30

    Nouvelle année pour une vie et une informatique raisonnable et raisonnée !
    L’image illustre mon vœu pieux : moins c’est mieux…

    J’ai 40 ans, presque plus, et j’en ai marre alors plutôt que d’enfiler un gilet jaune qui n’aboutira, selon moi, qu’à un énième jmenfoutisme gouvernementale, j’ai décidé de réfléchir.

    Côté informatique, j’en ai marre de bidouiller Ubuntu, marre de subir le changement de l’efficace et léger environnement de bureau Unity pour arriver sur un Gnome-Shell lourd et sur lequel il faut rajouter je ne sais combien d’extensions pour avoir quelque chose d’utilisable au quotidien.

    Du coup, plutôt que de tester une énième fois sans succès les alternatives légères préhistoriques (Mate, LXmachin ou Xfce par exemple), j’ai décidé de tester sur un long moment Windows 10, qui était en double démarrage sur mon PC portable, PC principal qui plus est avec ses 4 Go de RAM et son SSD.

    Force est de constater que les inconvénients rencontrés sous Linux ont pour certains disparus :

    • je télécharge des données à la vitesse maximale du Wi-Fi (pointe jusqu’à 10 mb/s contre 5 sous Linux 🙄 )
    • je peux installer quantités de logiciels directement (en faisant attention à la source mais vu mes connaissances, je ne risque pas grand chose)
    • l’ensemble et surtout le navigateur Firefox ne rame pas pour passer d’un onglet à l’autre quand j’en ai une grosse quantité d’ouverts

    Certains inconvénients inhérents à Windows restent malgré tout (les mises à jour à l’extinction sont toujours une plaie mais je peux quand même fermer l’écran et ranger la machine) et pour le côté Libre (m’en moque) ou le côté espionnage (en plus de Google, des sites Web qui se fichent du RGPD, de ma banque, des supermarchés, etc. ?), je n’ai pas trop peur : nous vivons dans un monde où nous nous prostituons pour vivre (le contrat de travail est une subornation à un employeur, et nous vivons pour travailler), alors la perte de mes données, perte que j’essaye de contrôler par ailleurs en réfléchissant à ce que je dévoile, n’est pas au centre de mes priorités.

    Côté téléphone, ma chinoiserie à 60 € est morte au bout d’un an, je ne pleure pas, j’en ai eu pour mon argent.
    Je suis en train de me faire arnaquer par un vendeur sur Rakuten (anciennement Priceminister), dès que j’aurai régler le litige à venir, je repartirai sur une évolution à la hausse du prix du smartphone en achetant sur un site sûr et sérieux comme Gearbest plutôt que par un particulier.
    Entre le vomi dans les commentaires ou l’arnaque de son prochain, l’Être Humain fait rêver, n’est-ce pas ?


    Il est beau, mais je peine à l’acheter !

    Côté activité Internet, j’ai encore resserré la vis en passant mon compte Twitter en privé, j’ai séparé mon compte Facebook personnel privé de mon compte Facebook professionnel, je commente peu.
    J’ai allégé ce blog en virant les 3/4 des extensions, les pages inutiles (RGPD par exemple), etc.

    Vous pouvez noter que désormais Firefox n’affiche plus le flux RSS ou un quelconque contenu XML avec balises, il propose de télécharger le fichier XML, c’est bien comme régression, autant la fonctionnalité RSS interne m’était inutile autant là… c’est presque too much, le mur arrive à grand pas ?

    Côté travail, la motivation n’est pas mienne pour le moment, je réfléchis à du changement mais ce n’est pas pour maintenant, les opportunités au bout du monde ne sont pas légions.

    Côté famille je ne m’épancherai pas car rien de particulier, les enfants grandissent et les parents vieillissent.

  • Saturday 12 January 2019 - 13:18

    C’est l’heure de la décroissance sociale, des réseaux envahissants, du narcissisme triomphant et je vais parler de la plaie du Net.


    Souvenez-vous, dans les années 2000, on nous a vendu le Web 2.0, c’est-à-dire le passage du Web à sens unique ou 1.0 (un site écrit, les visiteurs lisent) au Web à double sens avec le site qui écrit et les visiteurs qui répondent, sous forme de commentaires par exemple.

    Bonne nouvelle : c’est une arnaque, notamment à cause de la nature humaine (selon moi et mon expérience scientifique).
    Explications.

    Le rêve du Web 2.0, c’est la Grande Conversation : le Rédacteur écrit, le Visiteur commente, le Rédacteur répond au commentaire, etc.

    Que s’est-il passé ?
    Selon Moi (oui, je me majuscule, ici c’est chez Moi :P), la nature humaine a repris le dessus, comme c’est souvent le cas depuis la préhistoire.
    L’Homme est fainéant par nature, donc il va au plus rapide pour obtenir ce qu’il veut, donc dans une conversation, il veut avoir raison.
    Pourquoi perdre son temps en débat ?
    Donc l’Homme râle, insulte, tape et autres actions fortes, même en écrivant.

    Duty Calls - xkcd
    Duty Calls – xkcd

    Oui, la possibilité de commenter et de laisser tout un chacun exprimer son point de vue est une erreur.
    Attention, une erreur quand il s’agit d’établir un dialogue, mais la sacro-sainte liberté d’expression est toujours possible puisque chacun est libre de devenir Rédacteur !
    Hé oui, mais l’interaction coco, elle est où ?
    Nulle part, mais qu’importe sur le Net.
    L’interaction est en fait toujours à sens unique mais pas comme le prévoyait le Web 2.0 car si le Rédacteur écrit, le Visiteur répond et c’est tout.
    Si ce Visiteur est insultant, lui répondre n’apportera pas plus d’échange constructif.
    Si ce Visiteur apporte juste son opinion ou un soutien de celle présentée, quel intérêt pour le Rédacteur ?

    Au passage, petit point explicatif entre le virtuel et le réel :

    • l’échange Rédacteur -> Visiteur est virtuel et sans impact direct sur la vie réelle (hors du Net)
    • l’échange violent  Visiteur -> Rédacteur aura un impact au moins psychologique dans la vie réelle pour le Rédacteur

    Je vous propose une petite vidéo de 13 minutes pour appréhender le fameux Web 2.0 et son effet pervers.

    Heureusement, toute forme d’interaction n’est pas FORCÉMENT négative, je pense notamment aux forums de discussions.
    Ils ont presque totalement disparus ou plutôt, par une sorte de darwinisme, se sont regroupés mais le principe communautaire est là : un sujet principal et très peu de hors-sujet, des échanges cordiaux et surtout une forte modération rendue possible par des outils pratiques, contrairement par exemple aux blogs où la seule modération possible est l’effacement d’un commentaire.

    Enfin, petite remarque à propos des sites d’information.
    Les commentaires sont nauséabonds et servent de catalyseurs à la haine des gens.
    Du coup, sur la nouvelle maquette Web du Monde, les commentaires ne sont plus directement sous l’article mais sur une page à part, accessible après avoir cliqué sur un lien peu visible !

    Verras-tu le lien discret chèr.e lecteur.ice ?

    Certains pure players ont supprimé la notion de commentaire et c’est très bien ainsi, big up à Slate.

    Ami du Net, si tu veux interagir avec les gens sur un sujet, crée un forum.
    Si tu veux juste parler de toi, fiche-toi comme de l’an 40 de l’avis d’autrui qui ne t’amènera jamais rien.
    Oui ami du Net, c’est soi l’entre-soi d’un forum avec des Visiteurs occasionnels, soit l’entre-toi.
    Quelque soit ton choix, il sera légitime mais n’essaye pas de mélanger ces deux notions incompatibles.

  • Thursday 10 January 2019 - 12:50

    Année de la remise en question, année de la remise à zéro ?

    La Révolte gronde mais sommes-nous prêts à nous remettre en question individuellement quand le collectif continue droit dans le mur ?

    Doit-on obéir aux injonctions sur notre comportement individuel quand les responsables et coupables collectifs ne sont pas inquiétés ?

    Je compte faire du ménage en profondeur, mais peut-être qu’il serait plus rapide de tout effacer pour mieux recommencer ?

    Ce blog est fini.
    Il contient des textes périmés, sans intérêt ou reflétant ce que je ne suis plus, en ce moment ou tout le temps.

    L’article le plus consulté est celui sur le covoiturage, activité que j’ai définitivement arrêté fin juin 2015.

    Faire moins pour faire mieux.

  • Tuesday 09 October 2018 - 07:20
    Femmes et alcool

  • Friday 14 September 2018 - 12:29

    J’ai mis la main sur l’album éponyme de Prophets of Rage, groupe récemment créé avec les anciens membres du défunt Rage Against the Machine, deux membres de Public Enemy et l’un des rappeurs de Cypress Hill.
    C’est fait pour envoyer du lourd, même sans la voix bien gueularde de Zack de la Rocha.

    Rage Against the Machine a bercé mon adolescence, ça gueulait quand je voulais gueuler.

    Voici un best-of trouvé sur YouTube pour vous mettre dans l’ambiance :

    Au-delà des paroles en anglais donc peu compréhensibles sur l’instant (merci les retranscriptions dans les livrets quand même), c’était bien sympa de pousser le volume.

    Plus rien ou presque après 2000 (Wikipédia est votre ami), j’étais passé à autre chose.

    2017 et annonce d’un nouveau groupe au nom rappelant des souvenirs : Prophets of Rage.
    Single, vidéos, et on remet une pièce dans la machine.

    L’album dans la voiture, 20 ans plus tard, ça donne quoi… du mitigé.
    Déjà le chanteur n’est plus le même. Et s’ajoutent 3 rappeurs, même s’ils ne sont pas vraiment dans le style de Maître Gims (ouf !), c’est assez déroutant.

    Ça gueule, ça rage, c’est assez puissant.
    Mais le mélange des genres encore plus prononcé que dans les albums de RATM (pour les intimes) entre rap et rock m’a laissé sur ma faim.

    Musicalement parlant, j’ai quand même apprécié l’ensemble, avec une préférence pour Unfuck the World et Hail to the Chief.

    Et après ?
    RATM est mort, je préfère réécouter des morceaux bien tonitruants et me dire que c’est un nouveau groupe plutôt que du réchauffé un peu décevant…


  • Monday 10 September 2018 - 09:57

    Cette année, le fiston rentre au collège et, modernité oblige (ne rigolez pas), j’ai découvert l’Espace Numérique de Travail de l’école.

    Ayant un enfant qui rivalise d’écriture avec les meilleurs médecins, comprendre que son agenda est souvent indéchiffrable, j’étais dans l’attente pour cette nouvelle année d’un outil paraissant merveilleux : l’ENT, c’est-à-dire un site d’école regroupant agenda, emploi du temps, résumé de cours, bref la totale imaginable (mais surtout l’agenda).

    Est arrivé alors, en fin de première semaine, trois papiers presqu’identiques (un pour chaque parent, un pour l’élève, l’ENT gère des niveaux d’autorisation et consultation différents) dont je vous montre un scan ci-dessous, imaginez du A5 écrit plus petit qu’un article du Monde version papier.

    Première souci : l’adresse de connexion, qui se présente sous la forme http://nomducollege-clgxx.l-educdenormadie.fr !
    Déjà, saisir à la main cette URL est source d’erreurs (expérience inside), vous noterez notamment la racine du nom de domaine avec un tiret !
    Et si vous êtes malin (ou bête comme la personne qui a décidé de ce nom), vous noterez le jeu de mot improbable avec une référence historique oubliée !

    Après trois saisies infructueuses, une recherche Google aussi inefficace et une relecture avec une loupe, j’ai réussi à trouver la page d’accueil du collège (un WordPress un peu actualisé), hébergé donc par la région Normandie (donc coupable à l’origine du jeu de mots dans l’URL).
    Miracle !

    En haut, un lien “Se connecter” envoyait une promesse, j’ai cliqué.
    Authentification possible en suivant les instructions sur le papier :

    • utilisation du couple identifiant / mot de passe temporaire
    • remplissage de formulaire (encore ?)
    • validation du compte par e-mail

    Remarque : c’est la même démarche pour l’élève, sans la validation e-mail mais avec le même choix de mot de passe, les renseignements à donner, etc.
    Sans déconner, j’ai fait l’inscription pour mon fils, je doute que la majorité des élèves de collège soit capable de faire cette démarche seuls !

    Une fois connecté, j’ai donc eu droit à l’ENT du collège… non à la page d’accueil de… l’ENT de la région ?

    Voici donc la fameuse page d’accueil :

    Arrivée sur la page Educ de Normandie

    Comme vous le devinez, ça envoie du lourd !
    Je vous fait un petit tour du propriétaire, essayez de ne pas fuir avant la fin…

    Je n’ai exploré ce site que quelques jours plus tard avant d’arriver sur la dernière page avec enfin le lien vers Pronote, l’ENT promis !
    Les autres services externes amènent vers le site de l’académie (paiement des factures), des sites en panne ou vides et un site présentant plein de métiers, sur lequel il faut s’identifier, on ne sait jamais !

    Je ne vais pas détailler Pronote, il est assez complet, fait le boulot à savoir qu’il affiche les cours, l’agenda avec les devoirs, divers calendriers et emplois du temps, il marche sous Firefox, bref i lmarche.
    Il peut être couplé avec une application mobile (disponible même sur le magasin Microsoft ?!) qui est plutôt une webapp mais qui marche aussi.

    Accueil Pronote

    Je vous montre quelques images qui font sourire mais globalement, je suis content de son utilisation côté professeurs pour ce début d’année.

  • Thursday 23 August 2018 - 13:05

    Petit tutoriel repris d’un brouillon sur l’utilisation de DOSBox sous Linux pour jouer aux vieux jeux.
    Dédicace pour les nostalgeeks.

    Avant de se précipiter sur ce programme qui n’est rien d’autre qu’un émulateur MS-DOS, il va falloir préparer le jeu auquel vous voulez jouer.

    La plupart du temps, les vieux jeux sont disponibles en deux formats :

    • un fichier compressé avec tous les fichiers du jeu, qui tenaient à l’époque sur une ou plusieurs disquettes
    • une ou plusieurs images ISO, copie(s) du ou des CD-ROM si le jeu était plus volumineux

    Pour en revenir à Sherlock Holmes, le jeu est disponible en une seule archive compressée sur l’incontournable site Abandonware France.
    Afin de bien triturer DOSBox, je parlerai aussi du second volume de Sherlock Holmes dans cette série : The Case of the Rose Tattoo car il est disponible en version CD-ROM donc en image ISO.

    Tout d’abord, il faut installer DOSBox :

    sudo apt-get install dosbox -y

    Vous pouvez lancer directement DOSBox avec la commande dosbox mais vous aurez le programme en anglais et aucun fichier de votre disque dur accessible.
    Il va falloir donc s’intéresser à la configuration de DOSBox.

    Pour installer la langue française, il faut télécharger l’archive disponible sur le site officiel et la décompresser (elle contient deux fichiers utiles) dans le répertoire ~/.dosbox en écrasant le fichier de configuration déjà présent.
    Si vous relancez DOSBox, il sera en français.

    Problème suivant : accéder aux fichiers du disque dur DANS DOSBox.
    DOSBox permet de monter un répertoire local pour en faire un disque dur dans son instance, avec l’arborescence qui va avec.
    Par souci de facilité d’accès, je suggère de créer deux répertoires dans ~/.dosbox : un répertoire disque_C pour y mettre les fichiers et un répertoire ISO pour y mettre les images ISO à utiliser.
    Je vous conseille d’ailleurs de créer ce répertoire comme sous-répertoire de disque_C, histoire d’y accéder dans DOSBox pour voir les ISO à monter.
    Et comment y accéder une fois DOSBox lancé ?
    Il y a deux moyens pour cela :

    • une fois dans DOSBox, il suffit de taper mount <lettre> <chemin local> puis d’accéder au disque créé/monté avec <lettre>:
      Ainsi pour monter le répertoire ~/.dosbox/disque_C en disque dur C: (partition pour être exact mais ne chipotons pas), il faut taper mount c ~/.dosbox/disque_C tout simplement.
    • avant de lancer DOSBox, il faut éditer à la main le fichier ~/.dosbox/dosbox-0.74.conf et ajouter la ligne décrite dans la méthode précédente à la fin du fichier, ainsi la commande sera lancée à chaque démarrage.

    Le moment est venu de s’intéresser au fichier ~/.dosbox/dosbox-0.74.conf que l’on peut éditer à la main facilement (nano ou Gedit par exemple).

    Je ne vais pas vous détailler toutes les options car le fichier est très bien auto-documenté, en français en plus si vous avez téléchargé la langue française.
    Le plus intéressant reste la fin du fichier qui permet de saisir des commandes à lancer automatiquement au démarrage (pour les nostalgiques du fameux autoexec.bat) sachant que les commandes MS-Dos courantes et celles supplémentaires de DOSBox comme mount fonctionnent.

    Je vous mets ici le contenu de ma section [autoexec] à titre d’exemple.

    [autoexec]
    # Les lignes de cette section seront lancées au démarrage.
    # Vous pouvez mettre vos commandes MOUNT ici.
    
    @echo off
    keyb fr
    mount c ~/.dosbox/disque_C
    c:
    dir

    Pour jouer, il suffit donc, pour le premier The Lost Files of Sherlock Holmes, de décompresser l’archive dans un sous-répertoire de disque_C afin que, par exemple, le chemin local ~/.dosbox/disque_C/holmes/ devienne sous DOSBox C:\HOLMES\.

    Pour finir, il ne reste plus qu’à lancer le fichier exécutable adéquat (dont l’extension est .BAT ou .EXE ou .COM).

    Pour les jeux en image ISO, il faut également monter l’image ISO comme une lettre sous DOSBox, avec la commande imgmount <lettre> <image_iso> -t iso.

    Vous comprenez donc qu’il peut y avoir des montages à effectuer différents selon le jeu auquel vous voulez jouer.
    Du coup, plutôt que de modifier à chaque fois votre fichier de configuration DOSBox, il est possible d’en créer une copie avec un nom explicite, par exemple holmes1.conf, et de le charger au démarrage de DOSBox avec la commande :

    dosbox -conf <nom_du_fichier_conf>

    Ainsi, vous n’aurez qu’à mettre dans chaque fichier que les points de montage spécifiques pour tel ou tel jeu.
    En dehors de mettre des commandes spécifiques dans la section [autoexec], certianes options peuvent avoir de l’influence sur le jeu.
    Ainsi, le premier des Sherlock Holmes ne marche pas (plante en fait) si le son est activé.
    Il faut donc passer l’option nosound= à true (section [mixer]).

    Pour le jeu The Case of the Rose Tattoo, il faut décompresser l’image ISO dans le répertoire ISO puis, dans DOSBox, monter cette image ISO en lecteur D: comme ceci :

    c:
    cd ISO
    imgmount d SHERHRT.ISO -t iso

    L’installation se lance avec INSTALL.BAT et le jeu est alors installé sur C:\HOLMES2\, à lancer avec HOLMES2.BAT dans ce répertoire.

    Voilà !
    A vous les joies de la ligne de commande préhistorique et des jeux anciens 😉 sachant que vous aurez parfois BEAUCOUP de difficulté à les lancer mais que votre moteur de recherche préféré reste votre meilleur allié avec le wiki DOSBox qui contient toutes les commandes et options du fichier de configuration détaillées.

    Quelques astuces en bonux :

    • la dernière version de DOSBox (0.74) date de 2010 ! Mais des développeurs travaillent toujours dessus via le dépôt SVN et les bugs corrigés permettent de résoudre des problèmes rencontrés avec la dernière version officielle.
      Plutôt que de compiler vous-même, vous pouvez installer via un PPA la dernière version compilée.
      Attention, cette version utilise un fichier de configuration nommé dosbox-SVN.conf donc pensez à y reporter vos modifications ou mieux, à lancer DOSBox avec vos propres fichiers de configuration avec la commande dosbox -conf <nom_du_fichier.conf>.
    • si un jeu nécessite la souris, cliquez dans la fenêtre de DOSBox pour capturer la souris. Pour la récupérer, il faudra combiner CTRL+F10.
    • vous pouvez monter plusieurs images ISO sur le même lecteur et changer d’image montée à tout moment en combinant CTRL+F4 avec la commande imgmount d <image1.iso> <image2.iso> <image3.iso> - t iso.
  • Friday 17 August 2018 - 13:00

    Ces derniers temps, la sphère informatique du Net francophone parle de serveurs DNS en faisant l’écho (la publicité ?) pour un nouveau serveur tout beau tout frais.
    Mais qu’est-ce qu’un serveur DNS ? Pourquoi changer celui par défaut et comment faire ?

    Un serveur DNS, qu’est-ce que c’est ?

    Un serveur DNS, c’est ce qui fait le lien entre l’adresse IP d’un serveur relié à Internet et un nom de domaine.
    Ainsi, si vous demandez à votre navigateur Internet de vous connectez au site https://www.parigotmanchot.fr/, il va interroger un serveur DNS pour demander l’adresse IP correspondant à ce nom de domaine, en l’occurrence
    185.31.40.11, qui est l’adresse sur le réseau de l’ordinateur hébergeant le site.
    Comme il n’est pas simple de retenir des adresses IP ET que sur un même serveur relié à Internet il peut se trouver plusieurs sites Web (d’où l’expression hébergement mutualisé), l’être humain utilise des noms de domaine, plus facilement mémorisables.

    Un serveur DNS, pourquoi en changer ?

    Vous avez peut-être entendu parler de décisions de la justice française demandant aux principaux fournisseurs Internet français d’interdire l’accès à certains sites, soit car ce sont des sites pirates (diffusant des liens illégaux pour télécharger des œuvres protégés par le droit d’auteur), soit plus récemment car ce sont des sites faisant l’apologie du terrorisme.
    Sommés de s’exécuter, les FAI comme Orange ou Free ont utilisés une technique basées sur les serveurs DNS : maintenant, quand vous demandez à votre navigateur l’adresse IP d’un site interdit, le serveur DNS ment et dit, en quelque sorte, à votre navigateur, que le nom de domaine n’a pas d’adresse IP derrière.
    C’est aussi valable, chez certains serveurs DNS, pour éviter les connexions à des serveurs permettant de vous hacker, ce qui dans ces cas me paraît une bonne chose.
    Nous sommes dans ces cas là en présence d’un serveur DNS menteur.
    L’une des autres possibilités d’un serveur DNS, c’est la protection et la sécurisation des connexions, mais c’est un point technique plutôt abscons, disons juste que c’est possible de sécuriser l’échange entre le navigateur et le serveur DNS via un protocole (DNS over HTTPS), protocole peu mis en place.

    La principale raison de vouloir changer de serveur DNS est donc pour échapper à une forme de censure.

    Serveur DNS, comment en changer ?

    Il est relativement simple (ouf) de changer de serveur DNS.

    Internet regorge de tutoriels plus ou moins simples pour se faire, je vais juste détailler quelques points.

    Changer de serveur DNS peut se faire à deux niveaux.

    Le premier endroit, pour changer de serveur DNS, c’est dans votre modem-routeur, appelé box en France (Livebox, Freebox, etc.).
    Ainsi, n’importe quel appareil connecté à Internet via la box utilisera par défaut le serveur DNS renseigné dedans.
    Vous trouverez facilement sur Internet le moyen de changer les serveurs DNS dans votre box, sachez juste que si vous êtes comme moi chez Orange, il n’est pas possible de modifier la configuration interne des serveurs DNS 👿 !

    Ceci nous amène à la deuxième méthode pour changer les DNS : au niveau de la connexion.
    Cette méthode prend d’ailleurs le pas sur la précédente, mais doit être répétée pour chaque connexion différente : chaque connexion Wi-Fi (chez vous, chez des amis, etc.), chaque connexion ethernet, etc.

    Suivant le système d’exploitation, vous pouvez modifier la connexion (dans ses paramètres) et préciser ainsi quels serveurs DNS utiliser au lieu de prendre ceux indiqués par le point de connexion en lui-même.
    Quand je parle de système d’exploitation, c’est bien tous les systèmes, ainsi c’est faisable sous Windows ou Linux pour les ordinateurs fixes mais également sous Android pour les smartphones et tablettes.

    ❗ Changer un serveur DNS n’est pas la même chose que changer son adresse IP, ne vous trompez pas de paramètre 😉 ❗
    ❗ Si vous entrez une mauvaise adresse de serveur DNS, vous n’accéderez plus à aucun site si vous saisissez un nom de domaine ❗
    ❗ Un serveur DNS est forcément au courant des sites Internet que vous visitez, attention à qui vous faites confiance ❗

    Vous avez compris le concept et vous voulez vous lancez ?
    Il ne vous reste donc plus qu’à trouver quels serveurs DNS utiliser.

    Quels serveurs DNS utiliser ?

    Je vous liste ici quelques adresses IP de serveurs DNS :

    • serveurs Quad 9 : 9.9.9.9 (IPv6 : 2620:fe::fe) + 149.112.112.112 (IPv6 : 2620:fe::9) – Serveurs sécurisés pour les requêtes DNS entre votre navigateur et le serveur DNS + protection contre les serveurs servant aux malwares
    • serveurs OpenDNS family shield : 208.67.222.123 + 208.67.220.123 – Serveurs bloquant les requêtes vers les sites pornographiques
    • serveurs FDN (fournisseur d’accès Internet alternatif) : 80.67.169.12 (IPv6 : 2001:910:800::12) + 80.67.169.40 (IPv6 : 2001:910:800::40)
    • serveurs Google : 8.8.8.8 (IPv6 : 2001:4860:4860::8888) + 8.8.4.4 (IPv6 : 2001:4860:4860::8844) – serveurs dont l’IP est facile à mémoriser, mais la vie privée en prend un coup
  • Tuesday 14 August 2018 - 22:23

    Envie de mieux protéger l’accès à un compte utilisateur sur un site : parlons sécurisation des données et authentification multifactorielle !

    Si vous avez lu mon précédent billet à propos du piratage de mon compte eBay, vous avez pu lire que j’ai activé une mesure de protection lors de l’identification : la double authentification par SMS.

    Au passage, dans ce billet, authentification et identification sont synonymes, même s’il y a une différence bien expliquée sur cette page.

    La majorité des sites consultés de nos jours proposent (imposent) d’avoir un compte utilisateur personnel pour profiter pleinement du contenu voire participer personnellement.
    C’est le cas pour les réseaux sociaux mais aussi pour les sites marchands, etc.

    En général, c’est simple : vous devez créer un nom d’utilisateur, un mot de passe et renseigner une adresse e-mail.
    Si vous êtes comme beaucoup de monde, le couple e-mail / mot de passe est le même sur tous les sites ou presque.

    Je ne vais pas m’étendre sur cette faille de sécurité évidente (si un pirate informatique a accès à votre adresse e-mail ET surtout à votre mot de passe pour un site, il peut, il va essayer celui-ci sur d’autres sites).
    La logique voudrait que l’on utilise un mot de passe différent pour tous les sites mais je suppose que vous êtes comme moi : humain.e 😀 et donc si vous n’êtes pas adepte des moyens mnémotechniques plus ou moins bidons présentés sur Internet, la sécurité est plutôt moyenne concernant votre mot de passe, même si vous utilisez le minimum vital selon moi (et des experts en sécurité), à savoir utiliser un mélange de majuscule(s), minuscule(s), chiffre(s) et symbole(s).

    Alors que faire ?
    Il est possible sur de plus en plus de sites Internet de mettre en place une authentification multifactorielle, parfois appelée 2FA (2 Facteurs d’Authentification)
    A vos souhaits !
    Pour simplifier, en plus de vous connecter sur un site avec votre identifiant et votre mot de passe, il est possible de paramétrer votre compte pour qu’une autre donnée d’identification vous soit demandée, en général c’est un code envoyée soit sur votre adresse e-mail, soit par SMS soit via une application dédiée.

    Côté application dédiée, qui reste, d’après quelques lectures, la meilleure solution en terme de sécurité, il est souvent conseillé Google Authenticator, mais n’importe quelle application compatible disponible sur Google Play (je ne connais pas le magasin applications d’Apple, je vous laisse regarder) fera l’affaire, personnellement j’utilise Authy, pour plusieurs raisons :

    • sauvegarde automatique sur les serveurs de l’application (tiers de confiance ? mais c’est la seule application que j’ai testé qui possède une fonction de sauvegarde) avec mot de passe pour accéder à la restauration
    • peut demander un code PIN à l’ouverture (protection supplémentaire)
    • marche à 100 % lors du scan d’un QR code à l’écran avec mon smartphone (oui, c’est bizarre mais les autres applications déconnent)
    • la société propose une extension WordPress pour gérer ce genre d’authentification, la seule gratuite (c’est moi le produit ?) avec des codes de récupération

    Authy 2-Factor Authentication (Gratuit, Google Play) →

    Authy (Gratuit, App Store) →

    Pour les deux premières possibilité (e-mail et SMS), il suffit d’avoir son adresse e-mail renseignée et validée ou son numéro de téléphone mobile.

    Pour l’option applicative, c’est simple :

    • le site vous demande de scanner un QR code (ou de renseigner manuellement une suite de lettres et chiffres) avec l’application idoine
    • votre application enregistre le site et vous pouvez donc obtenir un code, souvent valable entre 30 secondes et 2 minutes
    • vous renseignez ce code sur le site qui valide la mise en place de cette forme d’authentification
    • à chaque fois que vous voudrez vous identifier sur ce site, il faudra entrer un code fourni par votre application via votre smartphone

    Certains sites permettent plusieurs options d’identification (e-mail et application par exemple), c’est à vous de choisir quoi mettre en place.

    Pour ce qui est de l’authentification par application, lors de la mise en place, le site doit normalement vous fournir des codes de secours à garder au chaud dans un endroit protégé car ces codes, valables une fois, permettent d’outrepasser l’application de votre smartphone et ne sont à utiliser qu’en cas de nécessité.

    Vous trouvez cette procédure contraignante ? Dites-vous qu’en 2018 vous avez de fortes chances pour que votre e-mail et votre mot de passe favori soit tous les deux dans les mains de pirates qui ont pénétré un site mal protégé !

    En bonus, je vous livre la liste des sites pour lesquels mon application Authy m’est indispensable :

    • Dropbox
    • GitHub
    • Facebook
    • Nextcloud
    • Google (et tous les sites lui appartenant)
    • Microsoft (idem que Google)
    • Electronic Arts
    • GitLab
    • Alwaysdata (mon hébergeur)
    • WordPress.com (compte professionnel)
    • ProtonMail
    • GBAtemp
    • Mastodon (instance mamot.fr)
    • Discord
    • LastPass
    • Kickstarter
    • Amazon
    • Humble Bundle
    • 1&1
    • ce blog
    • Firefox (compte sync)
    • DokuWiki (instance personnelle)

    Sans compter tous les sites qui envoient un code par e-mail ou SMS, je pense à Sony, PayPal, eBay, GOG ou Steam par exemple.

    On peut noter que les banques n’ont pas mis ce système en place, leur sécurité est pourrie avec un code à taper en cliquant sur des chiffres, c’est relativement facile à hacker… seuls les paiements sont sécurisés quand un commerçant met en place le protocole 3D-Sécure.

    Pour ce qui est des scripts installables sur un hébergeur, c’est assez aléatoire, le plus gros script de forum, phpBB, ne propose pas cette option, même en extension, d’autres l’ont inclut, idem pour les gros sites ceci dit.

    Pour conclure, je peux souligner le côté contraignant de devoir vérifier ses e-mails ou garder son téléphone chargé près de soi mais pour information, je reçois de temps en temps un e-mail avec un code d’authentification pour un site, ce qui sous-entend qu’un pirate essaye de s’identifier avec mon adresse e-mail et mon mot de passe !
    Je ne suis pas au courant des essais sur les sites où je possède un compte protégé par l’application de mon smartphone, mais je trouve que la sécurité vaut le coup de se protéger d’une façon supplémentaire !

  • Sunday 12 August 2018 - 07:50

    Cette année, vacances originales avec des menhirs et une visite de l’hôpital de Vannes.

    Cette année, j’ai décidé de planifier mes vacances de manière originale.
    J’ai commencé par avoir des chèques-vacances mais je ne les ai pas utilisé (trop facile !).

    Du coup, pour bien préparer mes vacances, j’ai attendu la dernière minute pour trouver un endroit où débarquer sachant que nous avions plusieurs critères :

    • lieu de villégiature inconnu mais pas trop loin de notre Normandie
    • piscine conséquente pour le fiston, voire centre aquatique avec toboggans)
    • prix dans nos cordes, donc moins de 500 € si possible

    Et l’Homme moderne inventa la réservation de dernière minute, où l’hôtelier réduit ses prix pour vendre ce qu’il reste de rêve.

    Je passe les détails mais j’ai réussi à trouver une réservation courant du mercredi au dimanche, fini le samedi au samedi de papa-maman, soit 3 jours entiers pour 4 nuits, c’est court mais le budget était correct pour un mobil-home 6 personnes, pour 2 adultes, un enfant et un bébé.

    Destination Carnac, le pays des menhirs en Bretagne sud, l’étranger quoi 😛 mais sans passeport 😀 et surtout seulement 4h de route.

    Côté transport, nos deux véhicules avaient besoin de maintenance, le fait que ma voiture soit choisie malgré un petit coffre mais un allume-cigares fonctionnel donc GPS téléphonique possible nous a valu une bonne partie de Tétris pour tout embarquer.

    Et nous voilà à bon port pour un peu moins de 5h pause du midi comprise, merci Waze.

    Waze - GPS, Cartes, Trafic & Navigation temps réel (Gratuit, Google Play) →

    Rien à redire sur le mobil-home, correct et aménageable pour dormir comme nous le souhaitions.
    Côté camping, la piscine était plutôt conséquente, je comprends d’ailleurs l’expression centre aquatique car en plus des 3 toboggans, il y avait plusieurs bassins dont un en intérieur.
    Pour plus de détails, je vous laisse regarder le site officiel et la fiche TripAdvisor.

    Pour ce qui est des visites, le hasard nous a fait condenser tout le vendredi, le jeudi étant plutôt consacré à la découverte du camping en lui-même : piscines et jeux gonflables, sous un beau soleil.

    Du coup, nous avons visité pour commencer le zoo de Pont-Scorff, près de Lorient.
    Plutôt chiche, avec des enclos relativement petits pour certains animaux, il ressemble plutôt à un parc animalier, comprendre une petite structure mais à presque 20 € par adulte et 13 € pour le fiston, c’est un rapport qualité/prix un peu faible, les commentaires sur TripAdvisor résument l’ensemble.

    Vu que la visite s’est terminée de bonne heure l’après-midi (nous visitons dès la fin de matinée en général pour croiser moins de touristes par exemple), nous avons voulu visiter le joli magasin de biscuit la Trinitaine, sur la route de Carnac.
    Rien à redire si ce n’est qu’il existe un magasin de la même enseigne à Cherbourg-en-Cotentin 😀 mais que l’extérieur de celui-ci est plus attirant, moins cependant que la biscuiterie de Sortosville-en-Beaumont.
    Idem pour les marchandises, peu diversifiées en dehors des biscuits et d’alcools mais nous avons quand même fait tourner l’économie locale !

    Enfin, vu que nous avions encore un peu de temps, nous avons voulu pousser les visites jusqu’à Carnac même, histoire de voir les menhirs qui font la renommée du lieu.
    Nous n’avons pas été déçus car les champs clôturés sont visibles de la route, je vous propose une vue aérienne et une vue de la voiture / de la route.

    Coup de chance, une visite guidée en petit train touristique, la dernière de la journée, était encore possible pour un prix raisonnable, 50 minutes de commentaires simples et des cailloux plein les yeux.

    Quelques vidéos tournées avec mon smartphone durant la visite en petit train, pouces bleus toussa

    Bref, des vacances ordinaires.

    Samedi matin, au réveil, douleur au ventre côté droit à hauteur du nombril, plutôt tenace (comprendre malgré le paracétamol / ibuprofène) et en fin de journée, j’ai décidé de laisser femme et enfants pour rejoindre la maison médicale d’urgence ouverte les soirs et week-ends, à 20 minutes de route.

    Suspicion d’appendicite, donc besoin d’examens complémentaires donc direction le CHU Chubert de Vannes (encore 20 minutes de route, merci la navigation Google), service des urgences, 6h d’attente à 19h, je finis sur un brancard, l’image en une est représentative, tirée d’un article de Ouest-France.

    Je la fait courte : opération le lendemain dimanche à 9h30, sortie le lundi à la même heure, 3 cicatrices, un peu mal au ventre, ma femme qui a tout géré dans l’urgence elle aussi (pas de voiture, la location prenait fin le dimanche, merci au camping de nous avoir gardé à petit prix une nuit supplémentaire).

  • Friday 13 July 2018 - 12:19
    Cette semaine, j’ai voulu formater une carte microSD sous Linux, j’ai réussi, après avoir formaté auparavant mon deuxième disque dur ! Il y a quelques jours, j’ai voulu formater une carte microSD en ligne de commande, vu que lorsque l’on bricole des Raspberry Pi ou des installations Linux, il est possible de se retrouver avec des agencements de partitions plutôt… insolites. Du coup, le plus simple est de faire sauter la table de partition avec la commande suivante :
    sudo dd if=/dev/zero of=/dev/sdb bs=1M count=1
    Évidemment, vous devez remplacer /dev/sdb par le chemin vers votre périphérique à formater, que vous obtenez avec un simple :
    sudo fdisk -l
    Il y a quelques semaines, j’ai remplacé le lecteur optique interne de mon ordinateur portable par un disque dur (merci Dell), qui a donc pris la suite du disque dur principal qui était logiquement en /dev/sda/. Vous sentez venir la grosse bêtise ? J’ai oublié de changer le chemin de formatage. Plusieurs centaines de Go de fichiers ont disparu en quelques secondes. De tout et de rien, du retrouvable comme du perdu à jamais… J’ai tenté d’utiliser, sous Windows 10, le logiciel Recuva, qui est assez puissant et m’a bien retrouver des dizaines de milliers de fichiers supprimés, mais la restauration est en vrac à la racine, c’est impossible de trier ensuite donc j’ai laissé tomber.
    Logiciel Recuva sous Windows
    Logiciel Recuva sous Windows
    Du coup, après la fois où j’ai retenu la leçon en oubliant de sauvegarder AVANT de formater un disque dur, je vais tâcher de retenir celle qui dit qu’il faut faire attention à ce que l’on formate 😳 ! Mise à jour : lire une suite de ce billet chez Lokoyote
  • Saturday 16 June 2018 - 13:41

    J’ai découvert une petite pépite récemment, mais je ne sais pas dans quoi la classer : jeu vidéo ou film interactif ?

    Lors d’une promotion sur magasin de jeux vidéo Sony (le PlayStation Store quoi), j’ai découvert un film interactif, c’est-à-dire un jeu vidéo où vous pouvez donner des directions scénaristiques aux animations filmées avec de vrais acteurs.

    Le scénario du jeu est assez simple (merci Jeuxvideo.com) :

    Late Shift est un jeu en Full Motion Video (FMV). Le titre prend la forme d’un thriller dans lequel un étudiant en mathématiques est contraint de participer à un braquage et doit ensuite tenter de prouver son innocence. De multiples embranchements scénaristiques sont proposés ainsi que plusieurs fins.

    Le genre n’est pas jeune mais en 2018, moi qui suis fan de jeux d’aventure (comprendre de jeux vidéo avec un scénario plus important que les scènes d’action), je suis un peu resté scotché devant la réalisation.

    Difficile de dire en effet s’il s’agit d’un simple film auquel on a ajouté la possibilité au spectateur de changer un peu l’histoire ou bien s’il s’agit d’un jeu vidéo duquel aurait été supprimé toutes les possibilité d’interaction basiques.
    Il est à noter que ce projet a été présenté lors de différents festivals de films indépendants…

    Moi qui adore les jeux vidéo réalisés par Quantic Dream, malgré la découverte de la culture toxique de l’entreprise récemment, je trouve que l’on arrive au paroxysme du genre.

    Côté film, les acteurs, la musique, le découpage des scènes et tout ce qu’il est possible de juger est bien fait à mon sens, donc pour 4,99 €, j’ai trouvé l’expérience bien faite et très prenante.

    Je vous laisse regarder la bande-annonce :

  • Monday 04 June 2018 - 11:29

    Mes 3 billets les plus lus :

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